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Lutte contre le virus corona : halte aux demi-mesures !

par Bouchikhi Nourredine

Les mesures prises à ce jour par les autorités du pays pour la protection de nos frontières ne semblent obéir à aucune logique cohérente mais plutôt l'expression d'une réponse maladroite et inopportune à l'inquiétude légitime et grandissante des citoyens ; et comme exemple éloquent, nous constatons qu'au moment où tous les vols sont totalement suspendus avec le Maroc, qui a moins de cas que l'Algérie, et dont le nombre de vols desservant ce pays frère est limité, ceux par contre destinés vers l'Europe et principalement la France sont maintenus, mis à part l'annulation de quelques vols assurés à partir d'aéroports qui ne drainent pas énormément de voyageurs ; le programme n'est que peu ou pas du tout chamboulé au départ des grands aéroports d'Alger, Oran, de Constantine et d'Annaba qui concentrent à eux seuls le plus gros du trafic aérien du pays, ce qui s'apparente à un non-sens !

D'un autre côté, les compagnies françaises, soucieuses de rentabilité, restent toujours autorisées à desservir les aéroports algériens, comme si le cours des évènements ne semble nullement les perturber !

De même que les liaisons maritimes transméditerranéennes continuent à être assurées avec le déplacement de milliers de passagers, principalement en provenance de et vers la France (avec la ligne Marseille-Alger et Marseille-Oran) et l'Espagne (avec trois liaisons desservant Alicante, Valence et Almeria), deux pays où l'épidémie est à son apogée ; situation qui ne semble par ailleurs du tout inquiéter les autorités. Des aberrations flagrantes !

Ce qui donne le sentiment que seule la compagnie Air Algérie est sommée de jouer un rôle figuratif dans cette compagne de lutte contre l'introduction du virus, en annonçant à grande pompe l'annulation de certaines destinations sans impact réel sur la possibilité d'importer de nouveaux cas !

Nos voisins ont pris des décisions claires et tranchées ; suspendre toutes les liaisons avec l'Europe ; notamment l'Espagne et la France qui à elles seules constituent le point de départ de la majorité des cas infectés chez nous ! Quoique cela ne diminue en rien l'intérêt et la vigilance que doivent avoir les autorités vis-à-vis des autres destinations, notamment du Moyen et Extrême-Orient qui peuvent être pourvoyeurs de porteurs du virus au regard de leurs statistiques assez inquiétantes et qui continuent, pour certaines d'entre-elles, à assurer des liaisons régulières avec le pays.

Des pays aux moyens colossaux ; financiers, scientifiques et logistiques sans commune mesure avec les nôtres et situés géographiquement beaucoup plus loin de l'Europe ; je cite l'Etat hébreu, la Turquie et les Etats-Unis qui n'ont pas fait dans la demi-mesure en suspendant de facto toute liaison avec l'Europe y compris la France ; alors qu'on continue à hésiter et trébucher pour prendre de façon formelle des décisions qu'on risque de regretter plus tard pour avoir attendu trop longtemps à les mettre en œuvre.

Nous sommes conscients ; population et gouvernants que nous ne disposons pas des moyens pour faire face à une grave épidémie ; l'Italie, qui fait partie du groupe des sept pays les plus riches au monde, n'arrive pas à ce jour à juguler ce fléau car elle s'y est prise trop tardivement.

Notre seul salut n'est alors que dans la prévention. Alors, mettons le paquet tout de suite et cessons de sombrer dans les tergiversations aux arrière-pensées politiques ou économiques ; la priorité est clairement identifiée ; c'est la sauvegarde de la santé publique.

Un attentisme inexplicable pour ne pas dire suicidaire alors qu'il y a beaucoup à faire tant qu'il est temps, et avec la surveillance des frontières d'autres mesures doivent être appliquées rigoureusement : tous les rassemblements et regroupements doivent être différés ou annulés et à cela, il ne doit y avoir d'exception ; lieux de culte, cafés, jardins publics, marchés hebdomadaires, fêtes et cérémonies funéraires, visites à l'hôpital.

Et surtout, il va falloir procéder sans perdre de temps à la réorganisation des services de soins primaires et des urgences, en créant des structures avancées, isolées et indépendantes des centres de soins et d'hospitalisation qui pourront recevoir les sujets suspects afin de faire le tri et éventuellement le dépistage sans risquer une propagation foudroyante du virus dont la circulation est rapide avec un nombre de cas contaminés qui ne cesse de croître d'heure en heure.

L'accès aux cabinets médicaux doit obéir à des mesures strictes ; prise de rendez-vous pour éviter le contact étroit avec des malades porteurs potentiels au niveau des salles d'attente, le lavage des mains, le port des masques pour ceux qui présentent des symptômes respiratoires, y compris les enfants car même s'ils sont peu touchés par le virus pour des raisons non encore élucidées, ils sont par contre contaminants.

Sans ce minimum de mesures, nous risquons malheureusement de passer directement au stade trois, ce qui voudra dire que le virus se serait déjà propagé à toutes les régions et que les précautions à prendre seront ainsi tout simplement caduques.

Prenons acte de ce qui se fait chez les nations qui sont passées par ce chemin et profitons de leur expérience pour espérer passer ce cap difficile auquel nous sommes confrontés pour la première fois durant ce siècle et pour lequel, hélas, notre crainte est de ne pas être assez préparés.