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Le poids du réel et le zèle du virtuel !

par Slemnia Bendaoud

Bien qu'alors non encore assurées de gagner leurtout dernier match contre respectivement l'Allemagne et le Nigéria, l'Algérie et la France connaissaient déjà cette active, très vive ou même terrible polémique qui enfle exagérément,pour totalement monopoliser tous ces débats inutiles, stériles, ennuyeux, infructueux et discussions toutes aussi byzantines,nées autour du foot.

Ainsi, assistons-nous, ces tout derniers jours, à cette intrépide ou insipide montée en cadence et au créneau de ces haineux énergumènes et de leurs indigestes manières de faire dans les domaines de la politique et des médias de l'hexagone, lesquels individus desservent malheureusement et naturellement le sport, bien particulièrement le volet football.

Et chacun, à sa manière, fait convoquer illico presto cette histoire commune à l'effet de lui tracer ou indexer tout un autre itinéraire thuriféraire, de manière à imposer à ce beau monde civilisé et très intelligent sa seule vision des choses et angle de perception de ce passé commun et très lointain, dont il est question d'en expurger cette nostalgie qui nourrit encore nos insoupçonnées fadaises et farfelues prétentions.

Place donc à cet autre humour arrogant, menaçant, dédaigneux, haineux, très déplacé sinon outrancier et bien manigancé, de faire dans cet éternel excès de zèle de considérer ce désormais possible nouvel ou hypothétique adversaire, dans son habit de celui toujours ancien colonisé,émargeant encore de nos jours à son éternel dévalorisé statut d'indigène, encore vu sous l'angle de ce pays qui ne produit seulement que l'indigénat d'autrefois à fouler au pied sa dignité pour bafouer à jamais sa personnalité.

Aussi, lui fait-on encore porter tous ces chapeaux de toutes cesnombreuses misères que connait présentement le très difficile quotidien des français, à l'effet de tenter avec ces possibles meilleures trajectoires d'untrès espéré futur hexagonal qui fait du surplace mais dont rêvent maintenant plus que jamais ses principaux gouvernants de l'ère actuelle, harcelés de toutes parts et de tous bords.

A défaut de faire dans le très haut niveau de la qualité du jeu, et partant, dans la communion qu'il est pourtant censé à tous les coups générer, certains cercles politiques bien déterminés, tous décalés de la triste réalité, voulant sans doute encore accaparer l'histoire commune des deux peuples, sinon la travestir à dessein afin que celle-ci serve positivement leurs seuls farfelus intérêts, s'improvisent donc en Grands Historiens, très spécialistes analystes et donneurs invétérés de leçons de la vie et de morale à des peuples qui leur sont désormais pourtant totalement indépendants.

De leurs colonies d'autrefois, ils en font donc ces annexes d'aujourd'hui, si sûrs d'eux d'y jouer encore à ce beau rôle du très réputé Grand Seigneur et très conscients de l'influence qu'ils peuvent encore y jouer : comme un véritable tutorat sur leur peuple et un très sérieux déterminant quant à leur futur proche, pour avoir si longtemps eu à séquestrer leur longue histoire et envahi tous les coins de leurs territoires.

Mus, entre autres, par cette Algérie française, ils craignent presque tous cet inévitable retour de manivelle qui ferait que cette même France devienne,par la force des choses, bien algérienne ; raison pour laquelle, ils s'attaquent de front et sans relâche à la religion musulmane (l'Islam) , au burqa, aux minarets, aux abords des mosquées, à ces haut-parleurs qui distillent très haut ce cri du son de l'appel à la prière de l'aurore, à ce statut de l'immigré dans son symbole de cliché de ce sale arabe qui pollue l'air et l'atmosphère français.

Fort heureusement, comme partout ailleurs à travers le monde, il existe (Dieu merci !), en France, ces gens-là très sages auxquels il faut leur rendre bien hommage, qui font la part des choses, analysent sereinement les évènements pour ne jamais faire dans le grand dérapage ou le futile tapage.

Aussi, contrairement aux résultats techniques des deux matchs suscités, celui mettant virtuellement aux prises l'Algérie à la France s'est finalement joué dans leur seul esprit, dans leur subconscient, en ayant bien eu lieu dans l'espace virtuel et ces stades de l'imagination, souvent par communiqué ou déclaration de presse interposés.

