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Tel, tel !

par El-Guellil

La famille nombreuse habite au centre-ville. Ils auront de l'eau, un jour sur deux, à des heures précises. Dans les deux pièces, cuisine et toilettes, ils ne peuvent installer un réservoir. Salut l'hygiène. Il n'y a pas de balcon. Seules les deux fenêtres qui donnent sur une cour leur permettent de voir la lumière du jour. Du soleil, il n'y en a point. Des moustiques, il y en a énormément.

 De l'espace, il n'y en a point. Des jerrycans, il y en a à profusion. Des salaires, il n'y en a point. Des enfants, il y en a beaucoup. Des ktef, il n'y en a point. Des machakil, il y en a beaucoup.       L'aîné de cette famille rentre à six heures du matin. Il réveille le cadet pour la relève. C'est lui qui doit gérer la tabla doukhène, que l'aîné avait installée toute la nuit près de l'hôpital, et permettre à son grand frère d'occuper le lit la journée. Les enfants scolarisés dorment dans la cuisine. C'est pratique, car toute la journée ils sont dehors, soit à l'école quand école il y a, soit à la rue. Deux d'entre eux travaillent à leurs heures perdues.

 A leur vie perdue. Ils travaillent quoi, nul ne le sait. Ils ramènent un peu de masrouf. Les parents sont contents, nos fils sont débrouillards, qu'ils se disent. Puis à quoi bon se casser la tête. Avec tous les chômeurs diplômés, licenciés dès leur sortie des universités, le résultat est le même. La réussite, n'est plus en rapport avec le bagage intellectuel. La réussite c'est la chkara et la connaissance des « bouchkara. De toute façon, la prison est faite pour les hommes. Et nos enfants sont des hommes. Des hommes libres ou libérés après quelques séjours dans une maison de rééducation?