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Le flop du nouveau SNMG

par Yazid Alilat

Cela sonne comme un ?'flop». Le salaire minimum garanti a été revu à la hausse pour la seconde fois en deux ans. Et la hausse que tout le monde attendait n'est pas au rendez-vous d'une tripartite non-stop. Pour les travailleurs, cela peut être vécu comme une déception de plus. Ce sera donc 18.000 dinars pour le nouveau SNMG, un peu moins de 170 euros par mois dans un pays qui compte porter ses recettes d'hydrocarbures à plus de 60 milliards de dollars en 2011. Et qui dort sur un matelas d'un peu plus de 170 milliards de dollars de réserves de change.

 Pourtant, la centrale syndicale était montée au front, avant cette tripartite, pour réclamer au minimum 20.000 dinars pour le nouveau SNMG, après avoir réussi à obtenir 15.000 dinars en 2010. L'UGTA a-t-elle monté la barre trop haut ? En fait non, car en face il y avait deux blocs qui avaient ramé à contresens. Il y a d'abord le gouvernement qui ne donne jamais sans contrepartie, et le patronat qui, même s'il était pour une hausse du SNMG, avait clairement souligné que cela ne devait pas se faire au détriment de l'entreprise. En clair, le patronat et le gouvernement, qui gère les deniers publics de la collectivité, étaient eux sur la même longueur d'onde. D'autant que M. Ouyahia avait prévenu, avant le début des travaux de la tripartite, que s'il y avait augmentation du SNMG, cela se fera mais sans menacer les équilibres macroéconomiques du pays et, surtout, ne pas accentuer le déficit budgétaire. Un déficit d'ailleurs de près de 33,9 % du PIB est prévu par la loi de finances complémentaire 2011, alourdi par les dépenses publiques évaluées à plus de 4.000 milliards de dinars.

 On comprend dès lors les craintes du chef du gouvernement et les réticences du patronat à donner plus aux travailleurs, sinon à s'entendre sur un salaire qui ferait du containement face à la hausse exponentielle des prix des produits de large consommation.

 Car pour les travailleurs, qui n'ont pas le temps ni les moyens de débattre de la politique des salaires dans une conjoncture économique nationale marquée par une stagnation de la production et une hausse constante des importations, il n'y a que la fiche de paie de chaque fin de mois qui compte. Et qui garantit également pour le gouvernement une si difficile paix sociale. Car au fond, c'est un peu cet aspect de la question qui a été déterminant pour la décision d'une hausse de 20% du SNMG. Que représentent 75 milliards de dinars de plus dégagés pour couvrir cette augmentation face aux recettes pétrolières ? C'est, au taux de change actuel, un milliard de dollars consacré à répondre aux attentes sociales, à gagner un répit sur le front social et à préparer sereinement les prochaines échéances politiques. Et, surtout, à donner un peu d'oxygène aux bas salaires, ceux qui, en fait, produisent le plus et consomment le moins. Ceux qui, chaque jour, font marcher les usines, les administrations ou les moyens de transport.

 Finalement, avec une inflation réelle de plus de 5%, un SNMG à 18.000 dinars n'est pas cher payé pour le gouvernement et le patronat, à un moment où beaucoup d'Algériens ne mangent pas à leur faim. Quant à l'UGTA, il est certain qu'elle va revenir à la charge, dans moins de deux ans, avant la prochaine présidentielle de 2014.