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Le
petit fleuron de l'industrie électronique algérienne est en grève illimitée. Pour
ne pas déroger à une règle définitivement installée dans le monde du travail,
l'ENIE de Sidi Bel-Abbès est victime d'un nouveau spasme. Des travailleurs
exigent une augmentation des salaires et une revue conséquente des primes de
production. Pas trop loin, à Oran, le tramway s'est mis au ralenti pour
infléchir sa gestion salariale. Cinq cents employés oranais sont otages d'un
état d'esprit où la marge entre le droit et le devoir est construite en béton
armé produit par une politique économique et sociale obligeant les forces vives
au seul choix de croiser les bras face aux étalages nourriciers en feu ou devant
les outils de production. Entre les deux, l'absence d'intermédiaires et de
régulateurs est affligeante et les instruments des producteurs n'ont ni noms ni
affiliations comme pour souligner une bâtardise sans dénomination.
Cette poussée de fièvre ne doit pas seulement interpeller encore une fois la litanie d'un discours devenu usé sur une quelconque culture de la rente pour verser dans des accusations surannées sur les maladresses répétées d'un pouvoir incapable ou réticent à changer le cap pour une prise en charge efficace de l'économie du pays. Il a le loisir d'affirmer qu'il fait ce qu'il peut tant est que des affirmations peuvent parfois relever de la bonne foi même si leur habillage repose sur de mauvaises convictions. Le ver dans le fruit est devenu serpent. Indécollable. Sourd mais pas muet. Ce qu'il faudrait plutôt attendre maintenant des excroissances éparpillées dans le monde du travail serait une sérieuse brûlure dans l'état des lieux pour que les Algériens comprennent qu'à la force incontournable de la nature, il faudrait bien se plier car l'inconséquence des gouvernants et des gouvernés a pris une telle ampleur qu'il est désormais inutile de continuer à discourir. Avec l'implacable crise économique mondiale qui contraint chaque jour de plus en plus de l'accompagner et invite en même temps le plus sérieux des génies à frapper aux portes des entreprises nationales pour les forcer à fermer. Un tel électrochoc, malgré les larmes et les désespoirs qu'il sèmerait, aurait l'avantage de ramener sur terre l'esprit de la bonne mesure et l'intelligence égarées sur des nuages contrefaits. |
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