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Peut-on édifier un empire arabe ?

par Boutaraa Farid

Hier, nous étions les nobles qui recevaient des directives du ciel et maintenant, nous sommes des égarés qui campent dans tous les domaines au bas de l'échelle. En effet, les Arabes étaient les pionniers et les bâtisseurs de ce nouveau monde. Ils étaient les guerriers et les défenseurs d'une religion nommée l'Islam.

Les arabes étaient les protecteurs des faibles et les inventeurs des droits de l'homme. Ils étaient pour un monde pluriel, où le respect et la tolérance faisaient d'eux des seigneurs respectés. Les arabes étaient ces braves nomades qui vivaient avec le peu tout en fuyant la vie des palais jusqu'à la naissance de la dynastie des Omeyades. Une dynastie qui avait Damas comme capitale en 660. Une dynastie qui avait pu voir de grandioses victoires sur les pays voisins et ses guerriers avaient la chance de conquérir l'Espagne à l'ouest et une grande partie d'Asie à l'est. Cette dynastie était renversée en 750, par celle des Abbassides qui choisira Baghdad comme capitale. C'était l'époque du développement d'un vaste savoir et où les arabes étaient au sommet.

Un sommet en plâtre car les Mongols avaient pu mettre fin à cette dynastie en 1258. Et depuis cette chute, les arabes n'avaient plus relevé la tête. Le grand territoire fut coupé en petits Etats. Les arabes venaient de perdre à jamais tout espoir d'union. Les nouveaux élus aux postes des commandes avaient opté à l'élimination de toutes les voix qui s'opposaient à leur ambition et idéologie. Les nouveaux maîtres des lieux voulaient bâtir des prisons et non pas de paisibles maisons. Les nouveaux maîtres étaient tous d'accord pour la mise en place d'une criminelle police. Ils étaient tous pour la naissance de régimes cruels et fascistes. Ils étaient pour le culte du soi et la richesse des proches et amis. Ils étaient pour la corruption et les affaires louches qui ne laissaient aux populations rien que des pioches pour creuser leurs propres tombes. Les gouverneurs arabes avaient la crainte de cette institution qu'on appelle l'école et ils avaient tout fait pour que cette dernière rate sa tâche et ne forme rien que des individus qu'on peut maîtriser avec quelques tirs à blanc et des grenades lacrymogènes. Et oui, les gouverneurs arabes ne voulaient pas bâtir des Etats démocratiques, mais justes des républiques fâchées, où régnaient le désordre et l'anarchie. Les gouverneurs arabes étaient tous pour une course loufoque vers les marchés des armes, où on leur vendait des chars, des avions et des batteries de missiles qu'ils vont utiliser pour neutraliser des révoltes internes ou intimider un autre Etat arabe.

Nos amis les gouverneurs aimaient les fêtes et les festivités et détestaient les grèves aux lycées et universités. Nos amis les gouverneurs n'avaient jamais aimé tendrement le peuple qui formait leur cité. Nos amis les gouverneurs avaient des faiblesses pour l'argent et les belles nanas qu'ils voulaient les épouser toutes en vidant les caisses pour faires d'elles des princesses ou plutôt des maîtresses. Les nouveaux maîtres adoraient les jeux et les paris et raffolaient pour les sorties nocturnes à Nice, Berlin ou Paris. Ils aimaient laisser des pourboires qui feront d'eux des notables, tandis que leurs citoyens mouraient dans des ghettos en sable. c'était la période du grand vide. Une étape infernale où on brûlait chaque jour des milliards pour juste dire que les arabes étaient riches. Une période où les âmes avides du pouvoir gouvernaient avec des poignées de fers en rendant leurs Etats des enfers. C'était le début des fuites des cerveaux des terres fertiles, mais qui étaient transformées en sols arides qui n'attiraient mêmes pas les corbeaux. Les Etats arabes étaient redevenus des pays fantômes. Des pays vides et instables. Les Etats arabes étaient transformés en arènes. Les jeunes insultaient les vieux et chaque ethnie avait son propre Dieu. Les arabes étaient redevenus des barbares qui tuaient les femmes et les enfants. Les arabes faisaient la guerre pour juste chasser un clan et prendre sa place. Les arabes venaient de perdre toute notion de sagesse et tout ce qui comptait était comment vivre dans un palace. Les arabes venaient de perdre la raison et leurs pays étaient redevenus de vastes prisons. C'était la période du divorce et du recourt à la force. Le sang venait de couler et avec lui notre si beau rêve roulait vers le cimetière des folies. Une nouvelle ère venait de naître et où l'être n'avait pas le droit de connaitre les causes du désastre. On accusait cette main étrangère de conspirations et de fabulation. On accusait des forces occultes de vouloir créer la panique et la peur chez des autochtones et non pas chez des pieds-noirs. On accusait des minorités de vouloir vendre leurs identités. On accusait les théologiens à vouloir prendre le pouvoir des mains des politiciens.

