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Histoire du CHU docteur Benzerdjeb d’oran

par Pr F. Mohamed Brahim

Le Pavillon 2 du CHU d’Oran est démoli. Ce n’est pas sans émotion que « les anciens contemplent » cet amas de pierres de taille, de poutres en bois et de tuiles d’époques.

Ce pavillon construit en 1873 (et non en 1860) «fait partie de la mémoire de cet établissement hospitalier qui renferme une partie de la mémoire de la ville» (le quotidien d’Oran du Dimanche 24 Aout 2014). Ce bâtiment a été le 1er réceptionné lors de la construction de l’hôpital. L’objectif de cette contribution n’est pas de discuter du bien fondé ou non de cette démolition, mais de relater l’histoire de l’hôpital par devoir de mémoire. «Les nations se hissent par le savoir et se maintiennent par la mémoire. Raviver la mémoire et la conserver est une détermination citoyenne». (Amar khelifa in Mémoria).

Tout d’abord une précision s’impose. Le CHUO appelé autrefois l’hôpital civil du plateau « saint Michel » a été baptisé au lendemain de l’indépendance du nom du martyr le Docteur Benzerdjeb. Or, toute la population d’Oran semble avoir oublié cette appellation ou tout simplement l’ignorer. Le nom Benzerdjeb est même absent de l’entête des documents de l’administration hospitalière.

Pour relater l’historique de cet hôpital, l’on commence par rappeler que la population d’Oran le doit à trois personnalités oranaises de la moitié du 19ème siècle. Deux médecins, les Docteurs Dupeyré et Sandras et un riche notable, monsieur Stura. L’on verra plus loin quel a été le rôle de chacun d’eux.

HISTOIRE DES HOPITAUX D’ORAN

Le CHU d’Oran, n’a pas été le premier établissement hospitalier civil de la ville. Il a été précédé par d’autres, pendant l’époque coloniale Française, mais aussi bien avant et ce depuis la fondation de la ville en 902. Le géographe arabe Echarif El Ouazzen, appelé par les occidentaux, Léon l’Africain, signalait lors de sa visite de la ville au 15ème siècle, l’existence d’hôpitaux. Le Pr Mostefa Khiati dans son livre « L’histoire de la médecine en Algérie : de l’antiquité à nos jours » signale la construction du premier hôpital, d’architecture européenne, dans le Maghreb, à Oran par Ximenes, lors de la première occupation Espagnole en 1509. Il s’agit d’un hôpital de 480 lits, baptisé du nom de Saint Bernardin. Lors de la deuxième occupation Espagnole (à partir de 1708) un hôpital militaire de 600 lits, l’hôpital royal, a été construit en 1750. Ainsi Oran disposait d’un millier de lits pour 10.000 habitants. Ces deux hôpitaux ont été complètement rasés par le séisme de la nuit du 08 au 09 Octobre 1790.

Le Bey de Mascara, le Bey Mohammed Benosmane, appelé Bey Mohammed El Kebir, occupera la ville le 08 Mars 1792. Lui et les autres beys qui se succédèrent vont reconstruire la ville, ériger des édifices publiques et notamment des mosquées.

Cependant, aucun hôpital n’a été construit. Ceci est un paradoxe, lorsqu’on sait les connaissances étendues en médecine de Bey Mohammed El Kebir, sa participation quotidienne aux soins, au point qu’il est appelé par la population « le médecin des pauvres ». C’est sous son égide que seront rédigés deux livres de médecine. Le premier, « le Dictionnaire médical » (l’équivalent du VIDAL actuel) par Ahmed Ibn Ali Erachid, connu sous le nom d’Ibn Sahnoun, le deuxième « la médecine du prophète » par Chikh Abdellatif. (CF livre de Mostefra Khiati).

