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Vérité première ignorée

par Kharroubi Habib

Pour l'opposition le consensus national qui a prévalu un moment dans le pays a été brisé par la politique d'exclusion ou de marginalisation des forces et voix en désaccord avec le mode de gouvernance et le discours officiel du pouvoir. Ce que récuse le pouvoir pour qui il y aurait toujours un consensus national qu'il n'y a qu'à consolider en y incluant les parties qui s'en estimeraient exclues. Les deux donc prêchent en faveur du consensus national. Qui pour la première est à restaurer, mais pour le second à consolider uniquement.

La divergence qui les oppose en l'occurrence est insurmontable car selon que l'on s'en tient à la thèse de la brisure du consensus ou à celle de sa consolidation, il est évident que les solutions que leurs tenants proposent qui pour censément renouer avec ce consensus et qui pour le conforter, ne peuvent converger. La démonstration en est faite par la démarche respective suivie par ces deux acteurs politiques pour prétendument aller à l'instauration du consensus national dont il est question dans leur programme et agenda politique.

Les deux vont vers l'échec de leur entreprise, parce que partant les uns comme les autres de l'apriori, à leurs yeux, indiscutable que c'est leur vision qui est juste. Ils rabâchent l'indispensable nécessité du consensus national pour préserver la stabilité du pays mais font preuve d'un aveuglement égal qui les empêche de voir qu'avec ce qu'ils préconisent ils vont droit au mur entraînant le pays avec.

Que ce soit la démarche du pouvoir ou celle de l'opposition réunie dans la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), elles pèchent toutes deux par le refus d'admettre que quand il est question de construire un consensus national ceux qui prétendent travailler pour cet objectif, le b.a.-ba du discours qu'ils doivent tenir est qu'il dise qu'ils ne sont pas les détenteurs exclusifs de la recette permettant d'y parvenir et qu'il n'exclue aucune partie susceptible d'intégrer ce consensus national.

Le pouvoir comme l'opposition liguée dans la CNLTD font fi de cette vérité première évidente pour de véritables démarcheurs du consensus national. Pour l'avoir respectée et qu'il tente de convaincre ces deux pôles politiques d'en faire de même, le Front des forces socialistes (FFS) est soit présenté par les uns comme courant derrière un irréalisable projet de conférence du consensus national en s'en tenant au respect de cette vérité première, soit voué aux gémonies par les autres pour qui son initiative lancée sur cette base n'aurait pour but que de servir les intérêts du pouvoir lui ayant fait miroiter de substantiels profits politiques.

Il y a donc un semblant de convergence sur l'idée qu'il y a urgence pour le pays que se construise un vrai et solide consensus national rempart aux menaces qui le guettent, mais ceux qui l'agitent ont opté pour emprunter des voies qui n'y mènent pas.