Ainsi, a-t-on vu ou entendu -paradoxe des paradoxes- Jean-Marie Le Pen, pour une fois, fausser compagnie à sa propre fille, et aussi leader de ce parti de l'extrême droite qu'il aura lui-même longtemps dirigé, en s'autoproclamant -contre le sens de ses us et le cours de l'histoire- supporters des Verts et des Bleus en même-temps !

Il aura fait ce volte-face qui faisait de lui, naguère, presque ce seul français à dénigrer l'équipe de France, au seul motif de la couleur de la peau de ses joueurs d'antan, ayant pourtant, à l'époque, ravi cette coupe du monde à leurs détenteurs en titre qu'étaient ces spécialistes brésiliens de l'épreuve considérée.

Pour lui -du moins à ce que l'on sut à l'époque- ce ne fut guère la France qui fut ce champion du monde devant pourtant ce très solide Brésil de Rivaldo et Ronaldino, eu égard à la composante de cette même sélection, puisque renfermant en son sein toutes ces couleurs et origines différentes de l'immigration de sa très longue colonie africaine.

Nous eûmes tous comme ce sentiment que Jean-Marie Le Pen, à l'époque encore vissé à la tête du parti du Front National, n'en voulait guère de cette couronne footballistique, alors gagnée de haute lutte sur le sol français !

Probablement parce que le plaisir qui s'en suivit ainsi que le délire dans le sillage provoqué devaient tous les deux le conduire à partager avec ces français de la piètre condition ou dernière catégorie, pour lui qui préfèrera, plus tard, acheter cette maison en Normandie afin de voir avec sa famille de petits-enfants des vaches plutôt que d'avoir à rencontrer ces envahisseurs de beurs ou de fils d'émigrés français dont il aura toujours détourné le regard, en signe de ce mépris qu'il aura tout le temps affiché en leur encontre, même si deux d'entre eux (Zinedine Zidane et Lilian Thuram), auront été les véritables artisans de cette seule coupe du monde de France.

A cette époque-là, Jean-Marie Le Pen n'avait (absolument) ou pas vraiment d'équipe préférée ; puisque la sélection française -à ses yeux- n'en était pas une, pour cause d'être alors composée en majorité par le produit de son immigration.

Depuis, le vent aura vraiment tourné ! Autant pour lui, que pour tous ces grincheux et très malicieux Français ! Il en existe, en effet et d'après leurs dires, deux sélections françaises en ce mondial brésilien de 2014 ?!

Chose tout de même assez bizarre, puisque la France, dans l'esprit de ces énergumènes à la tentaculaire hégémonie colonialiste, évolue désormais représentée par deux sélections distinctes que sont : cette autre sélection française multicolore et multiraciale dont ne voulait plus d'elle pas justement hier encore cet ex leader de l'extrême droite, ainsi que celle algérienne, jugée comme toujours de seconde catégorie ou deuxième collège.

Ainsi donc, se justifie finalement ce choix désormais plutôt multiplede Jean-Marie Le Pen, contrastant fondamentalement avec celui de sa propre fille, Marine, restée encore attachée à ses anciennes origines, très vieilles considérations et autres inchangées positions.

De fait donc, le titre de seconde sélection française désormais collé à l'équipe algérienne résulte, à la fois, du potentiel humain de cette immigration française ainsi que -chose vraiment déterminante de l'équation posée- du produit de ses nombreux centres de formation de football dont sont justement originaires la majorité des joueurs algériens de 2014.

Mieux encore, dans ce fameux cas d'espèce, on en vient jusqu'à occulter sciemment ou bien délibérément leur double nationalité ou caractère spécifique de compatriotes binationaux, pour ne les considérer exclusivement que comme ces joueurs français, ayant retourné, pour l'occasion, leur veste pour jouer au profit de l'autre clan, celui auquel nous faisons tout le temps front commun.

Aux yeux de ces gens-là, ces binationaux passent donc pour ces autres ''harkis'', ceux de la France, bien entendu, pour avoir choisi la patrie d'origine contre ou au détriment du pays d'accueil et où vivaient parfois même leurs arrière-grands-parents.