L’occupation d’Oran par les Français le 04 Janvier 1831, confirmera l’inexistence d’hôpitaux. Ainsi l’Armée d’occupation transformera le Lazaret de Mers El Kebir en hôpital Militaire. Cependant, Mers El Kebir est relié à Oran par un sentier muletier à flanc de montagne et surplombant la mer, ou alors par voie maritime quand l’état de la mer le permettait. D’où les difficultés de transport des malades. L’armée décidera alors de la création d’un hôpital au sein même de la ville, et jettera son dévolue sur la Mosquée de la place d’Arme (place de la perle) construite par le bey Mohamed El Kebir, des bains turques et de 05 maisons mauresques attenantes, tombées dans le domaine public à l’exception de l’une appartenant à un Juif, Makhlouf Kalfoun, achetée au turc Mohammed Stambouli. C’est ainsi que prit naissance le premier hôpital mixte d’Oran en 1832 de 450 lits que l’on appellera pendant toute son existence, l’hôpital de la Mosquée.

Bien que il est appelé hôpital mixte, il ne reçoit que les civils hommes, tandis que les femmes et les enfants son soignés à domicile par les médecins militaires. L’accroissement de la population d’Oran, par l’arrivée de plus en plus importante et de colons et nouveaux contingents militaires, amenant le général Lamoricière en 1840, a ouvrir des lits supplémentaires dans des locaux vétustes, la vieille Casbah (800 lits), château neuf (200 lits) et Mers El Kebir (180 Lits).

Ces solutions étant provisoires, on décidera de la construction d’un hôpital militaire. Il sera construit sur l’emplacement du théâtre d’Oran, de l’époque Espagnole, de Colysée, détruit par le séisme de 1790. Sa construction débute en 1845 et est achevée en 1856. Il s’agit de l’actuel hôpital Baudens.

En 1840, s’installe à Oran, le premier médecin civil le Dr Dupeyré. Dans un rapport exhaustif, adressé à l’autorité militaire en Algérie, il fera un constat sur la situation sanitaire alarmante de la population civile d’Oran et particulièrement des femmes et des enfants. Il exigera l’inscription en urgence d’un projet d’hôpital civil. La population Oranaise en 1842 est de 13.200 habitants. Si ce projet est refusé, par manque de moyens financiers, il obtiendra l’ouverture d’un hôpital pour femmes et enfants.

Ainsi, le 1er Aout 1844, un hôpital de 24 lits est ouvert par les sœurs de la Trinité, première congrégation catholique établie à Oran, par décret du 11 septembre 1832. En 1848 la capacité de cet hôpital passera à 48 lits.

Le Dr Duperey, devant le refus de construction d’un hôpital civil, propose la transformation du caravansérail en hôpital, ce que refuse la municipalité d’Oran (Oran est érigée en commune par l’ordonnance du 31 janvier 1848). Dans ce combat, il sera épaulé par « l’Echo d’Oran » notamment par un article du 8 Octobre 1948, lequel aura un grand retentissement auprès de la population et des autorités. En cette année 1848, la création de colonie autour d’Oran, tels que Gdyel (St Cloud), Misserghin, Es Senia et Sainte Barbe du Tlelat, ramenait la population à 28.300 habitants.

La plus sévère des épidémies de choléra qu’aura connue Oran, se déclarera le 28 Septembre 1848. Devant le nombre important des cas, les autorités décident d’ouvrir une ambulance pour les cholériques dans le Caravansérail, dès le 20 Octobre 1848. Ce qui devait être juste une ambulance cholérique deviendra le premier hôpital civil d’Oran de l’ère coloniale Française, par arrêté ministériel du 30 Novembre 1850. Il sera appelé en 1852 l’hôpital Saint Lazare.

Cet hôpital fonctionnera jusqu’au 6 Aout 1883, date de l’inauguration de notre actuel hôpital. Le Dr Duperey, n’aura pas la satisfaction de voir son projet aboutir, emporté par le choléra en Octobre.

