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Le train Constantine -Tougourt : les caillasseurs et les singes magots d'Iboudraren

par Kebdi Rabah

A peine mis en service, que le train reliant Constantine à Touggourt via Ouargla s'en trouve caillassé et envoyé en atelier de réparation. Ce n'est pas le premier acte bestial du genre, la presse ne dit rien concernant le lieu exacte du méfait, mais est-il utile de le préciser tant la nocivité en Algérie est sans domicile fixe. Tumeur métastasée elle se retrouve en tous moments et en tous lieux en fonction de l'humeur et la frustration des uns et des autres. Tous ceux qui ont tété leurs mères de travers, ont un contentieux avec eux-mêmes ou leur miroir passent leurs nerfs sur leurs semblables, l'environnement et d'une façon générale sur tout ce qui est fonctionnel, normal, beau et attirant. Tout se passe comme si une partie d'Algériens, marginaux dit-on, on veut bien le croire,ne se sentant nullement dans leur peau,se sont jurés de le faire payer au reste de leurs compatriotes au point deleur faire regretter d'être bien dans la leur. Souvent pour rien si non l'expression sadique d'un mal-être, l'évacuation d'un refoulement indigéré. «hakdhawalayerrougdou»(1) disait le chacal. A ce propos une légende populaire raconte que le singe était à l'origine un homme tout ce qu'il y' a de plus normal jusqu'au jour où il commit une sorte de péché originel. Ce jour donc, au hasard de son errance et tenaillé par la faim, il s'en alla quémander un repas chaud auprès du premier quidam rencontré sur sa route. On le lui servit -- à cette époque la générosité était à fleur de peau? et il mangea à s'en repaitre. En guise de remerciement il ne trouva rien de mieux à faire qu'à déféquer dans le plat vide avant de disparaitre dans la nature. Ah il le fit comme ça ! Pour se gausser à l'avance de la tête que fera son bienfaiteur quand il découvrira «l'ouvrage ». Dieu à qui rien n'échappe le rattrapa aussitôt et en fit l'être que nous désignons aujourd'hui par singe.

Les évolutionnistes eux, nous enseignent que l'homme et le singe descendent d'un même ancêtre mais qu'ils ont fini par se séparer, chacun prenant le chemin que sa nature lui destina. Celui qui deviendra « l'homme » a compris que la première chose à faire était d'abord de changer de domicile et de quitter l'arbre qui l'hébergeait en compagnie de son cousin. Entre les branches, la promiscuité ne faisant pas toujours bon ménage, autant perdre de la hauteur et gagner en espace, se dit-il. Grand bien lui fit car en descendant, en plus de l'humilité, il apprit à se tenir debout, marcher sur un sol plat sur ses deux pattes arrière, ce qui eut pour effet de le mettre dans une position favorable à un double point de vue :libérer ses deux pattes avant d'une part et surtout susciter la croissance de son cerveau qui dès lors décupla de volume d'autre part. On connait la suite fulgurante : Au vingt et unième siècle il parvint à mettre au point une Intelligence Artificielle à laquelle il prédit un avenir où elle dépassera peut être celle qui l'a conçue. Son cousin, lui, est resté sur son arbre se contentant d'épouiller son pelage, de maîtriser l'art de la grimace et de la voltige et d'uriner pour le plaisir sur tous ceux qui passent en dessous. Preuve que la hauteur n'est sont pas toujours synonyme de cette noblesse qu'on lui attribue?

Ça, c'est l'histoire telle qu'elle nous est racontée par nos grands-mères d'une part ou ceux qui écrivent les manuels d'autre part. Libre à chacun de croire en le récit des unes ou des autres. Ajoutons cependant que si les grands-mères se gargarisent de fictions, les « manuelistes » ont tendance à escamoter certains faits, les déformer à leur avantage ou pour des objectifs pas toujours avouables. Pour le cas présent, leurs manuels ont négligé de préciser qu'une minorité des hommes descendus de l'arbre n'ont pas évolué de la même façon que les autres, en ce sens qu'ils n'ont pas réussi à se débarrasser totalement de leur capital génétique primitif et sont devenus par la force des choses des hybrides, mi- humain mi- primate. Sans doute le chainon manquant. En fait des singes travestis en hommes ou des primates un peu évolués, mais qui ont réussi à se faire passer pour de vrais humains en leur emboitant le pas et en les imitant. En usant d'une allégorie on dirait des hommes descendant du singe mais qui ne sont pas arrivés en bas.Ce furent d'ailleurs les premiers faussaires de l'histoire, il y en aura d'autres car il ne faut pas croire que notre révolution en a le monopole ou encore moins la primeur. Fort heureusement, la nature,elle, ne fausse rien et ne se trompe jamais. On aura beau chasser le naturel il revient au galop et« singe tu es singe tu resteras » : tel est son implacable verdict. Toujours est-il que l'homme, historiquement issu d'Afrique, c'est donc tout naturellement que ce soit à ce continent qu'échut le privilège d'héberger la majorité de ces faussaires. L'Algérie, terre d'asile et d'Afrique, n'en est pas épargnée et fut destinée dès le départ à être le réceptacle de bon nombre de ces spécimens au même titre qu'elle le fit pour leur frère en espèce, celui qui est resté sur l'arbre, et qui prit le nom de singe magot. Avec l'amélioration du niveau de vie, la diminution de la mortalité enfantine et d'une façon générale l'accroissement démographique ; avec la démission de la famille, de la société, de l'Etat, l'absence d'éducation ; avec les programmes anti-pénuries, le socialisme spécifique, les locaux du Président, les barils de pétrole :le nombre de faussaires n'a cessé d'augmenter et de s'égailler à travers le territoire national. Nul espace n'échappe à leurs intempestives incursions, avec une prédilection pour les lieux de rassemblement de foule car l'effet de meute dope les sens : Rue, école, mosquée, stade?enfin partout où le mal peut s'épanouir et « égayer » une atmosphère morose chamarrée de bigoterie.

