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ROUIBA, LES «RETRAITES» ET LA CENTRALE

par M. Saadoune

Du côté de la zone industrielle de Rouiba, il y a un climat d'effervescence sociale qui a l'air de surprendre le management des entreprises publiques et leurs «tutelles» des SGP. La «surprise» vient du fait que ce sont des syndicalistes de l'union locale de l'Ugta qui mènent la bataille. Comme si les dirigeants des entreprises avaient l'assurance que la «centrale» jouera continuellement au pompier. Or, parfois, la centrale «amie» est obligée d'écouter et de tenir compte des cris de colère de la base. Quand elle ne l'encourage pas quand il s'agit d'essayer de rappeler sa propre utilité politique. Cette dernière explication a été la plus évoquée à la suite du durcissement verbal du secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, et de sa soudaine combativité. La centrale syndicale peut ainsi prétendre que ses «détracteurs» la critiquent quand elle joue au «pompier», mais aussi quand elle prend un ton plus revendicatif. Mais l'argument est trop simple. Car, la direction de l'Ugta, à force de cultiver son sens des «responsabilités», a fini par convaincre les observateurs qu'elle ne bouge que sous pression. Et dans ce cas de figure, elle bouge car elle ne peut faire autrement. A défaut de pouvoir entraver le mouvement, la centrale syndicale tente de tirer profit d'une exaspération palpable, depuis des mois, dans le bastion ouvrier de Rouiba. Sidi Saïd a ainsi choisi d'accompagner «Rouiba» en mettant en cause le ministre de l'Industrie à qui il a reproché de ne pas répondre au courrier et de «pousser à l'anarchie». Il a même évoqué l'idée d'un complot «prémédité» destiné à discréditer l'Ugta ! L'argument est facile et un peu trop usé. Mais l'essentiel pour la centrale était de ne pas se mettre en porte-à-faux avec une colère sociale réelle. Et les travailleurs étaient, hier, très déterminés. Avant d'être reçus au ministère de l'Industrie et de la PME, les syndicalistes n'hésitaient pas à promettre une mise à l'arrêt de la zone industrielle de Rouiba en cas d'échec des discussions. A entendre les propos tenus par les travailleurs rassemblés hier devant le siège de l'Ugta, on comprend qu'à force d'être comprimée, la colère a pris un tour purulent. Il y avait, par exemple, une violente charge contre les cadres «retraités» qui ont repris du service dans ces entreprises et qui sont accusés de tous les maux et, notamment, de créer un «climat malsain» au sein des unités de production. Il est difficile de se prononcer sur ce genre d'accusation. Mais ces cadres «retraités», qui ont été sans doute rappelés par nécessité par les entreprises, semblent servir de boucs émissaires à une longue panne de dialogue social. Et c'est dans ce domaine où le fonctionnement «pompier» de la centrale a des effets pervers. Quand les structures syndicales locales sont bridées, le dialogue social censé prévenir les conflits ne fonctionne pas. Et c'est bien parce que la démarche de la centrale était trop timorée ? pour ne pas utiliser un vocabulaire plus politique ? que les syndicats autonomes ont fleuri malgré les entraves de l'administration. La colère des travailleurs de Rouiba n'était pas destinée seulement contre les SGP et autres «retraités».