Mais le combat pour la construction d’un hôpital civil, continuera et le porte flambeau, sera un jeune médecin oranais, le Docteur Gustave Sandrs, interne à l’hôpital Saint Lazare en 1867, il soutiendra sa thèse en 1868, et deviendra médecin des hôpitaux en 1872. Le Dr Sandras a l’avantage d’être le gendre d’un des notables les plus puissants à Oran, Mr Maraval, ce qui lui permet d’avoir des entrées dans les Sphères dirigeantes tant militaires que civiles, aussi bien en Algérie, qu’en métropole.

Cependant avant l’arrivée du Dr Sandras, deux événements vont concourir à faire avancer l’idée de la création d’un hôpital. D’abord, au plan organique, le 1er Janvier 1859, l’hôpital devient départemental sous l’autorité directe du conseil général. Puis, en 1864, une commission technique conclue à la saturation de l’hôpital Saint-Lazare, et l’impossibilité de son extension, car limité au Nord par la création du Bd du 02ème Zouave et au Sud par la colline sur laquelle est construit « le village Nègre » (Oran compte alors 33.000 habitants). Ainsi le 27 Décembre 1864, une commission présidée par le maire, Mr Carité, devait réfléchir à l’érection d’un nouvel hôpital.
La construction d’un hôpital doit répondre à une première question : le nombre de lits et ce en fonction des besoins de la population, et établir le plan. Puis définir la superficie. Enfin pouvoir dégager les ressources pour sa réalisation.

Ainsi le futur hôpital doit être d’une capacité de 600 lits (avec possibilité d’extension ultérieure) répartis en 30 pavillons. L’élaboration des plans est confiée sur recommandation du Dr Sandres à l’architecte Mr Petit. Le 07 Février 1876, le plan de l’hôpital est présenté, et cela va être cause d’étonnement, d’incrédulité, voir de colère tant chez les autorités qu’une partie du corps médical. En ce 19ème siècle les hôpitaux étaient construits selon une architecture qui n’a pas évoluée depuis le moyen-âge : trois à quatre bâtiments de 1 à 2 étages entourant une cour intérieure carrée au rectangulaire. Voila que Sandras et Petit présentent un plan révolutionnaire : un hôpital pavillonnaire (des pavillons séparés par des allées ombragées). En effet, dès 1872, le Dr Sandras avait proposé lors d’une réunion provoquée par le préfet Mahias, que pour le nouvel hôpital on doit renoncer aux bâtiments massifs, idée qu’il résumait ainsi : « Pas de palais à miasmes mais des jardins avec de petites maisons dedans». Il aura fallu à Petit et Sandras beaucoup de patience et de sens de persuasion pour remporter ce combat.

Ce type d’architecture a été inspiré au Dr Sandras par sa visite à l’hôpital militaire de Bourges, premier hôpital pavillonnaire. Ainsi, le nouvel hôpital d’Oran est le premier hôpital en France (l’Algérie était département Français) de type pavillonnaire.

C’est le Dr Sandras, accompagné du maire d’Oran, Mr Bariat, qui sera délégué auprès du génie militaire et l’administration des domaines, pour le choix du terrain.

Ainsi trois terrains furent proposés, le terrain Arrazal, s’étendant de la rue d’Arzew au front de Mer (Actuel Miramar), le terrain à Droite de la route de Tlemcen (Actuel Magenta) et le terrain situé sur le plateau Saint-Michel entre « le Village Nègre » et la gare PLM. C’est ce dernier qui est choisi pour sa bonne exposition, sa surface extensible, et l’absence d’inclinaison.

