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TIGUENTOURINE, LES PREMIERS ENSEIGNEMENTS

par M. Saadoune

Les informations données par le Premier ministre Abdelmalek Sellal sur le cheminement des terroristes et sur leurs différentes nationalités ont valeur de confirmation. Les terroristes sont bien venus du Mali et sont passés par la Libye avant de rentrer en Algérie. Pour on ne sait quelle raison, le Premier ministre libyen a tenté de démentir l'information dans une sorte de prétention, peu réaliste, à un contrôle absolu du territoire libyen. Il n'y avait pourtant, apriori, aucune accusation précise derrière le constat que les terroristes sont passés par la Libye.

Pour ceux qui connaissent ces vastes étendues, aucun des Etats de la région ne peut se targuer d'un contrôle total de ses frontières. A plus forte raison dans une Libye où le système sécuritaire est, pour faire dans l'euphémisme, en voie de reconstruction. Pas plus que la Tunisie ne devrait voir une «accusation» dans le fait que ses nationaux - 11 ! - étaient les plus représentés dans le commando de terroristes. Les idéologues éradicateurs tunisiens qui font feu de tout bois vont probablement en profiter pour taper sur leur gouvernement. C'est un jeu établi là-bas depuis que la parole s'est libérée. Il n'en reste pas moins que les Tunisiens auraient tort de ne pas s'interroger, pour eux-mêmes d'abord, de cette surreprésentation qui fait dire à certains observateurs que ce n'est pas seulement la parole qui s'est libérée en Tunisie mais également l'argent et les agents du djihad.

Cette forte présence dans le commando de terroristes qui a attaqué Tiguentourine est clairement à mettre en relation avec des informations persistantes disant que les Tunisiens sont parmi les plus nombreux à aller faire le djihad des «sunnites» en Syrie contre les «alaouites». Certes, hormis les gens de gauche et des libéraux en Tunisie, le «voyage syrien» jouit d'une sorte de légitimité du fait de l'engagement du gouvernement de Tunis en faveur de l'opposition syrienne et contre le régime de Bachar Al-Assad. C'est un choix qui ne surprend pas s'agissant d'un gouvernement dominé par les Frères musulmans qui sont fortement engagés et impliqués dans la bataille qui se déroule actuellement en Syrie. Mais le parti d'Ennahda ne peut se voiler la face, le salafiste tunisien «nationaliste» qui va faire le djihad ailleurs en préservant sa Tunisie, cela ne tiendra pas. Cela vaut plutôt pour le contrebandier tunisien qui fait rarement du tort à son pays, contrairement à l'Algérien qui n'a aucun scrupule à le faire. Mais les illuminés finissent par ne connaître ni limites ni frontières. Ceux-là ne font pas de différence entre aller en Syrie ou aller à Tiguentourine.

DERNIER ELEMENT A RELEVER DE L'INTERVENTION DE M. SELLAL, L'INSISTANCE SUR LE FAIT QUE L'ALGERIE N'ENVERRA PAS DE SOLDATS AU MALI. TANT MIEUX. IL Y A BEAUCOUP A FAIRE, ICI, POUR NE PAS S'EMBARQUER DANS LES AVENTURES DES AUTRES. MAIS BIEN ENTENDU, CELA NE DISPENSERA PAS DE LA NECESSITE D'OUVRIR UN VRAI DEBAT POLITIQUE SUR LES ASPECTS STRATEGIQUES. IL EST PLUS NECESSAIRE QUE JAMAIS !