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Tentative de diversion sur l'impasse en Libye

par Kharroubi Habib

La situation sur le terrain en Libye ne se présente pas telle que le prétendent le Conseil national de transition (CNT), parlant au nom des insurgés, et les chancelleries étrangères dont les forces militaires participent à l'intervention internationale.

 Le régime de Kadhafi et les troupes qui lui sont fidèles ont certes été affaiblis par les bombardements de l'OTAN, sont sur la défensive et parfois bousculés par les insurgés. Malgré cela, ils tiennent et font apparaître illusoire leur effondrement donné pour imminent par les stratèges militaires de la coalition. Cette réalité a fait dire au plus haut gradé américain que l'OTAN est dans «une impasse» en Libye.

 Douchés dans leur optimisme, le CNT et ses soutiens cherchent alors des boucs émissaires à qui imputer la mauvaise tournure de leurs opérations contre Kadhafi et ses partisans. Les accusations récurrentes portées contre l'Algérie participent de cette tentative de faire diversion sur les véritables causes qui font que Kadhafi et ses partisans leur opposent une résistance dont ils ont sous-estimé la durée et les capacités.

 Plutôt d'admettre qu'ils ont fait tout faux en ne tenant pas compte que le dictateur dispose d'un soutien populaire au moins aussi déterminé à se battre pour lui et son régime, ils en sont à mettre leur déconvenue sur le dos de pays comme l'Algérie, qui ont eu la sagacité de défendre que l'intervention étrangère conduirait à l'impasse, désormais franchement reconnue comme une réalité par des sources on ne peut plus fiables et informées.

 Derrière donc les accusations allant crescendo dans la gravité de la signification que les porte-parole du CNT profèrent à l'encontre de l'Algérie, il y a manifestement intention pour ce CNT et ses sponsors de justifier par avance des initiatives qu'ils vont prendre, mais contrevenant aux dispositions limitatives de l'objectif fixé à l'intervention internationale par les résolutions 1970 et 73 du Conseil de sécurité de l'ONU.

 La situation d'impasse où s'est enlisée l'intervention de l'OTAN n'arrange pas les Etats qui y participent. Ils veulent en conséquence en sortir. Mais au lieu de le faire en reconnaissant la pertinence de la solution politique que prônent de nombreux acteurs internationaux et régionaux, ils sont tentés d'en découdre militairement et franchement sur le terrain avec les troupes fidèles à Kadhafi.

 Mais pour justifier leur escalade dans l'intervention militaire, il leur faut faire accroire que le dictateur bénéficie d'aides étrangères qui prolongent la résistance de ses partisans. En tant que pays voisin aux potentialité non négligeables et à la position sur le conflit n'épousant pas les points de vue et la stratégie du Conseil national de transition et de ses sponsors étrangers, l'Algérie est tout indiquée pour eux à qui faire endosser le rôle d'empêcheur de «casser du Kadhafi vite et proprement».

 C'est au Conseil national de transition qu'est dévolue donc la mission de diaboliser ce pays voisin de la Libye et d'en appeler à l'opinion internationale contre ses «ingérences». Sauf que cette institution, censée être l'émanation du peuple libyen, se discrédite irrécusablement par des mensonges à répétition, dont l'effet est que les accusations qu'il porte ne sont plus prises au sérieux, sauf par ceux qui leur en soufflent le contenu.

 Il est maintenant établi que ce Conseil de transition en Libye prend ses ordres dans les capitales pour qui l'intervention dans ce pays répond à des intérêts n'ayant rien à voir avec des considérations d'ordre humanitaire et de la défense des droits des peuples.

 Si nous voulons savoir ce qui va se passer en Libye, ce ne sont pas les gesticulations des membres de ce CNT qui nous l'apprendront, mais ce que diront par exemple l'Elysée ou le Quai d'Orsay, et plus certainement encore le prétendu philosophe français Bernard-Henry Lévy qui parle et décrète en véritable patron de cette instance et de guide suprême des insurgés.