Ces joueurs-là les mettaient donc en boule, parce qu'ils roulent justement pour cet autre pays dont tout juste l'évocation de son nom les fait tout le temps revenir à cette trop vieille histoire, synonyme de leurs véritables déboires, symbole de leurs vraies défaites, multiples malheurs, grands regrets, suite à cette autre guerre terrible, ayant, entre-temps, généré et surtout couronné cet ordre nouveau qui les exclut de tout paternité sur leur territoire.

Comme conclusion à toutes ces symboliques allusions, l'Algérie divise encore le peuple français au sujet de son réel impact sur sa quotidienne vie, devenue des plus difficiles à supporter, chose qui l'invite, par moment, à aller toujours triturer ces autres phénomènes de ce passé longtemps ressassé dont certains cercles comptent encore en tirer grand profit, sinon à en dénaturer autant que possible la projection de ses bien réelles répercussions.

Chose pourtant inhabituelle, même la famille Le Pen (Père et fille) se trouve être présentement disloquée au sujet de cette Algérie accusée à tort de saccager dans le sillage de l'euphorie de ses victoires footballistiques des biens publics, avant que les autorités françaises ne découvrent enfin que les binationaux n'étaient nullement concernés par ces manifestations de la casse, ayant eu lieu durant le déroulement des rencontres de la coupe du monde 2014.

Nous ayant depuis déjà très longtemps habitués à l'histoire de cette tête de Zinedine Zidane, tantôt adulé et hissé au rang de véritable Roi, tantôt descendu en flammes et voué aux gémonies de la véritable géhenne, après cette langue de Samir Nasri, désormais venimeuse après avoir été l'expression de la véritable intégration au sein de cette société chère au Coq Gaulois ; aujourd'hui, nous ne sommes nullement surpris que ces fils de bougnouls ou de bicots soient tous si chichement considérés au sein de l'hexagone pour hériter de droit de ce statut de membres à part entière de cette seconde sélection française (en l'occurrence l'équipe nationale algérienne), dans la mesure où cette formation arrive à se faire vraiment respecter sur les terrains de combats en cette phase finale de la coupe du monde.

Aussi, ce match réel (tant espéré plutôt par cette rive-là que par cette autre là-bas) rendu vraiment impossible, par la faute (comme toujours) de la qualification algérienne à ces quarts de finale, aura donc laissé place à celui très virtuel et bien conjoncturel, joué, lui, sur du velours et ce tout autre terrain politique où la loi des coulisses et son véritable poids l'emportent très souvent sur toutes les autres considérations.

Chose apparemment bien différente de ces autres rencontres se déroulant, elles, sur tous les stades du monde ; ce match virtuel, joué tout le temps dans les coulisses, est, lui, gagné d'office, dès lors que la toute première flèche aura atteint dans le mile et de plein fouet sa toute indiquée cible recherchée !

Boudant alors cette seule sélection française qui avait pourtant remporté cette coupe du monde 1998, Jean-Marie Le Pen se retrouve, à présent, supporter de deux équipes de football : de ces Verts pas très mûrs et de ces Bleus de l'espoir qui fait encore vivre !

Louanges à Dieu qui nous fait changer si rapidement de raisonnement !

Lors de la manifestation de ce défilé du 14 juillet 2014, il sera vraiment surpris que la délégation de cette prétendue deuxième équipe française de football qui défilera sous ses yeux, contenant pourtant très peu de monde, sera manifestement la malvenue sur le sol français.

La raison : il ne lui permettra jamais de quitter ces terrains de foot sur lesquels elle s'était d'ailleurs très bien exprimée pour aller s'engager sur ceux plutôt exclusivement réservés à la politique de la France contemporaine et impériale qui lui auront tout le temps été interdits d'accès.

C'est donc là où s'arrête le spectacle du foot ! Et c'est là, aussi, où commence tout le sérieux de la chose politique ! Entre le réel et le virtuel, il existe encore cette frontière invisible qui limite le territoire de l'un et de l'autre. Et toute aventure ou intrusion au sein de l'autre camp présuppose cette identité (héritée, jamais acquise) d'un coq très Gaulois !