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Les malheurs de l'Afrique, les malheurs du monde arabe

par Bachir Ben Nadji

L'Afrique est malheureuse, le monde arabe est malheureux, le reste du monde, le tiers et le quart monde sont dans un piteux état. Les Etats d'Europe ne se portent pas bien et les Etats d'Amérique sont dans quel état diriez-vous. On revient aux chroniques du passé pour que je vous dise que le monde va mal, mais je vais m'arrêter au continent africain et au monde arabe qui connaissent des situations inextricables, politiques et sociales notamment, car pour l'économie vaut mieux taire les choses, et pour le reste pardonnez mon silence.

Je viens de rencontrer un citoyen ivoirien qui m'a fait rappelé feu Houphouët Boigny. Ce frère ivoirien qui est venu en Algérie chercher après une famille habitant le centre de l'Algérie et qu'il n'a pu trouver du fait de son déplacement en Tunisie s'est retrouvé sans gite et aussi sans moyens, comptant sur les amis algériens de son père.

Perdu dans un ailleurs qui n'est pas le sien même s'il est en Algérie en terre africaine, cet ivoirien qui se prénommerait Mustafa, a eu recours à la demande d'aide, pas à la mendicité car il était digne. Il voulait quitter l'algérois, il voulait partir à Oran pour trouver des compatriotes, trouver un gite ou passer quelques temps, peut être avoir un travail, peut être préparer un retour chez lui en Côte d'Ivoire, sait-on jamais ou peut être partir en Europe ou ailleurs.

Mustafa est célibataire et il a laissé sa famille en Côte-d'Ivoire, là-bas en Afrique de l'Ouest. Mustafa est conscient de la situation que vit son pays. Comment l'a-t-il laissé ? Dépité, il m'a tout de go déclaré que la situation est ce qu'elle est et va de mal en pis. Au flair des changements intervenus ces dernières années dans ce pays, jadis stable, votre serviteur a essayé de parler de la stabilité relative qui s'est installée avec l'arrivée au pouvoir d'Alassane Ouattara et l'arrestation du général Gbagbo.

Mon ami ivoirien semble être déçu par la situation dans son pays. Pour lui, Alassane Ouattara n'est pas ivoirien, il ne m'a pas étonné, mais a été catégorique, pour lui le président de la Côte d'Ivoire est un burkinabé.

Pour Mustafa, Alassane a été installé par la France, soulignant que ce qui a été fait dans son pays, l'a été au Mali. J'ai quand même voulu corriger l'info de mon ami ivoirien pour apporter la précision et je lui ai dit que la mère du président ivoirien est ivoirienne, il a dit que ce n'est pas la même chose chez eux, comme peut être chez nous. Pour lui, Alassane Ouattara est burkinabé et pas ivoirien, et installé à la tête de son pays, il ne servira que les intérêts de la France, même pas ceux du Burkina Faso et je n'en dirais pas plus pour ce qui est de ceux de la Côte d'Ivoire.

Mustafa, mon ami d'un jour ou d'une heure, tient mordicus que c'est la France qui est derrière le malheur de l'Afrique, et là permettez-moi de faire un petit tour dans les anciennes colonies françaises et de vous parler de ce qui s'y passe.

Le Mali, juste à côté de chez nous abrite l'armée de la France venue le « libérer » des terroristes d'El Qaida qu'elle n'a pu déloger cela fait plusieurs mois, et même si les Maliens ont élit un président, vus la mise en place des institutions nouvelles de par sa composante, ils ne sont pas sortis de l'auberge. Leurs malheurs durent toujours et dureront pendant plusieurs années, sinon des décennies jusqu'à ce que le monde ait changé et que la France aura pris conscience de laisser ses anciennes colonies tranquilles. Les laissera-t-elle un jour, nul ne sait.

Je vais faire avec vous un petit tour virtuel au Tchad, au Niger, en Guinée, au Congo, en ne citant que ces pays et vous dire qu'en est-il. Ces pays sont comme le Mali et la Côte d'Ivoire, économiquement à genoux, apparemment stables, ruinés par des conflits et des crises politico-militaires et avec un avenir incertain, tant pour les politiques que pour la population qui ne sait plus ou donner de la tête ni à quel saint se vouer.

A part quelques uns qui se compteraient sur les doigts d'une seule ou de deux mains quels sont les pays africains qui ne connaissent pas de gros et de petits problèmes hérités de la période coloniale et post coloniale.

La République centrafricaine est à l'heure actuelle, un exemple des plus édifiants. Après les guerres entre les hommes du pouvoir qui durent depuis des décennies, on a fomenté une guerre de religions, entre chrétiens et musulmans, ce qui n'apparaissait nullement dans les crises que connaissait ce pays instable, ou la France et depuis toujours, malgré son retrait pour raison d'indépendance, a gardé des bases ou son armée est en terrain conquis, comme un peu partout à travers ses anciennes colonies de l'Afrique centrale, de l'Est et de l'Ouest.

