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Une pédagogie intelligente pour une école intelligente (2ème partie)

par Chaïb Aïssa-Khaled*

56,07 au baccalauréat 2017, c'est peut-être l'expression d'un embrayage sur une pédagogie intelligente, mais ce n'est pas encore la gloire.

Un renouveau pédagogique cerné dans l'optique d'une éducation/formation conçue pour être la force motrice d'une croissance autonome de l'esprit, (celle qui considère que les seules connaissances utiles sont celles que l'élève tire de sa propre expérience, celles qui se destinent à préparer en lui l'adulte compétent qu'il devra être), s'engagera à développer et à entretenir le savoir en instaurant une relation de médiation entre les gestionnaires de la mission et de l'acte pédagogique et l'enseigné. Le souci est que le taux de réussite au baccalauréat 2017 et aux autres examens de fin de cycle soit amélioré ou, à tout le moins, maintenu lors des années à venir. Cela suppose que le renouveau pédagogique en question oblige les premiers à s'extraire du cloaque du simple fonctionnariat dans lequel ils ont tendance à se fossiliser et le second de ce tutorat qui s'évertue à le garrotter. Il se confondra, alors, en cette activité au moyen de laquelle ces gestionnaires assisteront leur élèves dans leur cheminement vers le progrès/, en diagnostiquant leurs forces et leurs faiblesses, en misant sur leur besoin d'apprendre, de rechercher et de découvrir, en les orientant dans la construction de leur savoir-faire et de leur savoir-être face aux situations-problèmes qui s'expriment. (Tel sera le thème de cette contribution qui viendra compléter celle publiée par le « Quotidien d'Oran du 19 juillet 2017).

Il est tout à fait clair que ce renouveau pédagogique salutaire, du reste, ne pourra être convenablement pensé et réfléchi que si un Conseil supérieur de l'Education nationale soit mis en place.

En diagnostiquant leurs forces et leurs faiblesses

Etant communément admis que la rétention et l'assimilation de nouvelles connaissances sont fonction de la pertinence intellectuelle de chaque élève, la mission fondamentale des acteurs pédagogiques, (Inspecteurs d'enseignement, chefs d'établissements, enseignants), est de préparer leurs élèves à des mises à niveau. Les acquis concernés par ces mises à niveau et comptabilisés dans le champ aperceptif de tout un chacun serviront alors d'ancrage au nouveau savoir. En conséquence, par souci d'être efficace l'acte pédagogique devra considérer le profil psycho-intellectuel de chacun de ces élèves et apprécier son savoir cognitif afin que le savoir nouveau puisse s'agencer, pour une meilleure fonctionnalité, dans son champ aperceptif.

En misant sur leur besoin d'apprendre, de rechercher et de découvrir

L'acte pédagogique devra, impérativement, se centrer sur le réveil de ce besoin parce qu'il constitue le terreau nécessaire à une avancée certaine dans la conquête du savoir.

En les orientant dans la construction de leur savoir-faire et de leur savoir-être

Les acteurs pédagogiques en question devront à cet effet, soutenir et assister leurs élèves dans leur cheminement vers le progrès et donc, dans l'évolution de leurs démarches intellectuelles, en les orientant, c'est-à-dire en leur indiquant le cheminement intellectuel adéquat à entreprendre. Ils les conseilleront tout en les accompagnant et pourquoi pas, en coopérant avec eux dans leur tâche de s'approprier le savoir et de se forger des compétences générales et des qualifications spécialisées.

Elaborer des diagnostics, repérer les atouts de chaque élève, circonscrire ses faiblesses, galvaniser son besoin d'apprendre, orienter sa démarche intellectuelle pour une meilleure pertinence et instaurer entre lui et le savoir une relation intime, telles devraient être les exigences de la fonction enseignante.

L'acte pédagogique s'axant alors sur l'initiation de l'individu à pénétrer à l'intérieur du savoir pour y organiser ce qu'il doit connaître et pour que se développe, de mieux en mieux, ce capital cognitif afin qu'il devienne le centre des investigations à entreprendre, lui permettra :

-L'appropriation du savoir créatif du savoir-faire, en l'initiant à prendre acte de ses erreurs, (de leurs causes et de leurs conséquences), et à améliorer ses essais en vue de développer cette mentalité scientifique, (son raisonnement logique et son jugement méthodique), au moyen de laquelle il vaincra l'inertie. Il apprendra dès lors à aller au-delà de ce qu'il connaît pour affronter ce qu'il ignore.

