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Le zèle et la ménopause politiques !

par Slemnia Bendaoud

Lorsque Amara Benyounès accuse ouvertement ou s'en prend vertement à son collègue au sein du même gouvernement, Amar Ghoul,  de faire trop dans son excès de zèle, reconnaissant implicitement sinon très franchement qu'il fut lui-même moins zélé que cet islamiste fidèle au système, on devine tout de suite et aisément que les deux hommes se retrouvent en course et sur la même trajectoire, mais à différents niveaux de positionnement l'un de l'autre.

Ça sent bien évidemment l'opportunisme, certes à différents stades ou degrés d'importance ou d'appartenance. L'un parait être plutôt bien en avance sur l'autre. Mais les deux empruntent la même voie, s'appuyant sur le même style de jeu, se faisant écran l'un l'autre. Une véritable concurrence ! Plutôt un jeu contre la montre où la moindre seconde revêt toute son importance !

Lorsque le Docteur Ahmed Adhimi, traite ou qualifie la patronne du parti des travailleurs (PT), Madame Louisa Hanoune, de femme atteinte de ménopause politique, il fait ici référence à ses récentes dérives, mesquines esquives, nées de son infertilité politique, dues en partie à son âge avancé et esprit insensé.

Cela vient en net décalage avec les positions très courageuses, autrefois défendues bec et ongle, par cette dame de fer qui perd désormais beaucoup de terrain et de son aura, en allant assez souvent balayer devant la porte des autres partis politiques au lieu de le faire devant sa propre demeure, et de cesser de jouer à se prendre pour cet avocat commis d'office auprès du pouvoir, position qui la met en porte-à-faux avec son statut de parti d'opposant au régime en place.

Entre le zèle politique excessif du premier et la ménopause politique annoncée ou forcée de la seconde, c'est la classe politique algérienne qui est en réel danger d'extinction ou de disparition, faute justement de projet de société, de repères bien réels, de programme et de vision claires, d'utilité de l'intervenant en faveur de la nation et au pays?

Dans l'absolu, la bonne raison de créer un parti politique découle de cet impératif à proposer un projet de société, ensuite, au besoin, imposer à la classe politique ses idées et programmes, sinon les convaincre de leur utilité et finalité, à l'effet de plus tard conduire les affaires du pays, en gouvernant, en décidant, en proposant ce futur en le? provoquant à distance et dès maintenant !

Mais jamais dans le but de servir de simple courtisan, paravent ou faire-valoir à un autre parti politique au pouvoir, afin de le soutenir. Sinon fermer avec sa complicité, bienveillance ou connivence tout le jeu politique de la nation !

Louisa Hanoune en est-elle bien consciente ? En s'attaquant tantôt aux Islamistes, tantôt à Ahmed Benbitour, tantôt à Djilali Sofiane, tantôt aux académiciens, tantôt à ces pauvres gens du sud, les traitant de dormir sur ces terrains fossiles bourrés d'orfèvres, elle n'aura fait qu'ouvrir plusieurs fronts à la fois. Elle s'est mise en porte-à-faux, se mettant tout le monde sur son dos, faute justement d'une bonne ou judicieuse communication. Ce monde-là, celui d'en bas, qui voyait en elle cette Dame de fer inoxydable s'est vite remis à l'évidence qu'elle n'était plutôt faite que de cette terre bien cuite qui s'effrite au moindre choc avec la réalité de leurs sérieux problèmes, devenus avec le temps beaucoup plus durs à pouvoir traiter, plus difficiles à élucider. Récurrents à tout instant !

Elle aura droit à ces répliques en série, allant des critiques acerbes de l'impact du mini sur une société conservatrice et très hostile à la théorie dévastatrice du trotskysme sur le monde musulman, en passant par celles de cette ménopause politique toute naturelle pour déboucher vers ce vacarme dévastateur d'une voix, autrefois bien résonante mais devenue, de nos jours, bien dissonante ou discordante avec son univers politique, puisque tenue à l'écart des changements opérés entre-temps de par le monde, pour finir avec celles la taxant d'être ou de leur sembler devenir l'avocat d'un pouvoir trouvant son compte dans son long silence et prolongée absence de la scène politique nationale, cherchant un sérieux substitut se défendant bec et ongle à sa place, en contrepartie d'une bonne grâce à coup de liasses ou de lingots et fagots comptés et bien escomptés tirés de notre généreux brut.

Mais qu'y-a-t-il de si commun entre ces trois chefs de partis politiques dont les leaders des deux premiers émargent cependant au budget de l'état comme ministres de leur état, à côté de ces honorifiques fonctions en sus de leur qualité de chefs de formations politiques alliées au pouvoir, au moment où la troisième leur prête ce soutien plutôt «critique» et à distance, à eux et à celui qui gouverne le pays, tout en étant dans l'opposition ?

