Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

UN CONSTAT D'ECHEC INACHEVE

par M. Saadoune

M. Mahmoud Abbas est passé devant l'Assemblée générale de l'Onu et il a fait un constat, déjà établi depuis des lustres par de nombreux Palestiniens, de l'échec des négociations avec Israël. Ce qu'il n'a pas vraiment dit est que l'Autorité palestinienne qu'il dirige porte la grande responsabilité d'avoir fait durer indéfiniment une fausse partie de négociation. Elle est allée, pour cela, jusqu'à l'affrontement fratricide avec le Hamas après sa victoire aux élections législatives.

Certains responsables de l'Autorité palestinienne font mine de s'étonner et s'offusquent qu'un récent sondage réalisé par le Palestinian Center for Policy and Survey Research (PSR) montre que les Palestiniens considèrent qu'on vit mieux à Ghaza qu'en Cisjordanie. Des analystes occidentaux s'étonnent également de cette préférence mais le paradoxe n'est qu'apparent. Les difficultés économiques et sociales à Ghaza étant indéniablement plus graves qu'en Cisjordanie occupée, la seule conclusion à en tirer est que le sentiment des Palestiniens se fonde sur des aspects de dignité et de politique. Ainsi la vie à Ghaza, sous la menace des avions et des actions de l'armée israélienne - et on peut ajouter pour aller dans le sens des idées dominantes sous le «joug» des islamistes du Hamas -, est mieux perçue que l'état d'oppression consentie en Cisjordanie. Une situation d'oppression ressentie depuis longtemps et à laquelle l'Autorité palestinienne participe par sa collaboration sécuritaire. A la longue, le sentiment s'est installé qu'une caste vit de la «négociation» sans fin alors que l'oppresseur grignote systématiquement ce qui reste des territoires palestiniens.

Mahmoud Abbas a fini, après une ténacité remarquable dans une démarche illusoire, par reconnaître l'échec des négociations qui n'ont jamais existé. Israël n'est pas intéressé par une solution de deux Etats, il annexe les territoires palestiniens qui n'ont déjà plus aucune continuité? Mais Mahmoud Abbas n'est pas allé jusqu'au bout de sa conclusion. Le constat d'échec qu'il fait est celui du processus d'Oslo, celui-là même au nom duquel a été créée une Autorité palestinienne. Il n'a pas non plus osé faire le constat que les Occidentaux en général et les Américains en particulier, même sous le leadership de Barack Obama, ne sont pas non plus dans de meilleures dispositions à l'égard des Palestiniens. La plus forte des «critiques» qu'ils puissent émettre consiste à ne rien dire. Pour le reste, ils applaudissent même quand Netanyahu ramène un mauvais dessin à exhiber à l'Onu.

M. MAHMOUD ABBAS N'A PAS OSE DEMANDER IMMEDIATEMENT QUE LA PALESTINE SOIT ADMISE A L'ONU EN TANT QU'ETAT MEMBRE AVEC LE STATUT D'OBSERVATEUR. IL FALLAIT, PARAIT-IL, NE PAS EMBARRASSER BARACK OBAMA EN PLEINE CAMPAGNE PRESIDENTIELLE. CERTES, BARACK OBAMA EST PLUS «SYMPA» QUE MITT ROMNEY, MAIS ON EST TRES LOIN DU PRESIDENT QUI DEMANDAIT L'ARRET DE LA COLONISATION. LES RESPONSABLES PALESTINIENS DENONCENT, A JUSTE TITRE, LES APPELS AU MEURTRE CONTRE MAHMOUD ABBAS, LANCES PAR AVIGDOR LIEBERMAN. MAIS CELA NE DOIT PAS FAIRE OUBLIER QUE LES «NEGOCIATEURS» ONT CREE UNE SITUATION D'ERRANCE ET DE COURSE AUX ILLUSIONS DONT LE PRIX EST CHER. ET TANT QUE CES «NEGOCIATEURS» NE TIRERONT PAS TOUTES LES CONCLUSIONS DE L'ECHEC, ILS NE SERVIRONT PAS LA CAUSE DE LEUR PEUPLE.