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Les rentiers de la discorde

par Ali Benatallah*

Ce n'est pas la plume qui manie l'Homme, c'est l'Homme qui manie la plume. L'écriture vertueuse invite à la modestie et le sens de la mesure, pour la noble convergence à l'honneur du peuple, pour la grandeur de l'Algérie. Dans l'espace de l'Algérie plurielle et indivisible, la bêtise n'est pas de mise. Et, comme les écrits ont leurs auteurs, la discorde a ses rentiers. Ainsi, la tentation de l'ivresse de la plume est une indescriptible aventure, marquée par le sceau de l'insoutenable offense. La discrimination sociale se situe aux antipodes de la critique objective et de l'analyse logique des réalités.

Les actes d'adversité dans l'écriture acerbe et la légèreté des idées négatives ne sont nullement indispensables à la culture, elles sont les causes de l'infortune de la plume, à travers ses empreintes indélébiles et ses tatouages. La liberté d'expression est un droit, mais les opinions et les points de vues ne peuvent, ni ne doivent ignorer les lignes d'honneur, parce que les principes et les valeurs de l'unité nationale sont immuables et ne sont pas de vains mots, ni des discours creux.

Des pamphlétaires

Le vent de la discrimination qui domine la scène de l'actualité politique démontre l'indécence des lettres et l'impasse de la vulgarité. Des indigents d'esprit manipulent à l'excès les jugements de valeur extrémistes, en bafouant la dignité humaine et en piétinant les droits et les libertés des citoyens. Cette implication démesurée constitue une preuve manifeste de décadence culturelle et d'aliénation morale.

Les pamphlets sont les argumentaires des faibles d'esprit qui s'ingénient à investir le champ de la bêtise stérile, à travers des gavages outranciers au rythme de la conjugaison des verbes dire et écrire qu'ils détiennent de leur passé composé de fautes monumentales. Les pamphlétaires agitent des qualificatifs misérabilissimes, ramassés du bas-fond de l'inculture, afin d'inventer des portraits maudits, en vue de salir la bonne image de la communauté cible, ce qui est préjudiciable à la Nation.

Les rentiers de la discorde sont des agitateurs au service de la propagande de leurs commanditaires, ils pratiquent la marche impudique à l'ordre de la rente de la corruption pour la pollution des esprits. La liberté d'expression ne peut se travestir, ni servir de faire valoir à certains faiseurs d'opinions, pour entamer des actions discriminatoires de manipulation à caractère politique, indignes de notre humanité.

La tyrannie du discours discriminatoire

A titre de rappel, le peuple souverain est le garant et le répondant du respect de la dignité, des droits, des libertés et des intérêts du citoyen et des communautés, sans considération de statut social ou de situation géographique. Chaque citoyen est essentiel à la société et les communautés dans leurs multitudes constituent la composante, une et indivisible, du peuple et leurs différences sont des richesses complémentaires.

Les idées définissent la maturité de l'Homme. Et donc, sur ce chapitre, il est plus génial de refouler la tyrannie du discours de la discrimination qui cherche à dominer la scène de l'actualité politique, une tentative qui n'a pas encore livrée tous ses secrets. Ainsi, savoir lire et écrire ne dispense, nullement, de propager de belle pensées solidaires de l'unité nationale. Nul n'est censé ignorer ce que le citoyen doit à la société. L'Homme de conscience ne lésine pas sur les moyens pour faire œuvre humaine bénéfique au peuple et à la patrie.

Le peuple algérien a la sagesse salvatrice de bannir à jamais les écritures et les discours de la discorde qui sont indignes de notre algérianité. Ses élites politiques et intellectuelles ne sont pas inscrites sur le registre des absents du débat d'actualité. En éveilleurs de consciences, ils font face aux défis des impératifs actuels, par la magnifique intelligence, le courage politique et la force d'imagination des semeurs d'espoir au sein du peuple. Ils ont la volonté inébranlable de ne pas céder à l'impossible pour réaliser le rêve algérien.

Le pardon, un acte de noblesse

L'Algérie a des Hommes doués d'une intégrité exemplaire, ils sont porteurs de convictions justes et solides comme les rocs de nos célèbres montagnes. Ces Hommes savent que le grand pardon n'est, en aucun point, un signe de faiblesse. La générosité du cœur et la noblesse de l'âme recommandent vivement cette alternative responsable, validable par la raison juste et équitable. Certes, la sagesse humaine dicte que pardonner l'offense est un acte digne de grande noblesse.

La belle plume assume l'expression de l'élégance de la pensée pour éclairer le chemin des Hommes. Telle est l'œuvre majeure des amoureux de l'Algérie de tous les Algériens. Les enseignements de l'histoire dictent l'évidence à la conscience humaine, en vue de bien considérer que c'est avec beaucoup d'efforts et de sacrifices et de la patience inébranlable et de la force de l'unité que les peuples avancent à pas de géant, pour construire ensemble le meilleur avenir.

Des idées et des Hommes

L'esprit convoque l'art et la manière à hauteur d'humanité, pour construire et ne pas détruire, pardonner et s'éloigner de la rancune, aimer le prochain et le lointain et ne jamais haïr, dire et faire du bien et bannir le mal, partager fraternellement l'eau et le pain et ne jamais s'encombrer d'égoïsme, afin d'assumer le vivre ensemble en paix.

Enfin, la vigilance se confirme de jour en jour car, il y a ceux qui ne pardonnent pas à l'Algérie qui avance à grands pas, les commanditaires des rentiers de la discorde.

La solidarité s'affirme au bord du grand fleuve du patriotisme, là où s'éteignent les feux de la discorde.

*Ecrivain