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On chauffe les tambours !

par K. Selim

Barack H. Obama n'a pas encore fait son adresse au monde musulman, mais les messages envoyés ne changent pas sur deux questions au moins : un soutien indéfectible à Israël, à nouveau réaffirmé par Hillary Clinton, et une hostilité sans faille contre l'Iran. Là aussi, Mme Clinton a indiqué qu'elle doutait que l'Iran allait accepter l'offre de dialogue faite par la Maison-Blanche.

Auparavant, on aura assisté à un jeu de poker menteur entre le chef d'état-major interarmées, Michael Mullen, affirmant que l'Iran avait suffisamment de matériaux pour fabriquer la bombe, tandis que le secrétaire d'Etat à la Défense, Robert Gates, jouait au « modérateur » en indiquant que Téhéran n'est pas près d'avoir cette arme « à ce stade ».

Les Iraniens, non sans raison, ont vu dans les deux déclarations de la propagande hostile car jouant sur le postulat, infondé selon eux, qu'ils cherchent à se doter de l'arme nucléaire. «C'est sans fondement d'un point de vue technique et cela s'assimile à de la propagande», a déclaré Hassan Qashqavi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien.

Lundi, le New York Times affirmait que le président Obama aurait envoyé une lettre secrète aux Russes proposant un renoncement au projet de bouclier antimissile en Europe de l'Est en échange d'une coopération de Moscou pour empêcher l'Iran de poursuivre son programme nucléaire. Sans commenter l'article du New York Times, Mme Clinton est allée dans le même sens en déclarant que le déploiement du bouclier antimissile (ABM) américain en Europe, qui suscite l'hostilité de Moscou, était exclusivement destiné à contenir la « menace iranienne ».

En liant l'affaire du bouclier antimissile à la question du nucléaire, l'offre est destinée à embarquer Moscou, qui a de nombreux liens économiques et politiques avec Téhéran, dans une croisade contre l'Iran. Le président russe Dmitri Medvedev a déclaré hier que ce linkage entre le projet de bouclier antimissile américain en Europe et le programme nucléaire iranien n'était « pas constructif ». A l'évidence, Moscou ne veut pas suivre les Américains sur une politique hostile à l'Iran qui n'est fondée que sur les intentions que les Occidentaux prêtent à Téhéran et non sur des faits.

Mais l'affaire traduit bien clairement que l'approche obsessionnellement hostile à l'Iran n'a pas disparu d'une administration à une autre. La seule garantie que pourrait offrir Téhéran est tout simplement un renoncement à développer un programme nucléaire, comme l'y autorise le Traité de non-prolifération. Mme Clinton a sur ce sujet des propos très bushiens : « Nous avons l'intention de tout faire pour dissuader et empêcher l'Iran de se doter d'armes nucléaires ». Tout faire, cela ressemble bien à une mise en condition des opinions publiques. C'est comme si l'on se remettait à réchauffer les tambours de la guerre.

Dans les conditions de la crise économique grandissante et un prix du pétrole très bas, certains Dr Folamour peuvent considérer qu'une fenêtre pour l'aventure s'entrouvre et qu'elle pourrait être lancée encore plus facilement par le très souriant Obama. Le capitalisme a souvent résolu ses crises par les guerres. Les Iraniens ont de bonnes raisons de s'inquiéter.