Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les studios «Misr» font encore dans le cinéma

par Farouk Zahi

C'est dommage et bien dommage, qu'une partie de la nation, qui a enfanté Naguib Mahfoud, tombe aussi bas dans la fourberie, le mensonge et la vindicte. Pauvre peuple égyptien ! Compagnon d'armes de notre propre peuple hier, il traverse, aujourd'hui, les plus abjects moments de son asservissement intellectuel et matériel depuis la chute de la monarchie.

Qu'a-t-on fait du Saiydi (habitant de la haute Égypte), lui, si fier et rebelle, réduit à une loque humaine ? Il fait partie de la relique folklorique d'un lustre antéislamique momifié. Les images communardes aux alentours de l'ambassade d'Algérie, et rapportées par les médias du monde, sont la triste désolation du jardin planté par les Officiers libres, un certain juillet 1952. Honnis soient ceux qui en ont cédé l'usufruit aux fils de Sion. Les stars du célébrissime feuilleton ne sont plus là, leur condescendance leur a juste permis d'être à « El-Merikh Stadium » le temps d'un match de foot, dans une tribune bien gardée. Les bachaouète (pachas), qui se gargarisent de la non arabité de l'Algérie, ont une folle envie de maîtriser la langue de Molière... pour preuve : leur incongrue adhésion à la francophonie. La campagne de Bonaparte aurait-elle fait des petits ? Chahine doit s'en retourner dans son caveau. La gueuse plèbe des populeux quartiers de Seiti Zineb et autres Hilmia faite de concierges, portefaix, femmes de peine et autres damnés fera la fête à Hagar (Abelkader Hadjar, notre ambassadeur). Invité par une chaîne télévisuelle locale à faire une déclaration, celui-ci déclinait la sollicitation, pour indisposition physique ; il s'attirait ainsi les foudres de ladite chaîne et de ses consoeurs. Ne l'entendant pas de cette oreille, l'animatrice de « El Hayat » lâcha la meute. Une foule déchaînée se dirigea alors vers notre représentation diplomatique pour y déloger le « parjure ». Les « Moussaqafoun » (intellectuels), compagnons infortunés des Pharaons dans leur « Déversoir » soudanais, ont quant à eux pris la précaution de ne faire de déclarations baveuses qu'après s'être assurés, qu'ils étaient bien dans le vol du retour. Leurs premières interviews sur le terrain étaient perfidement fielleuses ; elles feignaient même de féliciter sportivement les Verts. Il n'en était rien, ce n'était qu'une hypocrite duplicité. Fardous Abdelhamid, faussement apeurée et pleurnicharde (déformation professionnelle oblige) aurait assisté à un jet « meurtier » d'une canette vide tombée aux pieds d'une importante personnalité (Chakhssia kibira guidan). L'ogre algérien était trop discipliné pour ne pas appartenir aux forces spéciales, dixit Ihab Tewfik. Ce dernier reconnaît, quand même, que l'émoi de ses consoeurs et confrères, habitués à suivre les matchs à travers le téléviseur, était exacerbé par le tumulte du stade. Enfin, une petite vérité dans un vésuve de fabulations. Nous pensions, comme toute personne sensée, que le « moucelcel) allait prendre fin dès l'ingestion de la botte de Antar Yahia. Malheureusement, il ne s'agissait pas que d'une simple joute sportive, comme tout le monde semblait le croire, mais bel et bien, du transpercement d'une deuxième ligne « Barlev », avec le génie du général Chazli en moins. Le ton guerrier était même donné par d'anciennes complaintes patriotiques de « Kawkeb Echarq » (La diva Oum Koultoum). Décidément, l'insolence des Fennecs a été au-delà de tous les scénarii. Gamal et Alaâ Moubarek, hittistes politiques mis en couveuse par leur père de « Rais », ont été défaits dans le fief même de ce qu'ils considéraient être leur prolongement historique : le valeureux Soudan. Oui, l'ambassadeur de ce pays ami à Alger, le vocable frère devient suspect dans le contexte, a, dans sa conférence de presse du 24 novembre, infirmé toutes les allégations de la partie égyptienne jusqu'à les qualifier de purs mensonges. Il faut chercher les motifs de cette campagne médiatique ailleurs. Le match qui s'est déroulé à Khartoum est un faux alibi, conclura-t-il. La messe est dite. Les fils du Nil, qui ne sont pas d'ailleurs les seuls à l'être, ne savaient-ils pas qu' «El-Merikh», n'est satellite d'aucune autre planète ? Monsieur Alaâ, dont le souci dernier serait l'honneur de l'homme égyptien, parle volontiers de défense des intérêts économiques égyptiens en Algérie par toutes les voies légales, sinon par la force.

 Les véritables raisons de la logorrhée des dauphins et de leurs relais médiatico-politico-financiers sont enfin publiquement avouées. De quelle force parlez-vous, Monsieur le frère du futur président déchu ? Celle exhibée à Rafah pour mieux emmurer Gaza ou celle, plus sournoise, du sabordage du sommet arabe de Doha ? L'Egypte de Nasser n'est pas encore embaumée, elle est simplement silencieuse et énigmatique comme le Sphinx. Le moment venu, elle vous fera engloutir par les abysses marins, tout comme Pharaon. Vous serez la dernière dynastie de clones momiesques qu'une aberration de l'histoire aura fait naître au pays de Saad Zaghloul. La glorieuse Egypte vous enfouira profondément dans le dépotoir de l'histoire. Pendant que vous brûliez le drapeau de l'Algérie la martyre, l'emblème sioniste, comme pour narguer les martyrs du Sinai, flotte hérétiquement dans le ciel d'El Kahira la fatimide, lignée amazighe comme vous semblez y faire l'impasse. Pendant que vous profaniez la mémoire de Ahmed Zabana, Shimon Pérez faisait bombance à votre table. Honte à vous et à votre géniteur ! Votre rancoeur a commencé déjà, lors du festival du cinéma arabe où Ahmed Rachedi pourfendait votre ego, avec son épopée filmique «Mostefa Benboulaid». Les palmes d'or de Hamina en 1975 et de Bouchareb en 2008, vous sont restées dans le gosier. Ces prestigieuses distinctions ne peuvent aucunement être décernées à une nation inculte, vous en conviendrez, même «Bi El Afia» (de force) comme vous le dites si bien chez vous. En dépit de sa splendeur civilisationnelle passée, Oum Eddounia, depuis longtemps ménopausée, ne pourra même pas enfanter les répliques de Massinissa, Abelkader, Cheikh Amoud, Ben M'Hidi, Bouhired, Boumédiene, Zakaria, Bennabi, Yacine, Ouarda, Djebbar, Mosteghanemi, Boutella ou même Chaouchi. Seule, la matrice généreuse de l'Algérie portera pour l'éternité les stigmates des originaux.