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Helicopter Money ou de l’argent pour les Algériens

par Akram Belkaïd, Paris

C’est l’arme ultime contre la crise économique et financière. Mieux, contre la dépression qui s’annonce en raison des effets de la pandémie de Covid-19. Le principe est simple : donner de l’argent directement aux particuliers. En un mot, leur assurer un revenu minimum durant une période suffisamment longue pour soutenir la consommation et générer un peu d’inflation. On sait que les premières réponses face aux crises concernent rarement les ménages. Les Banques centrales peuvent baisser les taux et, comme elles le font depuis la crise de 2008, injecter directement des liquidités dans le système en financier en rachetant des actifs plus ou moins solides. Mais là, il s’agit d’aller au-delà.

Une idée de Milton Friedman

Dans le cas de l’hélicoptère monétaire, c’est la Banque centrale qui crée directement de la monnaie et la distribue aux citoyens. Le nom de cette variante particulière de politique monétaire est lié à l’économiste ultra-libéral Milton Friedman qui écrivit un article en ce sens en 1969 « the optimum quantity of money » (la quantité optimale d’argent [en circulation]). Il imagina ainsi les effets économiques positifs liés au fait qu’un hélicoptère déverse des billets de 1 000 dollars sur une communauté.

L’idée est tout sauf folle. Ben Bernanke, l’ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed), a beaucoup travaillé sur la crise de 1929 et sur les erreurs commises alors par les autorités et, surtout, par la Banque centrale étasunienne. Pour lui, la Fed aurait dû alors injecter de l’argent dans l’économie en octroyant directement des fonds aux particuliers. Dans ses travaux, il a donc adhéré aux préconisations de Friedman ce qui lui vaut encore, à ce jour, le surnom d’« helicopter man ».

Va-t-on en arriver là ? Aux Etats-Unis, le président Donald Trump envisage d’octroyer 1 000 dollars pour chaque citoyen. Pas suffisant, réplique Bernie Sanders, candidat à l’investiture démocrate, pour qui 2 000 dollars par mois durant autant de temps qu’il le faudra sont nécessaires. D’autres hommes politiques sont d’accord avec l’idée d’une aide directe mais ont du mal à se faire à l’idée que l’on « donne » de l’argent aux particuliers (le faire pour des banques ne les a jamais dérangés...).

Un revenu universel pour les Algériens

Au-delà des débats sur la pertinence de l’argent distribué par hélicoptères, il est évident que la question qui est désormais posée est celle du revenu universel. La question a fait l’actualité il y a quelques années avant de refluer sur le plan médiatique. Aujourd’hui, par ces temps où l’économie est bloquée, aucun gouvernement n’échappera à ce type de revendication.

Cela vaut pour l’Algérie où les activités informelles, hautement dépendantes de la présence dans la rue, sont interdites. Chaque citoyen algérien peut et doit recevoir une aide d’urgence destinée à lui permettre de faire face à une période qui s’annonce très difficile. Comment verser cet argent, comment le distribuer, tout cela n’est que considérations techniques. L’important, c’est que l’État soit à la hauteur de la situation et vienne en aide aux Algériens. Quitte à distribuer les milliers de dinars par hélicoptère.