Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

COLERES DANS Un Desert Politique

par K. Selim

DANS LE GRAND DESERT POLITIQUE QU'EST DEVENUE L'ALGERIE, LE POUVOIR PENSE QU'IL LUI SUFFIT DE L'INERTIE ET D'UN PEU DE REDISTRIBUTION POUR REGLER SES «PROBLEMES». C'EST UNE QUESTION DE HAUTEUR DE VUES. CELLE DU POUVOIR EST CELLE DE L'IMMEDIAT : EVITER QUE LA COLERE GENERALE DES ALGERIENS (ON PEUT MEME RENCONTRER DES HOMMES ET DES FEMMES DANS LE REGIME QUI SONT TRES MECONTENTS DE SON INEFFICACITE) NE SE CRISTALLISE EN REVENDICATION POLITIQUE CLAIREMENT DEFINIE.

 N'EN DOUTONS PAS UN INSTANT : LES HAUSSES DE SALAIRES OU LE SOUTIEN AUX PRIX DU SUCRE ET DE L'HUILE NE TRANSFORMENT PAS DES ALGERIENS MECONTENTS EN ALGERIENS SATISFAITS. A TOUS LES NIVEAUX, S'EXPRIME, DE MANIERE CONFUSE, UN BESOIN DE CHANGER ET D'OUVRIR DE NOUVELLES PERSPECTIVES.

 LES ALGERIENS NE SONT PAS DIFFERENTS DES AUTRES PEUPLES ARABES QUI S'EBROUENT ET ESSAYENT D'EN FINIR AVEC LE SYSTEME AUTORITAIRE. DE CE POINT DE VUE, LES ASPIRATIONS DES SYRIENS, DES LIBYENS, DES EGYPTIENS OU DES TUNISIENS SONT LES MEMES CAR CE SONT DES REPONSES DE SYSTEMES A FORTE SIMILITUDE. ET CONTRAIREMENT AU DISCOURS DU SPECIFIQUE, LES ALGERIENS NE SE SENTENT PAS DIFFERENTS.

 ON PEUT CONSTATER AUSSI QUE MEME DANS DES PAYS COMME LA TUNISIE ET L'EGYPTE OU L'ON POUVAIT ESCOMPTER UN CHANGEMENT EN BON ORDRE, LES CHOSES NE SONT PAS AUSSI SIMPLES. LES SYSTEMES AUTORITAIRES, ENCORE EN PLACE MEME SI LES PRESIDENTS ONT ETE DECHUS, ONT PENDANT DES DECENNIES ?UVRE A CREER UNE DESERTIFICATION POLITIQUE GENERALISEE. ET AUJOURD'HUI, LE CHANGEMENT PEINE ENCORE, FAUTE DE CAPACITES POLITIQUES, A SE CRISTALLISER.

 L'EGYPTE ET LA TUNISIE NOUS ENSEIGNENT, UNE FOIS DE PLUS, QUE LA CHUTE D'UN PRESIDENT N'EST PAS LA FIN D'UN REGIME. ET QUE LES CHANGEMENTS SERIEUX ET DURABLES SONT CEUX QUI SONT LE FRUIT D'UN DEBAT FECOND ENTRE TOUTES LES FORCES POLITIQUES DU PAYS.

 IL FAUT BIEN ADMETTRE QUE POUR LE REGIME ALGERIEN, CE DEBAT POLITIQUE, QUI EST FORCEMENT UNE MISE EN EVIDENCE ET UNE EVALUATION DES PRATIQUES DU SYSTEME, N'EST PAS A L'ORDRE DU JOUR. SA FEUILLE DE ROUTE EST DESORMAIS CLAIREMENT TRACEE : ON CHANGE DES TEXTES DE LOI, EN ATTENDANT DE CHANGER LA CONSTITUTION. ON CONSIDERE QUE LES DISCUSSIONS MENEES PAR LA COMMISSION BENSALAH ONT REALISE UN «DIALOGUE NATIONAL» ET QU'IL NE RESTE QU'A EN TIRER LES CONCLUSIONS JURIDIQUES. LE REGIME S'ESTIMANT, UNE FOIS LES LOIS VOTEES ET LA CONSTITUTION AMENDEE, AVOIR SATISFAIT A TOUTES LES EXIGENCES.

 BIEN ENTENDU, PERSONNE NE CROIT QUE LES CHOSES SOIENT AUSSI SIMPLES. LE REGIME EST UN PROBLEME POUR L'ALGERIE. SES PROBLEMES A LUI, IL LES GERE PAR LE GEL, L'INERTIE, LA PARALYSIE, ALORS QUE L'ALGERIE A BESOIN DE DYNAMISME, DE CREATION ET D'OUVERTURE.

 LA VRAIE QUESTION EST DE TROUVER LE MOYEN DE DEBLOQUER UNE SITUATION QUI ENTRAVE L'ALGERIE. LA REFORME AVEC L'IMPLICATION DE L'ENSEMBLE DES ALGERIENS N'EST PAS UN LUXE, C'EST UNE NECESSITE IMPERIEUSE. HIER, M. MEHRI RAPPELAIT QUE LES ENFANTS ALGERIENS D'AUJOURD'HUI CONNAITRONT, DANS 30 OU 35 ANS, UNE ALGERIE SANS PETROLE. ET QUE SI ON NE CREE PAS UNE ECONOMIE DES MAINTENANT ET SUR LE LONG TERME, APRES AVOIR PERDU DES DECENNIES, ON NE LEUR LAISSERA PAS UN PAYS VIABLE.

 ON SAIT QU'AU-DELA DE LA QUALITE INTRINSEQUE DES PERSONNES, C'EST LE SYSTEME LUI-MEME QUI GENERE L'ECHEC ET LA DILAPIDATION ET ENTRAVE L'EMERGENCE D'UNE ECONOMIE. IL EST PEUT-ETRE VAIN D'ATTENDRE QUE CE SYSTEME DEVIENNE ENFIN «RAISONNABLE». C'EST UNE MECANIQUE QUI NE REFLECHIT PLUS ET TOURNE A VIDE.

 LES FORCES POLITIQUES QUI SONT CONVAINCUES QU'IL FAUT UNE AUTRE CULTURE ET UN AUTRE REGIME DOIVENT SE RASSEMBLER ET TROUVER LES MOYENS DE CANALISER LES COLERES ET LES IMPATIENCES QUI S'EXPRIMENT ET DE LES TRADUIRE DANS UN PROJET POLITIQUE VIVABLE ET VERTUEUX. C'EST UNE URGENCE.