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La mondialisation devient un mode régulateur de la gouvernance mondiale

par H. Miloud Ameur *

(Deuxième partie et fin)

I l est certain de dire que le monde plus il devient globalisé, plus il devient non contrôlable pour qu'il soit enfin maîtrisé par une seule puissance dominante. La série de crises profondes connues le monde aujourd'hui en termes économiques (du chômage du centre au déplacement des usines aux périphéries, du manque de l'énergie aux horizons de 2025-2030 s'accentue par la recherche de l'exploitation nouvelle des gisements et miniers) dépassent celles en termes politiques, notamment dans le monde libéral. Celui-ci entame sa phase finale en matière économique pour dominer plus le reste du monde. L'ère est à l'économique plutôt que celle du politique. Cette situation économique qui crée plus de scénario politique a pour but de réaliser d'autres capitaux bénéfiques au service des forces occultes sous la finance mondiale. La guerre politique lors du colonialisme dans le monde entier (Afrique, Asie et Amérique latine) a suscité aujourd'hui celle de la guerre économique mondiale. Or, la gouvernance mondiale souffre du cadre légitime ayant des prérogatives nécessaires pour assurer cette métamorphose inadaptée à ce que le monde aurait besoin dans le fond. Mais le rôle de l'Etat est tellement affaibli qu'il ne devienne plus le maître du jeu pour assurer la relève du moment que le marché est en tête des événements sinon la partie cachée qui évoque souvent ce genre de crises politiques.

Assurer ce passage au nom de la démocratie relève du rôle de l'Etat pour aider le marché à s'en sortir. C'est pourquoi la gouvernance mondiale dans cette perspective ne peut pas aller plus loin dans la mesure où les institutions qui devraient jouer leur rôle ne répondent plus aux besoins de l'économie du marché. L'ONU en tant qu'un seul organisme souverain et légitime aux yeux des Etats ne peut plus assurer non plus ce qu'il devrait jouer comme rôle central en ce sens. Ce rôle administrateur plutôt que dirigeant qui est le sien ne lui confère pas de guider tous les Etats à être traités au même pied d'égalité.

La mission de l'ONU n'est pas admise en que telle de façon à créer l'équilibre entre les Etats à travers leur implication appropriée dans le maintien de la paix dans le monde. Sa marginalisation du parcours des événements que les Etats suscitent, l'ONU fut écartée lors de la négociation de Dayton pour la Bosnie. Quant aux Etats-Unis, ils ne veulent plus que l'ONU soit engagée dans les opérations militaires en Afghanistan et la FIAS semble placée sous le commandement de l'OTAN. Quel est donc l'avenir de l'ONU ? Sa souveraineté dépasse-t-elle celle des Etats ? Jusqu'à quand le monde serait-il sauvé par ses Etats s'ils sont eux-mêmes menacés par d'autres ? A qui donc la faute ?

Mais la question fondamentale qu'on doit se poser relève-t-elle de l'ordre politique qui est derrière la crise économique ? Suite au rapport de la commission Stiglitz sur la crise économique et financière après avoir convoqué lors de la conférence le président de l'Assemblée générale, Miquel D'Escoto, en 2009, la reconnaissance a vu le jour par le fait qu'il y a eu bien une crise économique mondiale. Mais les principales puissances veulent ignorer qu'il y a bel et bien une crise économique et financière traversant le monde : cacher la phase ou dévoiler l'échec ? Et le G20 devient par la suite comme centre de décision sans équivoque. Le transfert des compétences onusiennes au G20 dans les domaines tels que politiques et économiques notamment à l'OTAN dans le domaine militaire alors sont des instruments de la Charte des Nations unies.

Le droit international ne reconnaît guère le marché sinon il devient faible devant ceux qui sont forts pour le rendre efficace. Du G5 au G20 en passant par le G6, et le G7 devient le G8 depuis 1998, que l'hégémonie du marché bat son record afin d'imposer le libéralisme comme pièce de rechange face à la démocratie aux yeux des pays qui n'ont pas atteint ce stade de puissance. Ces puissances ne veulent plus reconnaître ou régenter les relations internationales suite à leur legs colonial et expansionniste.