-L'association des connaissances, leur agencement dans le champ aperceptif et leur intégration dans la dynamique de leur épanouissement. (L'optimisation de leur rentabilité étant de mise).

-La gestion de ses compétences et de ses qualifications afin qu'elles ne se figent dans un temps qui passe. Il les organisera plutôt et les actualisera pour qu'il puisse s'en servir.

Cet acte pédagogique et pour une meilleure pertinence et une efficacité optimum ne perdra pas de vue que la relation de l'élève au savoir devra se déployer en avancées cycliques, (en retours et en nouveaux départs). Devant être une authentique relation didactique entre tous ceux qui sont en charge de la fonction enseignante et l'enseigné, il sera une recherche-action féconde en valeurs éducatives. Prospectif, il s'inscrira dans la recherche de solutions à un défi majeur, la réussite scolaire de qualité. Stratégique et inventif, différencié et engagé, il évoluera en trois phases :

 -L'authentification des préoccupations de chaque élève, (ses aspirations, ses ambitions, ses besoins et ses contraintes).

-L'identification du niveau du développement de son capital cognitif et du degré de celui-ci sur la performance de l'intelligence pratique à développer.

-L'autonomisation et l'orientation de sa démarche intellectuelle afin qu'il subordonne le développement de son besoin d'apprendre à la recherche de la vérité, à la critique des solutions antérieurement définies dans le but de les amender, de les enrichir et de les actualiser.

Stratégique et inventif

L'acte pédagogique animera un enseignement qui initiera, non seulement l'esprit à construire un savoir mais aussi à apprécier la faisabilité de ses jugements et à contrôler la pertinence de ses décisions, en somme à se forger un comportement de scientifique. Il l'aidera de la sorte à réaliser progressivement sa maturité intellectuelle pour devenir enfin l'artisan de sa propre formation.

Différencié et engagé

Il incitera les élèves à conjuguer leurs efforts intellectuels individuels en quête d'objectifs communs. Il favorisera, à cet effet, l'apprentissage en coopération auquel chacun contribuera selon ses potentialités psycho-intellectuelles et ses disponibilités cognitives et où chacun sera responsable de son propre apprentissage mais aussi de celui de ses pairs. Il est néanmoins à considérer que la constitution des groupes fasse l'objet d'une attention particulière. Autrement dit, il devra être assuré une répartition équilibrée entre élèves «forts» et élèves «faibles», (de l'ordre de 1/3 pour 2/3). Le souci est de créer une dynamique interactive axée sur une coopération qui accordera la primauté à l'effort individuel mais qui sera génératrice de solidarité et d'entraide entre les uns et les autres. Souvent un élève en difficulté d'apprentissage comprendra, retiendra et assimilera les explications qui lui sont prodiguées par un camarade parce que celui-ci, contrairement à l'enseignant, saura user d'une pédagogie appropriée à la circonstance, parce que intelligente. Dès lors, personne ne sera favorisé au détriment de l'autre et tout un chacun se sentira foncièrement valorisé. Il ne faut, cependant, pas perdre de vue que dans un groupe d'individus intellectuellement hétérogène, rares sont ceux qui peuvent être les meilleurs dans toutes les disciplines, mais chacun peut y accomplir, au moins, une convenablement. Conséquemment, le succès du groupe dépendra du succès de chacun dans son apprentissage et chacun ne pourra atteindre son but personnel que si l'équipe réussira sa mission.

Tous les élèves se complétant les uns les autres dans leurs efforts, ils s'investiront dans l'aboutissement d'une mission commune. Désormais, une éthique de la coopération prendra forme. D'obstacle qu'elle est où le «chacun pour soi» est la règle d'or, elle sera, dans le cadre de l'Ecole intelligente, le moyen qui permet à la conscience collective de s'exprimer au profit du succès pour tous. Cependant, pour que le groupe n'évolue anarchiquement, il conviendra d'assurer à tous un véritable accompagnement éducatif, (évaluation et orientation systématiques des démarches intellectuelles individuelles). Cet accompagnement permettra d'opérer des corrections de parcours pour mieux soutenir la scolarité de qualité de tout un chacun tout au long de son cursus scolaire et de nourrir en tout un chacun le statut de partenaire du contrat éducatif préoccupé par l'aboutissement de son projet d'éducation/formation.

