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Le crime de trop

par Kharroubi Habib

Effroyable, insoutenable, injustifiable, inacceptable. Ce sont là les mots qui reviennent avec une récurrence accusatrice dans les témoignages que rapportent les visiteurs étrangers s'étant rendus à Ghaza pour se rendre compte des atrocités commises par l'armée sioniste pendant les 22 jours de son offensive.

Parmi ces visiteurs, il en est beaucoup que la propagande sioniste, aussi sournoise qu'elle puisse être, ne parviendra pas à faire passer pour des pro-palestiniens acharnés à vouloir ruiner le capital sympathie dont bénéficie l'Etat hébreu au sein de l'opinion internationale. Leurs prises de position passées sur le conflit israélo-palestinien sont garantes qu'ils n'agissent pas par parti pris pro-palestiniens en confirmant les indicibles horreurs qu'ils ont eu à constater ou à apprendre.

En tout cas, l'opinion internationale a foi en leurs témoignages, comme le démontre la vague de condamnations et de demandes de mise en accusation aussi bien de l'Etat sioniste que de ses responsables politiques et militaires ayant assumé l'opération «plomb durci».

Jamais depuis sa création il y a 60 ans, l'Etat hébreu n'a eu à être confronté à une vague de réprobation aussi radicale et étendue que celle provoquée aujourd'hui par son agression sauvage contre la population ghazaouie.

Il fut un temps où Israël se voyait reprocher tout au plus la «disproportion» de ses ripostes. La puissance et l'influence de ses alliés dans le monde faisaient en sorte qu'il bénéficie de l'immunité, rendant caduque toute autre accusation. C'est avec l'injustifiable et barbare tragédie de Ghaza que les consciences se sont éveillées à la réalité d'un Etat sioniste qui, sous prétexte de légitime défense, agit en tant qu'entité terroriste et criminelle implacable, sans respect pour les lois internationales et humanitaires.

La révolte et l'opprobre universels suscités par les agissements de l'armée israélienne durant les 22 jours de son agression ont cette fois des chances de se matérialiser devant les juridictions nationales et internationales en plaintes précises accompagnées de preuves et d'arguments irrécusables.

Pour autant, il ne faut pas se faire grande illusion quant à leur éventuel aboutissement en forme de mise en accusation et de procès contre les responsables israéliens ayant planifié, ordonné et participé à l'immense carnage qui s'est produit à Ghaza. L'Etat hébreu conserve des appuis et des protections qui empêcheront qu'il en soit ainsi.

Ce n'est pas pour autant une raison de ne pas aller jusqu'au bout de la démarche. Il ne faut plus en effet laisser Israël faire prévaloir l'odieuse fiction qu'il est un Etat et une société construits et fonctionnant sur les hautes valeurs de l'humanisme. Il s'agit de faire comprendre à cet Etat, comme l'a écrit l'historien André Nouschi, «qu'il n'est plus possible de se taire devant la politique d'assassinats et d'expansion impérialiste d'Israël, qui se conduit exactement comme Hitler s'est conduit en Europe avec l'Autriche, la Tchécoslovaquie, qui méprise les résolutions de l'ONU, comme lui celles de la SDN, et assassine impunément des femmes et des enfants...».