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AFFAIRES ETRANGÈRES !

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Livres

Sur le toit du monde. Chroniques américaines. Essai de Amine Kherbi. Anep Editions, Alger 2021, 301 pages, 1.080 dinars



Son premier ouvrage était un ensemble d'articles, d'études et de documents de position élaborés parallèlement à son travail de diplomate. Ils couvrent le vaste champ des relations internationales, les questions régionales et celles relatives aux processus d'intégration économique, à la politique de développement et à l'action extérieure de l'Algérie. Les enjeux de sécurité pour l'Algérie sont abordés dans le contexte d'un environnement régional troublé et incertain ainsi que d'une mondialisation débridée.

Son second, celui-ci, est une récap' d'écrits, notes et chroniques de l'auteur qui était alors ambassadeur aux Etats-Unis de 2005 à 2008, sous la présidence de George Bush. Il s'est attelé, dès son arrivée, à tenir une sorte de journal dans lequel il transcrivait toutes ses observations sur le fonctionnement de cet État, de ses institutions, mais aussi de ses citoyens. Sa conclusion est nette et claire. Pour lui, « si les USA sont une grande démocratie, cela s'explique par des institutions fortes conçues, depuis la naissance de ce pays, qui ont fonctionné de manière durable et un engagement citoyen».

Il note, aussi, «le déclin relatif de l'Etat et la montée en puissance de la nation dans un contexte de mondialisation qui a changé les règles du jeu international et favorisé une évolution du système au rythme des recompositions géopolitiques, des redistributions des cartes de l'économie mondiale et du déplacement des centres d'intérêt vers la zone Asie-Pacifique».

L'Auteur : Diplomate de carrière. Ministre délégué aux Affaires étrangères, conseiller auprès du président de la République, A. Bouteflika, ambassadeur dans plusieurs pays (dont aux USA : 2006-2008), enseignant à l'Idri, 2018-2019 (Mae)... Auteur, entre autres, en 2018 (Editions Anep) de «L'Algérie dans un monde en mutation : regards sur la politique économique, la sécurité nationale et les relations internationales».

Table des matières : Au lecteur/Avant-propos/ Introduction/Chapitre I : Le paradoxe américain des temps présents/ Chapitre II : Les ambivalences de la politique extérieure des Etats-Unis/ Chapitre III : Les enjeux de sécurité pour les Etats-Unis/ Chapitre IV : Le temps des ruptures/ Chapitre V : Chroniques/Conclusion/Epilogue (jusqu'à février 2021..., l'ouvrage ayant été terminé en novembre 2019)/Postface : In memoriam, hommage à Raouf Boudjakdji /Remerciements/ Annexes(p 251 à 298).

Extraits: «Plus que dans la plupart des pays, le système politique américain est dépendant de l'opinion publique» (p9), «Les Etats-Unis font la fierté de leurs ressortissants qui sont tournés résolument vers la vie intérieure de leur pays. Le rêve américain continue d'enflammer leur esprit et d'affirmer leur engagement. Cela engendre également l'individualisme et l'exceptionnalisme moral qui fondent l'état d'esprit des élites» (p17), «Le nouvel exceptionnalisme américain, qu'exprime la stratégie de sécurité nationale, est un mélange disparate qui évoque à la fois la primauté américaine et l'équilibre des puissances» (p233).

Avis : Rapport d'un diplomate. Pour comprendre l'Amérique (les USA) bien plus que les Américains. Facebook

Citations: «La politique n'est pas une estimation objective d'intérêts. Le monde réel est autre. Comme celle de tous les autres pays, la politique américaine est pleine de dilemmes, de compromis, d'ambiguïtés et de contradictions» (p31), «Paradoxalement, l'Amérique a été tantôt le moteur de la coopération multilatérale, tantôt son frein. Ce sont ses intérêts nationaux qui dictent, en définitive, ses choix» (p57), «Il n'est pas évident que le primat de la puissance conduit inévitablement à la création de liens forts entre le pouvoir politique et la société civile» (p233).



Diplomatie et médias. Essai de Chérif Chikhi. Editions Dahlab, Alger 2020, 149 pages, 1.000 dinars



La communication diplomatique, c'est évident, joue un rôle très important dans la gestion et l'évolution des relations internationales. Et ce, depuis la nuit des temps. De nos jours, partout à travers le monde développé, on a su promouvoir les voies, moyens et techniques d'information, pour bien d'entre-elles très originales, et maîtriser les outils dont les organes de presse classiques et les hommes, des journalistes y compris. C'est ce qui a fait que, très tôt, l'enseignement des Sciences politiques (et de l'Administration) a fait jonction avec celui du journalisme et des sciences de la communication et l'information (note : j'ai eu l'honneur d'animer, durant quelques années, en section Diplomatie/Ena, une conférence de méthode, la seule à l'époque je crois, sur le «nouvel ordre international de l'information»).

