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Reprise de la bataille commerciale entre Washington et Pékin

par Akram Belkaïd, Paris

Et voilà que ça repart ! En début de semaine, Donald Trump, le président des Etats-Unis, a relancé le bras de fer commercial qui oppose son pays à la Chine. Par le biais de son moyen de communication préféré, autrement dit un bref message via le réseau social Twitter, il a annoncé l’augmentation de droits de douanes sur l’équivalent de 200 milliards de dollars de bien importés de Chine. Dans le détail, la hausse concerne des produits qui, jusque-là, étaient taxés à 10%. Si la décision de Trump entre en vigueur, cela signifie que le droit de douane passera à 25%, un taux déjà appliqué à 50 milliards de dollars de produits. Au total, cela portera donc à 250 milliards de biens chinois qui seront taxés à 25%.

Le déficit commercial demeure...

On pensait pourtant que les choses s’amélioraient entre Washington et Pékin et que l’on s’acheminait même vers la signature d’un traité commercial historique entre les présidents des deux pays. Bien sûr, tout est encore possible mais la sortie de Trump a semé la panique sur les bourses asiatiques et relancé les conjectures à propos d’une bataille commerciale de grande envergure.

Quelle mouche aura piqué le président américain ? Si l’on s’en tient à son tweet, c’est la lenteur des négociations qui aurait précipité sa décision. Lenteur mais aussi volonté prêtée aux Chinois de vouloir renégocier certains éléments déjà actés (un classique de toute négociation).

La presse économique américaine rappelle quant à elle que le locataire de la Maison-Blanche était habitué à ce genre de revirement alors qu’il négociait en tant que promoteur immobilier. Il s’agit peut-être pour lui d’obtenir plus en forçant la partie chinoise à faire des concessions sur le respect de la propriété intellectuelle et sur l’ouverture du marché chinois aux produits américains.
    
Surtout, Donald Trump n’oublie pas qu’il a promis à ses électeurs de diminuer le déficit commercial bilatéral qui a atteint 378,73 milliards de dollars en 2018 (le total des exportations chinoises à destination des États-Unis a atteint 539,5 milliards de dollars en 2018, un chiffre à comparer avec les 160,77 milliards d’exportations américaines à destination de la Chine).

En augmentant les droits de douane, Donald Trump fait le pari que les importateurs américains, jugeant l’addition trop salée, finiront par se tourner vers des sources d’approvisionnement locales. Cela concerne notamment les centrales d’achat liées à la grande distribution américaine. Pour l’heure, aucune étude n’est venue confirmer ou infirmer ces calculs. Certes, l’économie chinoise a subi un ralentissement marqué en 2018 mais il est encore trop tôt pour dire si la cause en est la bataille commerciale avec Washington.

De même, la Maison-Blanche a beau jeu d’affirmer que la hausse des taxes d’importation n’a pas pénalisé l’économie américaine, il faut tout de même plus de temps pour être affirmatif en la matière.

Et le dollar flambe...

En attendant, le dollar continue sa progression, atteignant son plus haut niveau depuis deux ans par rapport à l’euro et à d’autres devises. Le pessimisme à propos de la croissance européenne, l’appétit des marchés pour les titres obligataires américains et une meilleure tenue de Wall Street (ceci expliquant cela) ont provoqué une hausse du billet vert ce qui va, tôt ou tard, obliger les responsables américains à déplorer le fait que la trop forte vigueur de leur monnaie pénalise les exportateurs. Parions donc que le débat sur la faiblesse supposée du yuan, jugée avantageuse pour le commerce extérieur chinois, va de nouveau agiter Washington.