Quitte
à enfoncer encore le doigt, l'orteil en l'occurrence, dans la plaie et rappeler
le 4 à O de Marrakech pour s'entendre dire de nouveau que le niveau de
l'ensemble des joueurs, hormis Belloumi et Madjer, est tout juste égal à celui d'une deuxième division
française ou du premier palier turc et de confirmer toute l'étendue du désastre
technique de l'entraîneur national, incapable d'imaginer un plan de jeu
salvateur, la question qui doit avoir le mérite d'être posée est l'origine de
cet enchaînement qui a conduit le football algérien des cimes d'Oum Dourman au ras des
pâquerettes de Marrakech. Si Benchikha s'est fait
démissionner, si tous les joueurs ont balbutié des semblants d'excuses purement
techniques, n'est-il pas plus judicieux pour l'avenir de nos crampons et plus
honnête pour l'éthique sportive que de demander des comptes aux tenants de
cette catastrophe nationale ? L'entraîneur et les joueurs mis sur la touche, qui
reste-t-il comme responsable de cette déroute ? D'abord l'intouchable membre
exécutif de la FIFA
et accessoirement président de la
Fédé de foot. Ensuite, venant un peu plus haut dans la
pyramide décisionnelle, le ministre du foot et accessoirement de la jeunesse et
des autres sports. Et l'on pourrait aller même plus haut dans la pyramide. L'organigramme
de la défaite ainsi établi, quels fusibles devront sauter pour la bonne marche
de l'avenir ? Le président de la
FAF, se prévalant du droit international, seul atout dans sa
poche, n'a d'autre bilan à présenter que des défaites, plus humiliantes les
unes que les autres, quelques résultats nuls, tout aussi décevants et une ou
deux victoires contre le cours du jeu. Des victoires tellement maigres dans le
classement mondial qu'il est très difficile de s'en souvenir. Et puis, outre
son bilan négatif, il y a le choix de ses hommes. En virant Saâdane,
une deuxième fois, quoique la décision a été applaudie, à l'époque, par tout un
peuple, il a décidé de ramener un technicien à sa mesure en ignorant le chèque
du ministère de tutelle qui voulait un Gerets ou un
Lippi, pourquoi pas, pour l'Algérie. Mais un entraîneur étranger de renom c'est
aussi un caractère à gérer et c'est difficile pour une fédé, avec en sus
l'argent des autres.
Les choix de la FAF étant dictés par une vision étriquée d'un
pouvoir centralisé, il était difficile pour l'Algérie de prétendre à un
entraîneur confirmé qui aurait son mot à dire. Et c'est connu, nos responsables,
à quelques niveaux de décisions qu'ils soient ont, en sainte horreur, une compétence
subalterne. Voilà pour la FAF,
reste le MJS. Que peut-on reprocher à ce dernier ? Rien, si ce n'est la
polyvalence de son ministre, à l'image de tous ses collègues ministres qui
peuvent jouer derrière n'importe quel bureau qu'on leur impose. Du moment
qu'ils jouent. Et le bras de fer qui oppose le ministre au président de la FAF, engagé sur la base d'une
querelle pour «son pays», eh ben on est, nous pauvres
supporteurs impuissants, en train d'en encaisser les premiers coups.