Ce terrain est composé de trois parcelles, l’une appartenant au génie militaire, l’une composant la ferme Saurel et enfin le troisième appartenant à Benhaim. Dès L’acquisition du terrain des réserves ont été émises, l’éloignement du terrain de la ville dont le dernier bâtiment était le lycée des jésuites (l’actuel lycée El hayat) et la proximité des cimetières musulman et chrétien. Les réserves ont été levées après avoir constaté, l’éloignement du cimetière chrétien à une distance réglementaire et l’ancienneté du cimetière musulman. Seules deux tombes dataient d’une trentaine d’années. Celle de l’Agha Mazari, Agha des Smala et celle du général Mustapha. Il s’agit, pour l’histoire, de l’Agha des Douair Mustapha Bensmail, qui combattit l’Emir Abdelkader. Il fut nommé général de Brigade le 29 Juillet 1837. Il est mort le 23 Mai 1843, aux cotés du général Lamoricière, dans la plaine des Flitta, dans une bataille contre les troupes de l’Emir. Ces deux tombes seront préservées dans une pièce fermée, au sein même de l’hôpital contigüe au laboratoire. En Juillet 1962, elles furent découvertes et les ossements transférés ailleurs. L’un des témoins de cette découverte est toujours vivant, il s’agit d’El Hadj Ouali, laborantin.

Quant à l’éloignement, la préfecture s’engage à prolonger la ligne du Tram et percer le Bd Sébastopol (Actuel Benzerdjeb) avant l’inauguration de l’hôpital.

Le 30 Octobre 1877, les travaux sont adjugés à MM. Merel et Desfasques et ils débutent au début de 1878. Ces travaux au point de vu financement ont pu commencer rapidement grâce au legs de Mr Stura, ami du Dr Sandras, qui le 1er Novembre, soit 04 jours avant son décès, léguera pour la construction de l’hôpital l’ensemble de sa fortune, soit 180.000 Fr. En signe de reconnaissance, le 1er bâtiment construit (le PAV 2) portera son nom.

L’HOPITAL INAUGURE LE 26 AOUT 1883

Le 26 Août 1883, l’hôpital est inauguré. Il est composé alors de 6 bâtiments (PAV : 2,6,14,1,5 et 13) datant de 1878 et 8 autres (8,18,20,15 et 21,11,7 et hydrothérapie) finis en 1883. Plus les appartements de fonction, lesquels sont les seuls surélevés d’un étage. Les bureaux des entrées et les dépendances.

Les pavillons 1, 2 et 14 sont des services de chirurgie générale. Le 23 est un service de chirurgie infantile. Les 17, 19 et 21 composent la maternité. Les 5,6,8,13,18, 20 sont des services de médecine et le 23 un service de pédiatrie.

Il faut savoir qu’en cette fin du 19ème siècle les spécialités chirurgicales et médicales ne sont pas individualisées.

Ainsi, l’hôpital va prendre sa vitesse de croisière et continuera de se développer. En 1884 est ouvert le dispensaire, en 1891 le pavillon des enfants assistés en 1894 les 9 et 17 en 1895 le 19, en 1908 et 1909 les 25, 27, 29, 31 et 30 lesquelles seront isolés et destinés aux maladies infectieuses. Le 15 Juin 1901 est décidé l’isolement des tuberculeux et c’est le PAV 9 qu’y sera consacré. Quand le 17 Avril 1903 le président la république Française, Mr Loubet, visite l’hôpital il est émerveillé par l’architecture pavillonnaire, qu’il qualifié de joyau architectural. Au début du 20ème siècle les spécialités chirurgicales commencent à apparaitre. Ainsi le PAV 16 abritera l’ophtalmologie dés 1901 et dirigé par le Dr Gaudbert, L’ORL au PAV 12 en 1907 dirigé par le Dr Jouty, et le 17 Octobre 1907 un arrêté individualisera la chirurgie générale, infantile et gynécologie.

En ce début du 20ème siècle l’hôpital connaitra les premiers chefs de service nommés par voie de concours en 1902, les Pr Glatard et Solal en médecine, ABADIE en chirurgie (PAV 14). Ce concours a eu lieu d’abord à Montpellier Paris, puis par arrêté du 7 Janvier 1904 à la faculté de médecine d’Alger.