Leur soutien inconditionnel au chef est leur seul dénominateur commun. Seulement, cela brouille un peu la vision de la carte politique nationale à tout le monde, l'empêchant même de discerner le bon sens de la chose bien osée, arrivant difficilement à reconnaitre qui d'entre eux est, en fait, réellement dans l'opposition et qui aura, entre-temps, changé de position, même après avoir fondé son propre parti ?

Et comment arrive-t-on à renoncer si facilement ou encore tout bêtement à conquérir le pouvoir après avoir longtemps milité et créé en plus son propre parti, cette seule issue qui a pour noble objectif de les pourtant bien y mener un beau jour ?

Ensuite, il convient d'adjoindre au zèle manifesté en faveur du maitre des céans, à différents degrés certes, des premiers cette autre ménopause politique de la «leader du parti des travailleurs», versant donc subitement ?ou très subtilement ?!- dans ces discours plutôt stériles et messages vraiment inféconds !

C'est de la parodie politique jamais connue à ce jour que d'utiliser cette autre parade comme faux-fuyants devant pareille situation où des partis politiques se dérobent de leurs nobles missions, ne nous proposant en revanche que cette piètre exhibition !

Amara Benyounes et Amar Ghoul confondent donc leurs missions d'homme d'Etat avec celles de chefs de formations politiques, nées dans la cour d'ivoire du pouvoir, jouant sur ces rôles entremêlés pour ne savoir sur quel pied danser, au nom de quelle institution parler, chose qui les pousse irrémédiablement à défendre implicitement sinon ouvertement ces hauts responsables encore en poste, en quête de quelques prébendes comme dividendes à pouvoir au besoin récupérer en faveur de leurs partis respectifs. Plutôt jeunes, Amara Benyounes et Amar Ghoul n'arrivent toujours pas à se défaire de cette attitude à encore s'accouder aux anciennes stars du régime, par absence de programme politique cohérent et de vision futuriste appropriée.

Plutôt appartenant à cette génération du juste milieu, Madame Hanoune n'arrive toujours pas à mettre un trait sur cette «théorie du communisme» n'ayant donc cours depuis la chute du mur de Berlin et la réunification des deux Allemagnes, croyant encore en des idéaux aujourd'hui bel et bien révolus.

Ainsi donc les deux premiers refusent volontairement de s'impliquer, de provoquer ou d'enter et de s'impliquer dans ce futur, synonyme d'espoir légitime de grandes espérances des nouvelles nations et des jeunes générations.

Alors que Louisa Hanoune, cette Dame à la crinière tressée, se sentant probablement bien stressée, refuse de quitter ce passé longtemps ressassé, à dessein instrumentalisé par une classe politique, croyant encore en tirer toute seule sa noble vertu ou indéniable gloire.

La parole de Louisa n'est-elle plus convertible comme autrefois en ces précieux et très couteux lingots de louis d'or ? N'a-t-elle cet éclat clinquant et très rassurant sur sa grande portée et probité pour la pousser à verser intempestivement dans ces propos propres aux petits délinquants politiques, ne sachant alentour plus convenablement bien s'exprimer ?

A-t-elle perdu sa verve et langue de bois dans un malencontreux mouvement vocable, jugé déjà bien coupable ? Aura-t-elle lamentablement raté sa cible pour ne s'intéresser qu'à ce décor qui diminue sérieusement de son empreinte sur la scène politique nationale ?

Les jeunes chômeurs du sud la boudent. Ils lui refusent, recusent et dénient le droit de s'exprimer en leur nom. Ils lui répliquent qu'ils ne sont ni manipulés ni instrumentalisés, mais bel et bien isolés et spoliés de leurs droits de citoyens algériens. Ils considèrent qu'elle appartient à cette autre ère, depuis longtemps révolue.

En outre, est-ce que le zèle ou la ménopause politiques participent de cette volonté à enrichir le champ politique algérien par ces nouvelles idées salvatrices et bien fécondes dont a bien besoin la société algérienne ou, au contraire, ne font-ils que nous renvoyer à ces anciennes pirouettes théâtrales d'allégeance à la cour, n'ayant malheureusement plus cours, de nos jours, dans le reste du monde ?

C'est là d'ailleurs où réside toute leur contribution et apport personnel à la classe politique algérienne. Les algériens ont déjà donné leur réponse à ce sujet. Il ne reste sur scène que ces amateurs politiques qui n'ont encore rien compris à ce qu'il leur arrive en ce moment, faute justement de discernement dans l'écho que leur renvoie pourtant de vive voix le citoyen algérien.