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La nouvelle donne israélienne qui inquiète Obama

par Kharroubi Habib

En Israël, Benyamin Netanyahu, le Premier ministre de droite pressenti pour former le nouveau cabinet gouvernemental, est arrivé à constituer une majorité parlementaire en obtenant le ralliement à sa coalition, très fortement marquée à droite, du Parti travailliste (socialiste). La composition du nouvel exécutif israélien va être donc rendue publique incessamment.

De l'avis des spécialistes des questions politiques en Israël, il va être celui avec lequel les Palestiniens et la communauté internationale auront la plus grande difficulté à essayer de faire redémarrer le processus de négociation en vue d'un accord sur le conflit israélo-palestinien. Cette appréciation pessimiste est corroborée par le président américain Barack Obama, qui a avoué mardi que cette nouvelle donne gouvernementale israélienne «n'allait pas rendre plus simple la paix avec les Palestiniens». Lequel Obama a toutefois promis que son pays ferait pression sur le cabinet Netanyahu en faveur d'un Etat palestinien. Il est à espérer que ces pressions dont parle le président américain seront aussi radicales que celles que son pays exerce sur l'Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbès, pour la dissuader de conclure un accord de gouvernement de consensus national avec le mouvement islamiste du Hamas.

La coalition rassemblée par Netanyahu est composée, aux côtés de son parti de droite le Likoud, du Parti travailliste (socialiste), d'Israël Beiteinou (extrême droite nationaliste), du Shass (religieux ultra-orthodoxe) et probablement du Foyer juif, formation d'extrême droite proche des colons installés en Cisjordanie, territoire palestinien.

A l'exception du Parti travailliste qui entretient le flou sur ses positions concernant la paix avec les Palestiniens sur la base du principe de l'existence des deux Etats séparés, toutes les formations constitutives de cette coalition sont opposées à ce principe, d'aucunes allant jusqu'à prôner la purification de l'Etat israélien et des territoires occupés de toute présence des Palestiniens.

L'acceptation du Parti travailliste de participer dans ce rapport de force avec des formations aussi ouvertement ancrées dans l'extrême droite, mues par des visions racistes et opposées à tout dialogue avec les Palestiniens, n'en fait apparaître que plus usurpée l'auréole de partisan d'une solution pacifique et juste du problème palestinien qui lui a été tressée aux Etats-Unis et en Europe.

Il serait curieux de savoir comment les socialistes européens, dont ce parti est membre de leur Internationale, vont réagir au choix qu'il a fait de participer dans le gouvernement israélien aux côtés de la droite et de l'extrême droite, dont ils se refusent à tout contact avec ses pendants européens ou autres. Au point, entre autres, qu'ils s'apprêtent à proposer un changement du statut interne du Parlement européen uniquement pour empêcher que si le président du FN français, Jean-Marie Le Pen, est élu aux prochaines élections législatives européennes, il ne puisse, au bénéfice de l'âge, présider la séance inaugurale de cette institution.

Mais très certainement que ce beau monde taira dans le cas israélien ses phobies doctrinales au nom de la «spécificité de l'Etat hébreu», dont ils font le justificatif indiscutable à tout ce qui se fait et commet chez lui de contraire avec leurs convictions «de démocrates ennemis de tous les extrémismes».