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Jusqu'à quand la passivité du ministère des Affaires étrangères algérien ?

par Reghis Rabah*

L'Algérie a commencé à appliquer le principe de réciprocité à la France, lit-on dans la presse nationale et étrangère dans un fond de crise appréciée différemment.

On parle de conclusion d'un rapport de la mission diplomatique algérienne à l'hexagone qui a relevé que les structures algériennes d'outre -mer ont été privées de la protection policière habituelle sur décision du ministère des affaires étrangères français. D'autres la situent à cette décision de Macron d'honorer le vendredi dernier les harkis, d'anciens combattants algériens ayant servi aux côté de l'armée française durant la guerre d'Algérie de 1954-1962. En effet, Par décret paru au Journal officiel de vendredi, six anciens combattants harkis et la cofondatrice d'une association de harkis sont promus au grade de chevalier de la Légion d'honneur, la distinction la plus prestigieuse décernée par l'Etat .Quatre personnes sont promues au grade d'officier de l'ordre national du Mérite et quinze autres au grade de chevalier du même ordre, majoritairement représentantes d'associations ou fédération. Ces promotions interviennent quelques jours seulement après la visite du jeune président français à Josette Audin pour réhabiliter son époux par reconnaitre son assassinat par l'armée coloniale et à quatre jours de son rendez vous pour faire des annonces au Comité national de liaison des harkis (CNLH) qui avait réitéré sa volonté de se battre "jusqu'au bout" et d'aller plaider sa cause devant les tribunaux internationaux s'il n'obtenait pas satisfaction auprès de l'État. Rappelons que le président Macron n'a pas cessé d'intervenir auprès de son homologue Algérien pour faire un geste afin de permettre à cette catégorie d'algériens de souche mais française par naturalisation de circuler librement entre les deux pays.

Probablement, si l'on se réfère au coup de fil qu'il a donné à Bouteflika le même jour de sa visite au domicile des Audin, il misait beaucoup sur cet accord du président algérien pour leur annoncer cette libre circulation afin de les éloigner de cette revendication des 40 milliards d'euros qu'ils réclament au moment même où les caisses de l'Etat se rabattent sur les retraités français pour les équilibres budgétaires. De nombreux analystes, voit ce réveil de la diplomatie Algérienne très tardive et son motif reste très léger. Le Ministère des Affaires Etrangères (MAE) algérien est resté sourd et myope à toutes les humiliations que subissent les citoyens dans leur droit de visite à leur proche en France dans le cadre de cette libre circulation qui est devenue problématique jusqu'à abaisser les Algériens devant les locaux des prestataires de l'ambassade de France. L'évolution des structures et des mécanismes mis en place depuis les accords d'Evian sont révélateurs des relations entre les deux pays et les liens historiques qui lient le colon au colonisé tels que relatés par Frantz Fanon dans son ouvrage " les damnés de la terre ". Les circonstances particulières, ont fait que, les réglementations concernant la circulation ainsi que l'octroi et le refus de visa peuvent s'avérer de véritables instruments diplomatiques.

1-Les Algériens sont reçus par les ambassades de certains pays européens indignement.

Depuis la décennie noire qu'a connue l'Algérie, les ambassades de France, de Grande Bretagne, d'Italie et maintenant depuis peu la Belgique ne reçoivent plus les Algériens et les mettent en contact avec une interface prestataire : TLS Contact ou VFS Global sans pour autant fournir les moindres informations ou assumer une infime responsabilité sous couvert d'un artifice sécuritaire de toute apparence un prétexte pour ne pas avoir affaire à des Algériens auxquels ils ne répondent même pas à leurs emails. C'est ici où devrait intervenir le principe de réciprocité. Les citoyens de ces pays ne subissent pas le même sort humiliant dans nos différentes ambassades et consulats dans ses pays. Ils sont non seulement reçus directement dans ces locaux mais peuvent se renseigner et régler de nombreux problèmes par téléphone seulement. Voici pour illustration un témoignage pour ne pas l'appeler enquête réalisée trois mois avant que l'ambassade de France opte à Alger pour un autre prestataire VFS Global. TLS contact, route Oued Romane, Il y avait 3 couloirs celui de droite est réservé aux visas pour l'Italie et la Belgique, le milieu pour la France, à gauche l'Angleterre. Les deux ailes sont presque vides mais celui du centre est plein à craquer. Le règlement sécuritaire n'est pas le même pour les autres pays par exemple, vous pouvez rentrez avec votre portable mais pour le couloir de la France, il ne faut pas le ramener avec vous. S'il vous arrive de le faire, vous devez vous débrouiller " vous-même " d'un moyen pour le déposer ailleurs que dans les locaux TLS.

Si vous descendez jusqu'à votre voiture pour y le déposer dans le parc situé à prés de 700 m, vous ne devez pas dépasser ½ heure sinon votre RDV sera annulé et vous serez contraint de le redemander. Or les RDV sont bloqués. Résultat : s'il vous arrive un tel cas, vous devez simplement jetez votre portable. Il y a aussi d'autres types d'humiliation difficile à décrire par respect aux lecteurs. Une femme qui devait se rendre en Belgique déclare être convoquée pour payer un total de 12455 DA dont 70% pour les frais de visa et 30% pour les services de TLS en tant que prestataire. Cela voudra dire que les ambassades se délestent d'un service qui leur incombe mais continuent de percevoir le même montant de visa et faire supporter les frais de leur prestataire TLS sur le dos du demandeur alors qu'il devrait être retranché du montant de visa initial.