Pour s'en convaincre il suffit de décrypter les mille et un signes que nous renvoie la vie en société à travers la multitude de faits divers, de maux sociaux,de mal-vie, saleté environnementale repoussante et autres joyeuseries. Un milieu en tous points propice au développement de cette espèce homme/singe dont la nocivité n'a d'égale que leur capacité à se démultiplier. C'est précisément un groupe de ces mutants qui a fait récemment son apparition entre Constantine et Touggourt : un caillassage en règle qui immobilisa une machine huit jours durant au grand dam de la SNCF et de milliers d'usagers. Un train tout neuf au stade inaugural, un jouet si rare en ces contrées que c'est une occasion à ne pas rater pour ces caillasseurs dont la jubilation repose sur l'originalité du moyen à utiliser pour se farcir la tête des voyageurs et celle de la locomotive. On s'amuse comme on peut, comme ça, on casse, on bizute, une manière à eux de lapider le « chitan », de déféquer sur le train de la République et de se bidonnerde l'effet « hilarant » de leurs méfaits. Ce n'est pas un cas isolé, on en a vu qui crachaient ou jetaient de leurs balcons des pétards sur les passants, qui urinent dans des bouteilles,discrètement sous le kamis, avant de les balancer sur la voie publique etc, etc. Coïncidence, au même moment, en écho, leurs confrères d'Iboudraren en haute Kabylie leur répondent sur le même ton mais en choisissant un autre mode d'expression. Comme il n'y a pas de train à caillasser en haute Kabylie les singes magot s'en prennent aux villageois dont ils empoisonnent tout autant l'existence. Rien n'y échappe : les vergers, les jardins potager, les toitures et jusqu'à l'intérieur des maisons. Mais différence de taille : le singe magot d'Iboudraren doit tout de même se fendre la tronche de constater que ceux qui ont caillassé un train là-bas entre la capitale de Massinissa et Tougourt, l'ont fait pour rien, gratuitement, alors que lui n'envahit les villages que pour chercher une nourriture qu'il ne trouve plus dans son milieu naturel. Il y a comme ça des comportements débiles chez les semi-primates auxquels mêmes les vrais singes n'ont pas accès. Ils sont fous ces cousins de la plaine.

Pour suppléer les Algériens qui subissent le calvaire, lui font le dos rond, ignorent ou font semblant d'ignorer sa source, une commission de réflexion a été installée pour plancher sur la question. On n'ose pas dire « se pencher sur la question » car, étant au sommet de la cime, elle risque de balancer dans le vide. Aux dernières nouvelles ladite commission aurait envisagé trois scénarios : Le premier serait de détourner le train Constantine-Touggourt vers Iboudraren pour divertir les singes magots. Cela priverait les caillasseurs de l'objet du délit et soulagera les villageois. Le deuxième serait de mettre tous les habitants d'Iboudraren sur le toit du le train Constantine-Touggourt. Ils recevront la caillasse et éviteront à la tôle d'être endommagée. Enfin le troisième qui parait réunir le consensus serait de réunir, dans une même contrée, la foret d'Iakouren ou d'Aït Ouaban, singes et caillasseurs ? Un retour à la nature pour ces derniers dans une espèce de réserve où les retrouvailles avec leurs ancêtres ne manqueront pas de piquant. Ils apprendront à leur contact que s'il faut absolument nuire, mieux vaut que ce soit pour se remplir la panse que pour se dilater la rate.

1. Cette fable raconte que dans l'incapacité d'accéder à un poulailler, un chacal se contentait chaque nuit d'introduite sa queue à travers le grillage et de la secouer violement, ce qui eut pour effet d'empêcher les poules de trouver le sommeil. Quand on lui posa la question de savoir ce qu'il gagne à faire cela, il répondit : « hakdhawalayerrougdou » -autant cela que de les laisser dormir.