Recherche-action, la pédagogie intelligente, celle soucieuse de l'acquisition des compétences générales et de celle des qualifications spécialisées, devra initier l'élève à hiérarchiser ses intérêts, (leur mobilité étant une richesse pour l'esprit) et donc à les prioritariser les uns par rapport aux autres, tout en observant à l'endroit de cette hiérarchisation et cette prioritarisation les restrictions d'une prudence soucieuse d'efficacité. Elle fera, en sorte, que la violence des intérêts épars laisse la place à ceux qu'il aura ordonnés parce qu'ils lui permettront de se livrer, convaincu, à la conquête du succès.

Se livrer à la conquête du succès est une entreprise du possible humain, néanmoins l'individu ne pourra s'y engager que s'il est convenablement outillé pour ce faire. Il devra, dans cette perspective, apprendre d'une part à s'épanouir dans le rationnel par le développement libre, (self government), sans y éprouver ni gêne ni complexe qui d'ailleurs amoindrissent l'intérêt et relativisent l'objectif escompté et d'autre part, à explorer l'abstrait sans pour autant s'installer dans cet apriorisme qui dilue le formel. Cela suppose qu'il doive aussi apprendre à conjuguer son effort de réflexion dans son effort de création par l'usage de l'expérimentation et à partir de repères, (hypothèses et intérêts).

Inspirée par une méfiance délibérée à l'égard des positions théoriques et des idées générales parce qu'elles éloignent des faits, la pédagogie concomitante à cette préparation, (la pédagogie intelligente), promouvra cette éducation de la mentalité scientifique, (en encadrant efficacement l'évolution de l'activité de l'esprit à juger avec méthode et à raisonner logiquement tout en animant son attention volontaire, en l'orientant et en la canalisant). De la sorte, elle développera en lui l'autonomie de la décision et la capacité d'en user avec lucidité, perspicacité et responsabilité. Dès lors, il saura se démarquer de l'intellectualisme contingenté et stérile pour faire dans le savoir directement utilisable et s'amarrer au pragmatique.

Du point de vue réformiste, cette pédagogie s'organisera de manière à former «une tête bien faite» -Montaigne- et à proscrire l'idée de «la tête bien pleine». S'inscrivant dans cet ordre d'idées, elle incitera à l'esprit à se situer au centre des idées novatrices et à s'élever de l'inquiétude vers la prise de conscience.

Désormais, parce qu'il saura consentir l'effort intellectuel authentique dans la sélection de ses intérêts et dans l'orientation de sa démarche intellectuelle, il ne sombrera plus dans la dispersion vers laquelle risqueraient de l'inciter les investigations qu'il entreprendra. L'effort intellectuel librement consenti et l'intérêt bien pensé et bien compris appelés à définir une coexistence avec des frontières ouvertes, ne pourront être, alors, que l'expression de la performance.

Apprendre à développer l'effort intellectuel pour sélectionner l'intérêt, c'est donc apprendre à fataliser la liaison entre l'école et la vie. C'est faire en sorte que cette liaison tienne ses causes dans l'une, (l'école), et ses effets dans l'autre, (la vie). Pour faire de cette relation didactique sa carte de navigation, la pédagogie intelligente devra, en plus de la formation de l'attention volontaire, s'investir dans la culture de la curiosité et dans celle de la motivation.

