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Des départs au sommet et des chutes au apis !

par El-Houari Dilmi

Sous nos cieux ennuagés, la sauce politique serai-telle devenue si insipide à couper l'appétit à un «crève-la-dalle» ? Question, donc, à une urne piégée: Belkhadem, lui-même, savait-il que le «mauvais coup» était parti depuis longtemps déjà ?

 La dernière banderille qui lui a été plantée, à l'issue d'un épique combat au corps à corps avec ses ennemis mais aussi ses «amis», paraît aujourd'hui comme un cautère usé posé sur une jambe brisée. Pourtant, Belkhadem le «barbefélène» confiait récemment à son proche entourage: «je partirai quand le Président me le demandera».        Cela signifie-t-il que le désormais ex-SG du FLN a reçu l'ordre - de qui ? - de faire place nette ?

 Destitué sur le fil, pour d'aucuns, la «fin de mission» signifiée à Belkhadem vise à le désarrimer de sa rampe de lancement, et donc l'empêcher de se mettre sur les starting-blocks, à 14 mois de la présidentielle, qui tétanise tout le landerneau politique national. Même si on savait que le sort de l'homme dit de «Tiaret», - à la l'ascension politique aussi fulgurante que l'a été sa chute -, était scellé depuis longtemps, tant le rapport de force a basculé progressivement en sa défaveur, quel sens donner à ce «dégommage» programmé d'un homme-lige du pouvoir, même s'il rêvait les yeux ouverts d'accéder à la magistrature suprême, comme le lui reprochent ses plus farouches détracteurs ?

 Avec le recul nécessaire et au-delà des «prophéties» de bipède des uns et des autres, quel décryptage faire de la destitution d'un homme, dont le parti a engrangé de nombreux dividendes politiques, en remportant la majorité aux dernières élections législatives et locales, et par conséquent, se mettre en pole position pour le grand rendez-vous de 2014 ? Il faut dire que de Med Chérif Messaâdia à Abdelhamid Mehri, jusqu'au «syndrome Benflis», les pronunciamientos et autres coups d'Etat scientifiques ont toujours été de mise chez le plus vieux parti du pays.

 En misant sur l'appui hypothétique de Bouteflika pour garder entre ses mains le gouvernail du FLN, Belkhadem a-t-il commis l'erreur fatale, en affichant publiquement son appétence pour la présidentielle, avant que le classique jeu de rôles algéro-algérien ne soit clairement défini ? Le parti historique ayant toujours été traversé par des courants de pensées opposés, voire antagoniques, quel objectif déclaré,- ou inavoué -, visent ceux qui ont obtenu sur un plateau la tête de Belkhadem ? A qui ouvre-t-on la voie pour lui succéder, et à quelle (s) fin (s)?

 Le retrait - programmé ou non - de Saïd Sadi, puis de Aït Ahmed, de la direction de leurs formations politiques respectives, la révolution de palais qui se joue - en silence - au MSP, et la retraite forcée imposée à Ouyahia, augurent-ils d'une hypothétique recomposition de l'échiquier politique national, en fonction de qui sera ou ne sera pas candidat à la décisive échéance d'avril 2014 ? Si échéance il y aura !

 Un deal aurait-il été passé entre le futur patron du FLN (Saïdani ou pas) et le prochain locataire du palais d'El Mouradia ? «Le président veut que les changements se fassent vite à la tête des partis qui comptent dans toute élection» confiait récemment une source dans l'entourage proche de Bouteflika. Autant de questions lancinantes qui dévoilent le procédé peu commun de la pratique de la politique dans un pays où les alliances se font et se défont au gré des « urgences de l'heure», des ambitions démesurées des uns et de l'ego surdimensionné des autres.