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NOVLANGUE NUCLEAIRE

par K. Selim

La propagande occidentale contre l'Iran est forte et puissante, il ne faut donc pas s'attendre à ce que les médias couvrent correctement la conférence internationale organisée par l'Iran. Pour de nombreux citoyens occidentaux, enserrés dans un matraquage d'une novlangue insidieuse, la seule manière d'entendre des sons de cloche différents serait de chercher dans Internet, dans ces blogs qui rendent fous les gardiens de la bonne pensée.

 Le thème de cette conférence internationale, une réplique à la conférence mondiale anti-Iran organisée par Barack Obama, est «l'énergie nucléaire pour tous, les armes nucléaires pour aucun». Dans les médias conventionnels, on ironise sur cette outrecuidance iranienne à vouloir exactement ce que le traité de non-prolifération commande : pas d'armes nucléaires mais un usage libre du nucléaire à des fins pacifiques. Même si les médias de la civilisation ont martelé pendant des années qu'Ahmadinejad est un fou ou un illuminé - avec l'aide de certaines de ses déclarations inutilement provocantes -, ils ont quelque peine à trouver la bonne riposte à un énoncé simple : un désarmement général sous la supervision d'un organe global. On ironise donc, on crie à la manœuvre, à la manipulation?

 On ne voit vraiment pas en quoi ! En quoi est-ce manipulateur de demander que les grandes puissances ? ainsi que le prévoit le TNP ? s'engagent dans le désarmement ? En quoi est-ce outrecuidant de demander à ce qu'Israël soit astreint aux obligations internationales ? Poser ce genre de questions élémentaires aux grands communicateurs de l'axe du bien et ils vous prendront, dans le meilleur des cas, pour un dangereux naïf. Mais, plus prosaïquement, on vous regardera comme quelqu'un qui n'a pas compris l'ordre et la réalité du monde. Un ordre qui voudrait que les savants iraniens soient interdits d'enrichir de l'uranium et de maîtriser le nucléaire civil et Israël autorisé à avoir un arsenal nucléaire.

 Sur le fond, l'Iran, mis à part le choix de s'auto-interdire le savoir, n'a aucun moyen de satisfaire les Occidentaux. Car tout le savoir acquis par ses chercheurs est «potentiellement» susceptible d'un usage militaire. Il est difficile à une nation de demander à ses savants de s'aveugler ; c'est ce que les Occidentaux exigent de l'Iran.

 Les communicateurs de la civilisation n'aiment pas trop que l'on énonce les choses de manière simple et claire. Quand on évoque l'arsenal nucléaire israélien, leur réponse est invariablement la même : cela n'a rien à voir ! Pour un Palestinien, un Iranien, un Egyptien ou un Algérien, cela a tout à voir? Certains de ces braves communicateurs - leur métier est de nous faire croire, entre autres, qu'un missile de croisière apporte de la démocratie ! - estiment qu'Israël étant une «démocratie», le fait qu'il possède des armes nucléaires ne «pose pas problème». La thèse a été souvent entendue.

 Les amis arabes de l'axe du bien qui essayent, sur une injonction de Washington, de faire croire à une menace perse, n'ont, malgré leur panne d'argument, jamais essayé de l'utiliser. On les comprend ! Ils passeraient pour ces courtisans du conte d'Andersen applaudissant les fabuleux habits d'un roi totalement nu.