En apprenant à sélectionner ses intérêts en consentant l'effort intellectuel approprié à cet effet, l'esprit apprendra à condamner la fausse certitude et intronisera la certitude confirmée. Dès lors se galvanisera son aptitude à rechercher le vrai et le juste et à dompter le réel pour le domestiquer. Dès lors il se refusera à traîner au pas de la passivité. (En apprenant à ne plus traîner au pas de la passivité, il apprendra à apprécier la valeur de ses investigations et de ses recherches). Dès lors il valorisera sa démarche intellectuelle. Il conscientisera la nécessité d'établir entre l'école et la vie un contact permanent. Dès lors il sera un esprit constamment en quête d'une démarche intellectuelle prospective qui lui permettra de dominer tout ce qui l'entoure à mesure que ses intérêts se précisent et que son effort intellectuel prenne de l'épaisseur. Dès lors, à mesure qu'il pénètre les secrets de la nature et qu'il les domestique, ses intérêts et son effort intellectuel s'adapteront de mieux en mieux aux données nouvelles et finiront par devenir l'expression représentative de ses moyens intellectuels dont il saura user pour s'intégrer, nanti de ce coefficient de confort qu'est la performance, dans un univers où la rigueur est de rigueur.

Contribuant à l'accomplissement de son entreprise de mieux connaître pour connaître plus, l'intérêt bien pensé et l'effort intellectuel bien compris entretiendront sa persévérance dans la réflexion et dans sa volonté d'agir. Parce que suscitant son enthousiasme pour la conquête du vrai et encourageant la sagacité de son élan créateur, la réflexion et la volonté d'agir deviendront des valeurs fonctionnelles au moyen desquelles il s'affranchira de la servitude. Ils, (l'intérêt et l'effort), lui éviteront de s'accommoder d'approches précaires dans ses opérations d'analyse ou de synthèse.

Une activité pédagogique intelligente nantissant l'esprit d'une disponibilité croissante à l'effort intellectuel librement consenti et animant, par conséquent, sa motivation, elle subjuguera sa curiosité contentive de la réflexion, (cette dynamique de l'attention volontaire), ce facteur fonctionnel de l'intelligence pratique qui se manifeste par un appétit à comprendre pour agir, à agir pour connaître et à connaître pour pouvoir maîtriser et contrôler ce qui risquerait de ne pas être favorable à son expression. Elle lui permettra ainsi de cerner et de s'approprier des champs d'information de mieux en mieux actualisés pour pouvoir les exploiter dans leurs moindres recoins.

Subjuguant la curiosité contentive de la réflexion en quête de performance, elle (la pédagogie intelligente) :

-s'évitera de la discipliner pour ne pas l'engourdir et partant, l'amoindrir ;

-se gardera de l'étouffer pour ne pas provoquer cette paresse intellectuelle qui finira par laminer l'élan créateur ;

-se refusera de la bousculer par un apprentissage trop précoce, trop complet, (Chaque âge a ses capacités intellectuelles propres qui, si elles seront contrariées, réduiront ses intérêts et relativiseront son effort intellectuel) ;

-s'empêchera d'animer un enseignement trop riche en détails, entaché d'érudition et où s'entremêlent des notions, des informations et des concepts qui n'auront aucun rapport avec le sujet à traiter.

Susciter la nécessité de sélectionner l'intérêt, inciter à l'effort intellectuel continu, subjuguer la curiosité de réflexion et développer et entretenir l'attention volontaire et la motivation convaincue, seront les quatre temps d'un acte pédagogique intelligent qui organisera et assouplira l'intelligence pratique, (ce ressort psychologique qui permet à l'esprit de s'adapter aux circonstances, nanti d'arguments à leur opposer et de s'en accommoder avec subtilité), en l'initiant à :

-mettre de l'ordre dans sa démarche intellectuelle afin qu'elle s'assure une authentique évolution ;

-faire preuve, à chaque instant, de disponibilité à vouloir aller à l'avant des impressions qui tenteront de l'envahir ;

-réagir contre sa crédulité naturelle à vouloir prendre pour vraie la première idée qui se présentera à lui ;

-discipliner ses facultés intellectuelles en charpentant et en balisant ses missions d'investigation et de recherche par des arguments clairs et convaincants.

Initié dans ces limites, il apprendra à affronter intelligemment la complexité de l'inconnu et ses légions et à aborder l'avenir avec le sentiment d'y être présent. Dès lors, il sera un esprit averti, un esprit conscient de ses propres vertus.