Les malheurs continuent dans les ex colonies françaises de par les séquelles des guerres tribales créées de toutes pièces et encouragées par les différents pouvoirs français d'hier et d'aujourd'hui, et je dirais sans trop m'avancer car nul ne lit l'avenir, de demain. Ces séquelles sont tellement profondes que leurs causes sont ancrées dans les mémoires de toutes les générations et le resteront pour longtemps, tradition orale oblige chez les peuples africains ou les griots vantent des guerres et des victoires d'un autre âge, au grand bonheur de ceux qui payent ces griots pour raconter des histoires et parfois des « bobards ».

Souhaitons que ces malheurs prennent fin un jour, car ils pèsent sur la vie des peuples africains dont la jeunesse ne sait plus quoi faire. Fuir son propre pays, rejoindre les pays des colonisateurs français, anglais, belges, portugais ou autres, et ou ils ne sont pas les bienvenus, ces jeunes et moins jeunes meurent parfois en haute mer dans des embarcations de la mort que l'Europe n'en veut plus, voulant même créer une frontière et une barrière à ne pas franchir. Ces ex colonisateurs n'en veulent plus des hommes de couleurs, hier valets et servants, mais aujourd'hui concurrents pour les postes de travail que les occidentaux ne trouvent même pas. La crise est là, en Europe, et il faut exporter ses effets ailleurs en Afrique afin de faire oublier les malheurs qui pourraient être ressentis par les européens eux-mêmes.

Et le monde arabe, et ses malheurs, qu'en est-il ? Ou en sommes-nous en Syrie, au Liban qui renoue avec l'instabilité et les véhicules piégés, en Irak, en Egypte et ailleurs, sauf dans les pays du Golfe qui financent cette instabilité commandée à partir des capitales européennes et américaine.

Le Monde Arabe paye un crime qu'il n'a pas commis, comme se qui se passe en Irak et en Syrie ou les deux peuples font face à un ennemi venu d'ailleurs, armé, nourri et blanchi par l'occident revanchard et qui brûle, comme l'ont fait les vandales tout sur leur passage, n'épargnant rien, ni les êtres humains de tous âges, ni la faune, ni la flore, ni les sites historiques, biens de l'humanité entière.

Les peuples du Proche Orient en dépit des différences misent en exergue par le colonisateur d'hier et le néo colonisateur d'aujourd'hui, ont toujours vécus en toute quiétude et en harmonie. Druzes, maronites, chiites, sunnites, alaouites, kurdes, chrétiens coptes, et je ne sais quelles autres branches sociales et tribales ou confessionnelles, n'ont jamais connus de problèmes entre eux, au point ou il n'a jamais été ressenti le moindre différend entre les anciens. Les enfants allaient tous à la même école, fréquentaient les mêmes universités, pratiquaient le sport ensemble, s'adonnaient aux activités culturelles ensemble, sans différence aucune.

Et vint le jour ou tout ça a été détruit comme par un séisme. Serait-ce un château de cartes ? Non et non, tout allait bien sauf que l'occident et les américains, ont choisi le moment « M », le jour « J », la minute « M » et les acteurs devant exécuter la partition et les rôles distribués à tout un chacun. Et c'est à ce moment-là que tout bascula là ou il fallait que ça bascule pour que les malheurs, et tous les malheurs de la planète, tombent sur ce malheureux Monde Arabe.

La Syrie hier stable, compte maintenant ses morts (130.000 victimes) et ses dégâts, l'Irak traine une guerre après une autre, contre Saddam, prétendument dictateur, puis contre ce qui est appelé Al Qaida créée de toutes pièces par les américains et leur CIA, et tout cela pour faire plaisir au gouvernement kurde et à Maliki et ses amis. En Syrie, il faut faire plaisir à l'opposition installée à Londres et un peu partout dans le monde libre, et aux membres de l'internationale terroriste que les USA et ses alliés combattent en Afghanistan et au Pakistan et un peu partout dans le monde.

La Tunisie vient de voter sa Constitution démocratique, dit-on la première, et de former un gouvernement apolitique, (réellement ?) qui va assurer la transition et créer un miracle peut être tunisien, mais en Egypte on en est pas encore arrivé là, un général devient maréchal pour ensuite devenir président à la place des frères musulmans qui ne se sont pas bien conduits ni pour eux-mêmes, ni pour le reste du peuple égyptien ni pour leurs propres « frères ».

L'Afrique et le Monde Arabe sont malheureux par la faute de leurs propres peuples qui ont élus leurs propres chefs choisis et bénis par l'occident, la France et les USA. Et ces peuples prendront-ils conscience un jour de leurs malheurs, pourront-ils balayer devant leurs portes et à l'intérieur de leurs foyers afin de chasser la vermine et dire à la France et aux occidentaux de voir ce qui se passe chez eux, peut être que les malheurs les toucheront pour les détruire et annihiler leurs actions maléfiques contre les peuples du monde entier. Ah, ce jour-là pourra-t-il arriver et la roue tournera dans le sens de la montre pour que nous ou les générations à venir puissent parler d'autre chose, que de la guerre, que des conflits, que des crises. Oui ce jour viendra, nous ne seront pas là, mais l'histoire avec un grand « h » parlera du colonialisme, de l'impérialisme, de la paix, de la concorde et des peuples martyrs. Oui, ce jour-là sera attendu, à bon entendeur, salut !