Chez nous, en Algérie, nous nous sommes retrouvés «coincés» dans les filières traditionnelles, la pratique de la diplomatie étant devenue une sorte de «chasse gardée». Après la première grande vague des «anciens» de la guerre de libération nationale suivie des «vaguelettes» des protégés du «système», nommés pour la plupart en guise de «récompense» ou «d'éloignement», est venu le temps des lauréats de l'Ena, section Diplomatie (surtout, bien qu'il y ait eu quelques «intrus» dont d'anciens de la presse : Benmehal (Aps), M. Mili (El Moudjahid-hebdo, Aps et Mic), Zerouala, Baba Ali (Aps et Mic), Achache M'hand (si ! si !), A. Bensalah (si ! si !), Antar Daoud (Télé), Belkacem Madani (Aps), Aziz Sbâa (Horizons...)...

Cela ne veut aucunement dire que le pays n'a pas connu de grands diplomates, devenus experts en communication : durant la guerre, bien après et aujourd'hui. La création, par le Mae, de l'Idri (après la mise entre parenthèses de la section Diplomatie à l'Ena) a, certainement, aidé à mieux appréhender la problématique de la com' diplomatique, à mieux connaître les ressorts de la com' internationale (et nationale) et ce, grâce à l'enseignement par des anciens. C'est ce que je crois avoir saisi en parcourant l'ouvrage de Chérif Chikhi.

A travers moult exemples de terrain, il a su démonter le mécanisme de la communication diplomatique internationale (les lobbies, la désinformation, la propagande, les mensonges, les falsifications, le tripotage d'images, la «twiplomatie», la diplomatie digitale, les campagnes d'intoxication..., le tout avec des exemples précis à l'appui), bien que ne s'attardant pas assez ou pas du tout sur l'organisation et les ressorts de la communication diplomatique nationale produite par l'Algérie. On aurait mieux apprécié les «gaps» à combler dont le plus important, développé surtout durant les années 2000-2020, celui du journaliste algérien totalement «méprisé» et celui des organes soumis (quand ils ne se sont pas totalement écartés) aux caprices et humeurs du grand et unique «Réd Chef». Ainsi que de certains responsables (pas tous, heureusement) passant bien plus leur temps à donner des «leçons de journalisme» et des «communiqués» à publier in extenso que des infos structurées, à exploiter librement et non pas seulement à diffuser telles quelles.

L'Auteur : Diplômé de l'Ena, section Diplomatie. Fonctionnaire au Mae, puis ayant exercé auprès de plusieurs ambassades algériennes à l'étranger. Ambassadeur d'Algérie en Ukraine, au Vietnam... et enseignant à l'Idri (Alger).

Extraits : «Les bons journalistes sont ceux qui sont un peu historiens, qui ont le sens du temps qui comprennent que dans le présent il y a une histoire aussi, il y a un passé. Et puis, il faut aussi être un peu sociologue, connaître les sociétés, leur démographie, leur culture, leurs particularités... Ensuite, il y a des tours de main (note : les «ficelles»), pour le journalisme comme pour n'importe quel métier, il y a une habileté, il y a une technique....» (p 41), «Pour les diplomates, la fuite calculée peut servir à faire avancer une cause ou à déstabiliser des adversaires car ils savent pertinemment que les médias, donc les journalistes, influencent les opinions publiques» (p 66).

Avis : Ouvrage destiné beaucoup plus aux étudiants, futurs diplomates (Td) qu'aux diplomates eux-mêmes, le sujet étant peu attirant pour le commun des citoyens, bien que préoccupant. Texte bien «amené» et très riche en informations... mais livré en vrac au «kilomètre» et d'un seul tenant. Quelques photos.

Citations : «Le choix des mots est, assurément, précieux dans la communication diplomatique» (p 9), «La parole, jure-t-on, est comparable à l'eau. Une fois versée par terre on ne peut plus la ramasser» (p31), «Le mensonge ou la fourberie tendent à éloigner la confiance alors que l'habileté diplomatique consiste, plutôt, à l'inspirer» (p 35).

Note : lire aussi

-«En mission extraordinaire. Carnets d'un ambassadeur en France 1970-1979». Mémoires de Mohammed Bedjaoui, Casbah Editions, Alger 2016, 415 pages, 1.200 dinars (Fiche déjà publiée. Pour rappel)

-«Le diplomate et le despote». Essai/Témoignage de Rabah Toubal. ACA/Editions El Qobia, Alger 2019, 636 pages, 1.500 dinars (Fiche déjà publiée. Pour rappel)