Evolutif, cet acte pédagogique l'incitera à acquérir progressivement cette maturité intellectuelle qui, expression de la pertinence du jugement méthodique et du raisonnement logique, le nantira d'une logique d'approche scientifique dans la résolution des situations problèmes. Dépositaire d'un savoir de plus en plus précis, de mieux en mieux uni, il saura cerner et dénouer les complexités afin de bien les penser.

Le raisonnement logique et le jugement méthodique, une préoccupation pédagogique que l'école intelligente devra satisfaire

Le raisonnement logique et le jugement méthodique étant, par essence, les outils intellectuels appropriés pour l'acquisition de l'aptitude à évoluer dans une société de savoir et d'action, ils seront donc une préoccupation pédagogique majeure de l'école intelligente, une nécessité professionnelle à accomplir par ceux qui en seront en charge.

Cependant, l'un des paradoxes qui stigmatise notre société est l'existence d'un profond hiatus caractérisé par la confusion des idées, la faiblesse du jugement et l'incohérence dans le raisonnement chez des individus appelés, pourtant, à composer avec un monde hi-tech, strictement organisé et auquel président la rigueur et la précision. Palier cette carence, nécessite une pédagogie intelligente, celle qui sera en mesure de former l'esprit en lubrifiant les mécanismes de ses pensées logique et pratique afin de lui permettre d'appréhender et de résoudre les rapports qui animent les problématiques qu'il affrontera et de ne pas se contenter de les subir passivement. On en vient donc à admettre qu'elle devra l'initier à discerner entre le vrai et le faux, entre le réel et le factice, entre l'essentiel et le secondaire.

Ce discernement ne sera plus, désormais, l'expression d'un instinct naturel débridé mais celle d'une synthèse qui procédera de la raison, d'un instinct libre mais piloté par le jugement.

Associés le raisonnement logique et le jugement méthodique permettront à l'esprit, se voulant compétent et qualifié, de mettre en œuvre un plan d'investigation objectif en vue d'approcher la vérité scientifique dans toute sa complexité et d'édifier la décision appropriée à prendre. Se combinant en un système prospectif, ils ne se soumettront à aucune coercition de quelque ordre que ce soit. Ils appelleront au seul pouvoir du discernement. Développés, ils amoindriront le relativisme, (la vérité absolue est du domaine de Dieu Tout-Puissant), renforceront la rigueur, obligeront l'esprit à évaluer ses pouvoirs d'analyse et de synthèse et l'inciteront à capitaliser des compétences et des qualifications.

Entretenir ce système, suppose que cette pédagogie soit en mesure d'écarter les éléments renforçateurs de la routine et le risque de comprimer le raisonnement logique et le jugement méthodique.

Le jugement méthodique ne pouvant être le produit de purs caprices du hasard, l'une des préoccupations de la politique de l'échec à l'échec scolaire est d'initier l'esprit à s'éloigner de tout ce qui subjugue le raisonnement aprioriste parce qu'il génère la dispersion de l'intelligence et par voie d'évidence, l'étroitesse de son expression. Développant et entretenant ce système, la pédagogie intelligente en fera le générateur d'une dynamique qui annihilera le risque de l'atrophie intellectuelle.

Nanti de compétences générales et de qualifications spécialisées et investi de la capacité de raisonner logiquement et de juger avec méthode, l'individu saura penser et agir librement. Il se fera le conquérant de son savoir et l'organisateur de sa pensée juste. Il acquerra ainsi la capacité de :

-faire l'autopsie de son imagination en s'insérant dans le cheminement intellectuel qui satisfera aux exigences du rationnel ;

-refuser les accommodements transitoires, les compromis et les arrangements intermédiaires ;

-conjuguer les évènements dans leurs circonstances.

Susciter l'intérêt et inciter à l'effort intellectuel, animer la motivation et entretenir la curiosité de réflexion, structurer le raisonnement logique et le jugement méthodique, c'est donc apprendre à l'esprit à se positionner face à l'accélération du progrès et à cautionner l'actualité créatrice de renaissance. Cet objectif ne peut être atteint qu'au moyen d'une formation qui lui permettra d'évoluer en participant à son apprentissage et en se sentant libre de devenir et de s'affirmer.

*Directeur de l'Education - Professeur, chercheur INRE - Ecrivain, auteur de douze ouvrages