Il faudra attendre les années 30 pour que l’hôpital connaisse des extensions. Lesquelles se feront d’abord par la surélévation des services et d’autres constructions. La communauté de sœurs en 1931 (actuel siège du conseil scientifique) la chapelle en 1932, la psychiatrie en 1933. Ombre d’Anne en 1936 et le Glatard en 1938, lequel sera surélevé en 1949. En 1952 sera érigée la Maternité, qui sera alors consacrée la plus belle maternité de France, en 1953 est inauguré le bureau des entrées puis successivement le laboratoire et le service d’hydrothérapie (qui était situé en 1983 entre les pavillons 5 et 7) en 1955, la radio centrale en 1958, en décembre 1961 le centre anticancéreux (PAV 10) en fin la Morgue en Janvier 1962.

Le décret du 18 Octobre 1961, créer l’Ecole nationale de médecine d’Oran. C’est le PAV 10 (actuel neurochirurgie) qui abritera cette école.

Le décret N° 57- 1090 du 03 octobre 1957 relatif aux hôpitaux et hospices publics d’Algérie, et l’arrêté du 31 décembre 1957 fixant les conditions d’organisation et de fonctionnement des établissements hospitaliers qui donnèrent à l’hôpital d’Oran, la dénomination de centre hospitalier Régional. Enfin l’ordonnance 58-1973 du 30 Décembre 1958 en fera le centre hospitalier universitaire d’Oran.
A la veille de l’indépendance le CHUO a une capacité de 2.922 lits. Y exercent 30 chefs de service, 52 assistants, 44 internes, 34 religieuses et 1739 agents hospitaliers.

LE 01ER JUILLET 1962, LES ALGERIENS PRENNENT POSSESSION DE L’HOPITAL

Le 01er Juillet 1962, date du referendum pour l’indépendance, le capitaine Bakhti Nemmiche, commandant la zone autonome ALN-FLN d’Oran, instruit le Dr Boudraa Belabbes, Officier chirurgien de l’ALN, de prendre possession du CHUO. Ainsi il est le premier médecin Algérien a franchir les portes du CHUO. Il est accompagné dans cette mission par le Dr Nait Belkacem qui va être le premier Directeur général de l’hôpital et le Dr Klouch. Ils prendront possession d’un hôpital déserté par l’exode massive des personnels médicaux et paramédicaux d’origine européenne. Au cours de l’été 1962, Dr Boudraa est très vite rejoint par le Dr BENNAI Maamar, Taleb Mourad, Kandil Senouci, Hamidou Boumedienne, Mansouri et Lazreg Hacène. Ils auront la dure tache, mais non insurmontable pour eux qui venaient tous de l’ALN, de relancer le fonctionnement de l’hôpital, mais aussi la formation médicale. Ils seront aidés par les chefs de service européens, qui étaient resté et à qui il faudra un jour rendre hommage. Le 01er d’entre eux est le Dr Garouby en gastroentérologie qui est resté jusqu’à sa retraite en 1976. Puis il y a les Dr Bruguier (Chirurgie PAV 2), Belval (Chirurgie thoracique) Borne (Neurochirurgie) Pitolet (Pneumologie) Babardel (Psychiatrie) Guigue (Dermatologie) et enfin le plus illustré le Dr Jean Marie Laribère (Maternité). C’était un militant indépendantiste, responsable, selon le Moudjahid Mohammed Freha (in la guerre de libération à Oran) responsable du secteur sanitaire du FLN (Medioni, Lamur, petit-lac et Victor Hugo). Sa clinique située sur le front de mer sera détruite par l’OAS le 24 Avril 1962.

Lui-même condamné par cet organisation, il sera « suicidé » en Octobre 1962, à Nice par des nostalgiques de l’Algérie Française. Les médecins Algériens et Français vont être épaulés dans cette exaltante aventure par des coopérants des pays de l’est. Parmi eux l’équipe Tchécoslovaque brillera par ses compétences. On citera notamment Aadamek en cardiologie, Vokroulishki en médecine interne et surtout Kubisch qui lancera le service d’hématologie clinique en 1973.

La faculté de Médecine d’Oran va être créée par ordonnance N° 67-288 du 20 Décembre 1962. Ainsi dés 1968, les activités de l’Ecole de médecine vont être transférées à l’université d’Es Senia. La structure libérée va devenir la Clinique chirurgicale « B », dirigée par le Pr Kandil.