Le dépassement de l'ONU par le G20 en fonction de son rôle a pour mission plus élargie à jouer. Dès 2008, en pleine crise mondiale que ces puissances veulent profiter du contexte pour élargir leur mission en fonction de leurs intérêts stratégiques souvent menacés selon eux par d'autres puissances afin de trouver l'équation adaptée à des nouvelles menaces au nom desquelles elles veulent réaliser leur but de domination. Elles préfèrent avancer dans la vision politique ainsi que dans le comportement économique. Il s'avère que ces puissances ne veulent plus assurer l'ordre mondial suite au désordre les frappant face à leurs intérêts stratégiques en jeu. L'ordre mondial contient plus de défis particuliers que l'entraide des Etats. La souveraineté de ceux-ci est-elle déjà menacée face au rôle du marché qui s'accélère, lui, en traversant les territoires, les mers et les continents ? La géopolitique moderne ne veut plus viser les terrains de guerre plutôt des marchés porteurs de bénéfices en ciblant plus de clients. L'ère est à la conquête de la puissance pour y dominer que les Etats-Unis veulent adhérer dans leur stratégie future comme mode de pénétration en bouleversant l'ordre du monde au détriment des autres Etats. Cette nouvelle stratégie coloniale d'essence néo-libérale menée par les Etats-Unis face aux puissances historiques, notamment européennes, ne fait que déplacer le centre de gravité de l'ordre mondial sous l'hégémonie américaine qui est en question. Sachant que celle-ci est souvent en force dans les petits territoires où des faibles Etats y règnent, possédant soit un terrain stratégique, soit leur sol contient des richesses colossales en énergie comme le cas de l'Afghanistan ou de l'Irak.

Si le G20 veut se présenter comme un ?'gouvernement mondial'', c'est que la mission de l'ONU ne peut plus assurer ce rôle suite à la montée des défis multiples et variés que le G20 ne veut plus prendre une telle responsabilité. A cet égard, le G20 constitue en effet non pas le bateau amiral des puissances, mais plutôt l'échec du droit international animé par le droit national et sa version dans les faits et actions qui sont en question par rapport à législation et son application en cours. Le danger prochain viendrait de cet angle, cette fois-ci, du moment que la paix des nations n'est plus maintenue si l'ONU devient à la remorque des puissances. Or, la mission de l'ONU veut assurer en fait ce multilatéralisme dans les relations internationales contre le principe de l'égalité entre les nations grandes et petites, affirme la Charte des Nations unies.

L'ONU ENTRE LE DROIT INTERNATIONAL ET LES RELATIONS INTERNATIONALES : VERS QUELLE PERSPECTIVE COMMUNE ?

Difficile de renverser la donne en mettant l'ONU à la tête des événements que traverse le monde en l'absence des puissances. Celles-ci veulent en profiter pour dominer plus si ce n'est pas l'occasion qui le permet davantage en elle-même. Rien ne peut mettre l'ONU à jouer son rôle fondamental en dehors de ces puissances. Pourquoi l'ONU est en retard par rapport aux puissances ? La realpolitik ainsi que la real diplomatie que l'ONU s'en charge que quiconque par le biais du statut des membres permanents du Conseil de sécurité ayant le droit du veto, alors ils sont devenus omniprésents dans les institutions financières et commerciales. De là s'impose l'idée qui consiste à parler de la faille de ce système onusien. La cause est liée plutôt à l'impasse purement politique, organisationnelle et financière.

Comment tentons-nous de privilégier l'ONU si les puissances qui devraient y assurer abdiquent son rôle fondamental ? Quelle est leur raison derrière? De là s'émancipe la société humaine alors activement impliquée dans les démocraties occidentales américaine et européenne à travers ses organisations et associations femmes et hommes, notamment savants, scientifiques, juristes et chercheurs renommés mondialement afin de tirer la sonnette d'alarme de cet dépassement qu'une poignée de leurs Etats sont derrière cette course dangereuse et juridiquement limitée mais aussi néfaste de conséquences sur l'ensemble de l'humanité.

Le néo-libéralisme a-t-il une grande part de cette responsabilité ? La politique de l'ONU n'est pas en mesure pour assurer la gouvernance mondiale dont les principales puissances veulent non seulement la mettre hors jeu mais en la marginalisant, voire en la dérégularisant plus afin d'assurer la relève au nom de l'économie néo-libérale. La gestion veut être d'ordre économique cette fois-ci. Le monde a-t-il les moyens et capacités aussi bien juridiques que politiques efficaces pour changer la donne au service de tous les Etats sans distinction ? Rien ne peut assurer ce que souhaiteraient réaliser ces puissances en dehors des faibles.

Le sens de l'histoire (The sens of History) porte-t-il sa limite étymologique, épistémologique et philosophique pour ne pas sortir du cadre portant l'intérêt de l'Homo economicus en cherchant jusqu'à le rendre curieux, gourmand et dominateur de la nature, de la matière et d'autrui.

