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Chine vs USA : suite (et c’est loin d’être terminé)

par Akram Belkaïd, Paris

On attendait cela pour 2020, mais c’est finalement cette année que cela intervient. En 2014, le Produit intérieur brut (PIB) chinois exprimé en parité de pouvoir d’achat (ppa) devrait devancer celui des Etats-Unis avec 17 632 milliards de dollars contre 17 416 milliards de dollars. Ces calculs proviennent du site d’informations financières MarketWatch qui a exploité les données récentes publiées par le Fonds monétaire international (FMI). Pour mémoire, la Chine avait déjà dépassé les Etats-Unis dans la catégorie du PIB exprimé à prix constants (c’est-à-dire hors des effets de l’inflation) en 2011.
 
UNE PREMIERE PLACE A RELATIVISER
 
Quelle importance faut-il accorder à ce classement qui fait donc de la Chine la première puissance économique du monde ? La réponse est simple : pas grand-chose sauf à chercher un beau prétexte à manchettes de presse ou bien de la matière pour alimenter la sinophobie à laquelle on assiste en Europe (pas une semaine sans que des magazines ne tirent l’alarme sur la Chine qui veut dominer le monde…). Bien sûr, cela reste un symbole puissant que de dépasser les Etats-Unis. Mais il faut savoir de quoi l’on parle. Certes, le PIB exprimé en ppa est un assez bon indicateur car il cherche à comparer de la création de richesse rapportée à ce qui serait un même pouvoir d’achat (un peu comme le fameux indice « big mac » qui compare le prix du hamburger dans chacun des pays où la fameuse marque de restauration rapide est implantée). Mais on peut objecter qu’il est aussi utile de comparer les PIB par tête d’habitant, les Etats-Unis demeurant alors largement la tête et la Chine, avec son milliard et demi d’âmes, ne pointant qu’à la 89ème place…

De fait, ce genre de classement est aussi l’occasion de pointer du doigt les insuffisances qui concernent le PIB. Pour faire vite et trouver un synonyme, cet acronyme est souvent remplacé par l’expression « création de richesses ». Or, le PIB n’est pas toute la richesse.

D’abord, il rend imparfaitement compte de l’activité non-marchande tandis qu’il inclut, on ne le répétera jamais assez, des « richesses » qui résultent de la destruction irrémédiable de l’environnement. Dans le cas du duel entre les Etats-Unis et la Chine, il est aussi nécessaire de prendre en compte d’autres indicateurs. Le niveau de pauvreté et d’inégalités, l’illettrisme, les différents niveaux d’éducation et le nombre de diplômés, les statistiques sanitaires, le nombre de brevets déposés par an, tout cela doit aussi contribuer à déterminer qui est la vraie première puissance économique, ce que restent les Etats-Unis et de loin. Enfin, on relèvera que la puissance économique ne vaut parfois que par sa possibilité de s’adosser à une puissance militaire. Et pour l’heure, l’Amérique demeure championne en la matière même si le budget de la défense en Chine progresse à des taux annuels parfois supérieurs à 10%.
 
LE MATCH DU XXIEME SIECLE
 
Une chose est certaine, la rivalité est partie pour durer. Où en seront les deux compétiteurs en 2050 ? Personne aujourd’hui n’est capable de le prédire même si avec une démographie sans cesse vivifiée par l’apport des migrants, les Etats-Unis se sont donnés les moyens de continuer à rivaliser avec une Chine en plein essor.

Certains experts estiment que c’est sur le plan des budgets militaires que la bataille va être la plus âpre, d’autres parient sur une course à l’excellence technologique (Pékin vient de décider de s’engager encore plus dans la conquête spatiale) tandis que les économistes comptent les coups dans la lutte encore balbutiante entre le dollar et le yuan. Le match ne fait que commencer…