On accusait, mais jamais on essayait de rechercher des solutions à des impasses qui harassent. On accusait et on critiquait sans jamais proposer des issues de sortie de la crise. Les pays arabes avaient passé de dures épreuves et le moment est venu pour l'édification d'un vaste empire arabe qui ferme la porte de l'aventure qui tue la progéniture. Le monde arabe doit mettre fin à cette traversée du désert qui mène à l'enfer. Le monde arabe a tout pour réussir un nouveau départ qui mettra fin au désordre et au désespoir. Le monde arabe est obligé de revoir sa carte de route. Les arabes sont devenus une race qui menace les autres races. Et oui, le feu de la discorde est chez nous et ce n'est pas avec des cris ou des fêtes qu'on arrête les bombes à Ghaza. Ce n'est pas non plus avec des discours qu'on arrête les massacres de civils en Syrie, en Libye et en Irak. Les enjeux sont graves et nous n'avons plus le temps de nous cloîtrer derrière nos frontières et de dire qu'il ne faut pas s'ingérer dans la politique intérieure des pays frères et voisins. Il ne faut non plus attendre l'arrivée des forces étrangères pour délivrer les civils des mains des mercenaires qui cherchent à faire peur à leur semblables, mais qui refusent la guerre sainte contre les sionistes. Les arabes devraient saisir cette chance pour s'unir et bâtir un empire qui assurera la vie à toute cette jeunesse qui veut vivre sans tendre la main. Cette jeunesse qui attend une main tendre et un visage gai qui l'oriente vers l'amour du ciel et qui videra son cœur du fiel. Le monde arabe doit écouter le langage de la raison et non pas celui du cœur qui le conduira vers l'inconnu. Le monde arabe n'a pas besoin de faire la guerre pour prouver sa force, mais il a besoin de se réconcilier avec lui-même et il verra qu'Israël n'est ni un ours, ni une ourse, mais juste un Tarnek ou un Hérisson qu'on peut égorger à la manière d'un loup, c'est-à-dire en versant sur son corps un peu d'eau.

Le monde arabe doit fermer sa ligue et il doit trouver un autre moyen pour souder les failles et évacuer les râles. Les Etats arabes devraient cesser cette danse macabre qui aiguise l'appétit des loups affamés et qui endeuille de nombreuses familles. Les pays arabes savent qu'ils n'auraient jamais la paix du moment qu'ils possèdent du gaz et du pétrole. Les pays arabes n'auraient jamais la paix s'ils restent à l'intérieur de ces frontières qui les privent de la force de l'union. Les pays arabes devraient oublier les querelles et les disputes pour quelques mètres ou kilomètres et devraient penser à un lendemain heureux, où les enfants sahraouis pourraient fréquenter les universités de Fès et où des algériens pourraient étudier gratuitement au Qatar ou en Arabie Saoudite. Nous pourrons dire adieu à toutes nos inquiétudes et nos ennemis d'aujourd'hui réfléchiront mille fois avant de penser à nous envahir. Et oui, la chance est entre nos mains et tout report dramatisera encore la situation. En effet, la situation en Libye veut un regard sérieux, l'Irak ne peut plus attendre et la Syrie doit retrouver son calme. L'Egypte attend l'argent pour apaiser sa crise économique et Ghaza réclame un cessez-le feu sans condition. Est-il possible de bâtir un empire arabe?

Avons-nous assez de courage pour tenter cette aventure? Celle qui nous demande d'oublier un peu notre individualité et de nous fendre dans un nouveau moule qui nous donnera cette sensation d'être un soldat au temps du roi Saladin. Un nouveau moule qui nous offrira la chance de crier haut et fièrement que nous sommes des arabes et non pas des momies au service des occidentaux qui se prennent pour des sages, des civilisés, des humanistes et surtout des notables. Un moule qui fera de nous la nation qui sait adorait son Dieu, qui respectera ses vieux, qui tuera avec gentillesse les envieux et qui aspire à une paix durable dans toutes les époques et les lieux.