L'ONU est-elle en crise de légitimité ? Malgré ce qu'elle a pu jouer jusque-là, la SDN (Société des Nations unies) devenue par la suite l'ONU dans un contexte lié entre les deux Guerres mondiales afin d'exprimer la volonté des peuples par les puissances anciennement coloniales dans l'histoire de l'humanité. Cela relève en effet de cette mécanique d'ordre juridique, politique, militaire, économique et stratégique, etc., tant de réflexions objectives et constructives.

Pourquoi l'ONU est-elle visée ? Celle-ci est fondée sur des valeurs universelles que le préambule de sa Charte l'évoque inlassablement mais sûrement en préservant les générations futures du fléau de la guerre, en défendant les droits humains, femmes et hommes, en assurant l'égalité entre les nations grandes et petites, en créant les conditions préalables pour le maintien de la justice et au respect du droit international, en favorisant le progrès social et en instaurant les meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.

Mais ce qui est important à souligner dans cette perspective, c'est que les problèmes de la terre à partir de l'écologie au C2 en passant par la crise économique mondiale ont mis l'homme, notamment dans les grandes puissances, à réfléchir autrement pour dominer différemment le monde. S'il y a crise multiple et variée, c'est que la philosophie des sciences arrive-t-elle à son souffle pour animer le monde sur des bases sûres et certaines ? Plus cette crise durcit, plus le monde est en danger.

Remplacer l'ONU par le gouvernement mondial insiste-t-il ce passage douloureux et risqué que les Etats ont leurs problèmes sauf les puissances fondant leur environnement propre à eux dans lequel ils activent pour leurs intérêts majeurs et fixes ? L'histoire se répète-t-elle après chaque guerre chaude ou froide afin de tenter de remplacer l'ONU par ce fameux gouvernement mondial ? Eliminer l'ordre politique au niveau des Etats, c'est assurer la relève du marché mondial nécessitant lui-même un gouvernement mondial pour ne pas tomber soi-disant dans l'anarchie.

Mais quelle est la nature politique de ce gouvernement mondial en l'absence de l'Etat mondial ou de l'empire mondial pour assurer l'ordre mondial ? Est-ce une évolution ou une régression ? Après avoir consommé tant d'échecs et présenté plus de défis, l'humanité aurait-elle vraiment besoin de ce gouvernement mondial ? L'erreur est à qui ? Après avoir affaibli l'ONU qu'on tente de le changer par le gouvernement mondial. Créer une ligne de démarcation mais unitaire, c'est surmonter les crises des Etats à travers l'économie mondiale et non pas par la politique mondiale en les supprimant au service d'une poignée d'Etats dominateurs et puissants face à la majorité dominée et faible.

Souvent, les relations internationales portent tant d'intérêts à l'Etat actif contrairement à un Etat passif en fonction de la domination de son sujet sans qu'il soit défenseur plutôt offenseur dans l'axe des puissants. Or le droit international tente de moraliser les relations internationales qui sont d'ailleurs en berne pour dominer la scène internationale en présence des puissances. Mais il y a tant de menaces liées, soit à ceux qui y dominent ou une vengeance de ceux qui sont en dehors d'elles que le monde traverse cette crise rigide et insupportable.

Ainsi, la puissance n'autorise pas à être partagée que réclament les faibles. C'est la raison pour laquelle le droit international devient souvent interprété en fonction des intérêts implicites que cela impose afin de dominer plus ce qui est dominable. Le déséquilibre des Etats alors forgé par la guerre froide au service des Etats-Unis en dehors de l'URSS vise à dominer le reste des ennemis au nom du néolibéralisme jusqu'à ce qu'ils adhèrent à leur soumission.

Affaiblir le reste du monde, c'est assurer sa domination en fonction d'une politique qui s'avère normale selon eux sans qu'il ait un effort en mesure pour le contrer ou le remplacer. La guerre idéologique devient une guerre des intérêts sinon celle de domination d'ordre technologique mondial au nom duquel l'humanité est concernée. De là s'inscrit en l'absence des puissances opposées, cet ordre que les Etats-Unis veulent détourner l'avenir du monde dans leur direction au nom des valeurs portant leur imagination politique et culturelle englobant leur industrialisation en fonction de l'élargissement de l'espace mondialisé à travers la communication et l'information traversant la planète entière.

(*) Enseignant et chercheur