La réforme de l’enseignement supérieure de 1971, va démocratiser l’université et l’on verra un flux de plus en plus important d’étudiants en médecine.

Au début de l’année universitaire 1974 /1975 toute une promotion de professeurs d’Alger vont intégrer la Faculté de médecine d’Oran et le CHU, donnant un nouveau souffle à la formation. Ceux sont les Pr Zirout (pneumo) Boukhroufa (Cardiologie), Yagoubi (Rééducation) Bentounsi (Médecine interne) Mr Mokhtari (Médecine sociale), Mme Mokhtari (Bactériologie) Bekkat (Chirurgie infantile), Hadjiet (Chirurgie Vasculaire), Mr Mahmoudi (Gastro entérologie) et enfin Yelles (Gynéco obstétrique). L’institut dentaire sera lancé par Mr et Mme Bouziane et Merabet. D’autres professeurs arriveront de l’étranger, Dr El Hassar (Traumatologie) Aguercif (Pédiatrie) Ould Larbi (Gynécologie).

Après l’indépendance le CHU n’évoluera pas d’une manière notable au point de vue structures. Seuls le PAV 5 (Hémodialyse, Hématologie, Réanimation, Gastro-entérologie et Médecine interne) et le laboratoire ont été construits. D’autres structures connaitront des réfections, sans un véritable entretien continu, permettant une résistance au temps.

Le CHU va surtout bénéficier de lits en Extra-muros, suite à la nationalisation des cliniques privées (Front de mer, Couniot, Ste Anne, Gasser ou encore Filaoucène rétrocédée par casoran). A partir de la fin des années 70 et le début des années 80, le CHU naviguera à vue, et surtout en fonction des désirs des uns et des autres. Les exemples ne manquent pas. Le service de traumatologie qui déménage du pavillon 2 au 1 puis à Couniot et enfin à Fillaoucène. L’ouverture de certains services (gastro enterologie, médecine interne, neurochirurgie, Radiologie….) à l’hôpital Baudens, puis leur transfert à l’hôpital de Mohgoun, sous prétexte que Baudens menace ruines. La création d’un service de gynécologie cancérologique au 03ème étage de la maternité et sa fermeture suite au décès du chef de service. Le transfert du service des maladies infectieuses vers la vieille battisse de la garnison (alors que les pavillons isolés qui les abritaient étaient conçues pour), quant aux urgences, le manque de vision à long terme aura mené à la situation actuelle. Le dernier exemple est l’amputation du CHU de 03 spécialités (Chirurgie vasculaire, Cardiaque et la Néphrologie) par leur transfert à l’EHU. Alors que celui-ci donnai l’occasion à Oran, d’une restructuration et d’une réorganisation de la santé rationnelle.

En 1991, lors d’un séminaire tenu à la Munatec de Canastel, regroupant l’ensemble des chefs de services, est élaboré d’une manière consensuelle, au plan directeur de développement du CHUO. Il restera malheureusement lettre morte.

Après cet aperçu sur l’histoire de CHU « Dr BENZERDJEB » d’Oran, une conclusion s’impose. Cet hôpital malgré ses insuffisances le plus souvent dû à un manque de vision d’avenir, mais aussi la déstructuration de notre système de santé, aura rempli dignement ses missions. Il a pris en charge en fonction des moyens tous les malades de l’ouest Algérien. Il aura rempli pleinement sa mission de formation. N’oublions pas que la quasi-totalité des médecins généralistes et spécialistes exerçant dans l’ouest Algérie tous secteurs confondus (Privés, publiques, hospitalo-universitaire) ont été formés au CHUO.

L’on se plaint de la vétusté de ses structures. N’oublions qu’en France et ailleurs des hôpitaux du même âge continuent à fonctionner et être performants, tout en gardant l’architecture initiale des façades, alors que l’intérieur des services, a été modernisé.