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UN VIDE REMPLI DE RIENS

par K. Selim

La vie politique reste plombée par l'incertitude sur les intentions du pouvoir. Pas de candidats déclarés, ni même de lièvres assumés. Tout est plat comme l'attente dans une antichambre. Une vieille habitude nationale d'un pays où tout défie la norme par la grâce d'un fonctionnement pernicieux du système. On a eu un Conseil des ministres de dernière minute et puis? plus rien. Les formes sont sauves. On peut envoyer la loi de finances 2014 aux députés. Pour le reste, tout le monde est forcé d'attendre que cela se décide dans la stratosphère où les «grands électeurs» se cherchent un «consensus» dont les termes restent obscurs.

Dans un système qui a complètement achevé d'enterrer les avancées des réformes post-octobre 88, ce serait un prodigieux progrès de connaître sur quelles questions se «cherche» le consensus. Sur quel cap, sur quel projet? Même réduit au rang de «spectateurs» forcés, les Algériens auraient apprécié d'être «légèrement» informés sur la manière dont les «grands décideurs» conçoivent la marche de l'Algérie dans le proche et moyen avenir. Il faut bien le constater : on ne leur permet même pas d'être spectateurs ! Le système distribue peut-être l'argent de la rente, mais il n'émet rien. Absolument rien. On essaie, poussivement, de faire d'un match de football un événement.

Le summum semble en effet être atteint avec la tentative de présenter la diffusion à la légalité très controversée du match avec le Burkina par la télévision publique algérienne comme un sursaut nationaliste. De la frime car on sait que si la chaîne Al-Jazira engage une procédure judiciaire, l'Algérie payera plus cher que si elle avait acheté les droits auprès de la chaîne qatarie. Mais comme il s'agit de plus en plus de remplir à tout prix le vide, nous voilà donc conviés à admirer le «geste» de l'unique. La facture viendra, mais qui s'en soucie ? On l'a dit, le système distribue. Il n'émet rien. Probablement parce qu'il n'a rien à émettre, piégé en définitive par sa propre impasse. Les acteurs périphériques, ces éternels «animateurs» rétribués en charge généralement de placer les «ballons-sondes» ou d'indiquer, même vaguement, une direction sont en panne d'infos. Ils tournent en rond. Comme des épouvantails !

MAIS, N'EST-CE PAS QUE «L'ESSENTIEL» A ETE FAIT, LA LOI DE FINANCES A FAIT LES AFFECTATIONS DE RESSOURCES ET ASSUME LE DEFICIT. L'AN 2013 PEUT SE TERMINER SANS RISQUE, SANS VAGUES. QUANT A 2014, ON AVISERA ! DANS AUCUN PAYS AU MONDE ON N'AURA VU L'APPROCHE D'UNE ELECTION AUSSI «DECISIVE» ARRIVER DANS UN CALME AUSSI OBSCUR. PAS DE CANDIDATS DECLARES, PAS DE LIEVRES DECLARES. RIEN. LE VIDE. IL Y A BIEN CES MINISTRES QUI FONT DU ZELE SANS SAVOIR OU VA LE VENT ET QUI PROMETTENT UN METRO LA OU IL SUFFIT DE REVEILLER UN VIEUX CHEMIN DE FER. AH, BIEN SUR, IL Y A CE MATCH QU'ON A VU SUR L'ENTV MALGRE LA «MECHANTE» JAZIRA QUI A ACHETE LES DROITS SUR «NOTRE» PROPRE MATCH ! AUSSI INCOMPREHENSIBLE POUR NOTRE EGO QUE L'ENTREE DE LAFARGE EN ALGERIE PAR LA BOURSE SANS PASSER PAR LE CONSEIL NATIONAL DE L'INVESTISSEMENT OU LES GRANDS DECIDEURS ! ON PEUT EN SOURIRE ! IL FAUT S'EN INQUIETER. CAR CE VIDE QU'ON ESSAYE DE REMPLIR DE RIENS N'EST QUE L'EXPRESSION DU DECALAGE MONUMENTAL DANS LEQUEL L'ALGERIE EST DANGEREUSEMENT ENFERMEE !