Ces ambassades par cette méthode, affichent ouvertement leur manière indigne envers les Algériens sans que notre diplomatie s'en mêle d'une manière ou d'une autre Un clin d'œil sur la composante des Algériens présents dans la longue chaîne montre qu'il y a des jeunes, des seniors et des très vieux. Quelques questions aux deux dernières catégories ont permis de déduire sans aucune crainte de généralisation étant donné l'échantillon d'analyse qu'il existe très peu d'Algériens qui n'ont pas un ascendant ou un descendant en France spécialement. On est amené à dire que la mondialisation avec ce pays n'est pas uniquement d'ordre économique mais elle est éminemment et primordialement sociale. Mais le drame reste celui des jeunes. Sur le plan physiologique, on constat que la majorité des jeunes sont beaux, bien habillés presque des mannequins. Très peu de Hijabistes. Le niveau : médecins, médecins spécialistes, Ingénieurs, polytechniciens, Magister en Géophysique Master 2 en chimie Etc.

Partant de ce constat, conjugué avec ce qui est déjà économiquement connu, la France est le premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie avec prés de 2,5 milliards d'euros entre 2014 -2018. Par son importation de produits agricoles, équipements et services divers, l'Algérie fait travailler 1 millions de Français. Elle approvisionne les principales compagnies Françaises en Gaz pour nous limiter qu'à cela.40000 demandent de statut de harkis sont à l'étude actuellement et plus de 400 000 nationalités. Acquises entre 1998 et 2018. 70 000 sont en cours d'instruction. Prés du 2/3 des ministres de la république depuis de l'indépendance y vivent. Tout cela montre que sécurité ou pas, terrorisme ou pas, le déplacement dans les deux rives devra avoir un cachet particulier loin de toute politique politicienne hormis pour les traitres d'un côté comme de l'autre.

2- La France a toujours tergiversé pour ne pas respecter ses engagements.

Sur le plan économique, elle revendique sa part importante et privilégiée à chaque fois que l'occasion se présente. Christian Estrosi, député, maire de Nice, et président de la Région Provence-Alpes-Côte-D'azur (PACA), lui-même fils d'immigré italien n'a pas manqué de menacer l'Algérie pour venir en aide aux agriculteurs de la région qu'il préside. En effet, la décision de l'Algérie de bloquer les importations de certains fruits affecte durement la pomme des Alpes françaises dont la filière est menacée de disparition. Dans un communiqué publié le samedi 18 février 2017, Christian Estrosi, a demandé au premier ministre français Bernard Cazeneuve d'intervenir auprès des autorités algériennes pour sauver la filière de la pomme des Alpes de la faillite voire même leur mettre cette faillite sur le dos. En plus, la France a toujours pratiqué avec l'Algérie une immigration sélective. Elle facilite l'intégration et la nationalité aux chercheurs formés au coup de sueur par l'Algérie dans le seul but avoué de maintenir sa dépendance éternelle de l'assistance scientifique Française. Pourtant, l'évolution historique de la libre circulation entre l'Algérie et la France décrit bel et bien un avantage dans un seul sens. Les accords d'Évian, signés le 18 mars 1962 et approuvés par référendum le 8 avril de la même année, maintiennent un régime de circulation privilégié entre la France et l'Algérie. Ainsi, aucun document de voyage spécifique n'est exigé des Algériens qui restent libres de circuler entre la France et l'Algérie, munis seulement d'une carte d'identité sauf si le voyageur d'un côté comme d'un autre est sujet d'une décision de justice.

À la suite d'un décret algérien du 10 avril 1964, les touristes algériens doivent se munir d'un billet retour et de la somme de 200 francs afin d'accéder au territoire français. Cette somme est portée à 500 francs par le gouvernement français en octobre 1964. Cette règle a évolué depuis et toujours par sa remise en cause du côté français. Le 27 décembre 1968, l'actuel président algérien, alors ministre des affaires étrangères avait négocié un accord qui prévoyait que les Algériens souhaitant faire un séjour inférieur à trois mois en France soient admis, sans formalités, sur présentation du passeport pourvu qu'il ne manifeste pas son intention d'y exercer une activité professionnelle. Ainsi, bien qu'il introduise l'obligation du passeport, cet accord dispense les Algériens de visa court séjour. À la suite des accords d'Évian, les relations sont allées jusqu'à permettre particulièrement aux Algériens de bénéficier d'un statut privilégié. En effet, ceux et celles qui souhaitent s'installer et travailler en France bénéficient des mêmes droits que les Français exception faite des droits politiques. En septembre 1973, le président algérien Houari Boumedienne soit deux semaines avant l'embargo pétrolier surnommé le premier choc invoque le racisme anti-algérien en France, pour suspendre l'émigration algérienne de travail. Très méfiant et jaloux de la dignité des Algériens, par cette offensive courageuse, Boumedienne anticipa une décision sous forme de chantage par les autorités françaises de renvoyer en Algérie tous les ressortissants non munis d'une résidence. En juillet 1974, le gouvernement français décrète la suspension provisoire de l'immigration de main-d'œuvre, notamment algérienne. Cette suspension s'avère définitive.

Le gouvernement tente par la suite, sans succès, de mettre en place des politiques de retour qui visent plus particulièrement encore les Algériens. Une perception négative des immigrés, domine. La nécessité de maîtriser les flux est sans cesse réaffirmée. Ces perceptions vont influencer les politiques concernant la circulation entre les deux pays. Ceux qui déclarent être des voyageurs désirant effectuer un court séjour en France sont désormais soupçonnés d'être des candidats à l'immigration clandestine. La représentation d'un «risque migratoire» domine progressivement les procédures d'octroi et le refus de visa. Depuis et à ce jour, les autres pays ne font que suivre la France qui dans beaucoup de cas subissent des pressions diplomatiques. La diplomatie algérienne face à cette situation, subit sans réagir jusqu'à cette fois ci où des diplomates soient humiliés dans leur structures même.