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COMMUNICATION POLITIQUE : NOUVELLES DU FRONT !

par Belkacem Ahcene-Djaballah

11 334 candidats (dont 1125 indépendants) pour quelques centaines de «fauteuils» de députés, 54 partis (et «alliances») politiques avec 940 listes (1 088 déposées) dont 98 d'indépendants.

Des chiffres affolants mais qui n'étonnent guère l'observateur de la nouvelle scène politique née au début des années 90.

Ce n'est pas tant l'éparpillement ou l'émiettement de la vie politique qui étonne mais bien ce soudain engouement pour une activité que l'on sait, pourtant, encore verrouillée et ce, pour un bon bout de temps.

Un engouement quasi-inexistant au niveau de l'élection présidentielle, soit boudée soit boycottée par les «leaders», la place étant encore réservée au bénéfice d'un candidat de consensus... raisons historiques objectives et raisons de simple partage de pouvoir obligeant à une telle démarche. Certes inacceptables (et inacceptées) mais que faire face à la «machine» bien rodée d'un système bien rodé en place depuis l'Indépendance... et, peut-être même avant.

Un engouement devenu quasi-inexistant au niveau des élections locales et ce depuis quelques années, l'Etat central ayant décidé de mettre le holà et dressant de multiples barrages de «contrôle» et de sanctions face à l'incompétence d'élus locaux pour la plupart sans «capacité» mais non sans ambitions bien souvent bassement matérielles.

Mais qu'est-ce qui fait donc courir tout ce beau monde, diplômés ou non, femmes et hommes, vieux et jeunes, anciens au «jnan taieb» et nouveaux, très riches ou pas riches du tout... allant jusqu'à s'entre-déchirer (pour ne pas dire s'insulter) durant les quelques semaines de la campagne électorale ? Tout particulièrement au niveau des localités, villes et villages... et campus universitaires touchés par la politisation excessive des étudiants, devenus, non plus des réceptacles de la réflexion et de la critique, mais vecteurs et médiateurs des programmes des candidats, soit extrêmistes, soit «chkaristes». Quant aux «chefs», peut-être encore plus ambitieux, et pour certains gros prétentieux, presqu'aucun d'entre-eux n'ose se présenter.

L'amour du pays ? L'amour du prochain ? L'amour de la notoriété politique ? Ou, tout simplement, pour beaucoup (pas pour tous, heureusement), l'amour d'une place «au soleil» dans le microcosme de la société politique nationale... place que l'on sait... bien «payante», d'une manière ou d'une autre, pour un temps ou pour longtemps.

Payante d'abord en espèces sonnantes et trébuchantes puisque d'Assemblée en Assemblée, de demandes en demandes, de pressions en chantages, face à des exécutifs soucieux de paix sociale généralisée et rapide, l'élu du peuple, au départ volontaire (détaché par son entreprise d'origine et recevant une rémunération toute symbolique) s'est retrouvé parmi les «fonctionnaires» les mieux payés du pays avec, de plus, une retraite plus ou moins dorée, sans compter les avantages récoltés en cours de route.

Payante ensuite en nature puisque sous couvert d'un statut d' «immunisé» (qui dure, parfois, bien après la fin du mandat), notre parlementaire, quelle que soit sa couverture politique et idéologique, est devenu le «profiteur» le mieux placé en ce qui concerne les terrains, les logements, les crédits... et même les Pv.

Payante enfin en notoriété politique et sociale, l'élu devenant, parfois contre son gré, il faut le reconnaître, une sorte de «parrain» et de passage obligé pour avoir accès à bien des libéralités administratives.

11 334 candidats mais heureusement plus de 23 millions d'électrices et d'électeurs. Ici et là, du bon et du mauvais, car c'est être bien naïf que de croire en l'innocence du citoyen. Il a sa part de lacunes et même de gros défauts dont le moindre est de tomber dans le piège des discours démagogiques et islamo-populistes. Heureusement, il y a la loi du nombre et la diversité des opinions qui peut rétablir les équilibres malmenés durant la campagne. Mais, pour cela, en fin de parcours, ce jeudi, il faut surtout ne pas s'abstenir... c'est-à-dire voter en allant à l'essentiel et non au clinquant et aux «bavards», pour bien choisir et désigner, ou ignorer ou rejeter. Et, ainsi, séparer le bon grain de l'ivraie (cadidats et partis confondus) qui, décidémment, comme le chiendent, a bouffé le paysage et la vie politique du pays, donnant ainsi une image bien dégradée des mœurs citoyennes. Le président de la Hiise ne vient-il pas de déclarer (mercredi 26 à Tizi-Ouzou), irrité qu'il était, que les dépassements en matière de campagne électorale (dont l?irrespect de l'affichage) montrent que nous sommes encore «une société sous ?développée»... (tout en accusant le bouc-émissaire habituel, la presse, de faire dans du «trop sensationnel»). Etrange déclaration, pour un Monsieur qui a admis que des candidates ne paraissent pas le visage découvert sur les affiches. Mais, sur le fond, il n'a pas grandement tort !

-Extrait du mois, repris d'un entretien de Hamid Tahri avec Abdelkader Guerroudj (El Watan) : «Un Romain téméraire osa dire un jour à l'empereur Caligula perclus de vices «qu'il n'était qu'un gredin». «Tu n'a pas tort, répondit Caligula, mais crois-tu que mes sujets valent mieux que moi»

-C'est la dégringolade au classement mondial Rsf 2017 de la liberté de la presse (et cette Ong n'est pas la seule, puisque Freedom House, l'Ong américaine, vient, dans son dernier rapport annuel sur la liberté de la presse dans le mond, d'enfoncer le clou). L'Algérie recule de 5 places et se retrouve donc à la 134ème place (129ème en 2016). Les causes évoquées de ce recul sont nombreuses : Le rapport note «une dégradation flagrante de la situation de la presse dans le pays». Et, il énumère une série d'atteintes à l'exercice libre de la profession qui justifie cette mauvaise note. «Les sujets tabous ? santé du chef de l'Etat, avoirs des dirigeants algériens, corruption? ? restent nombreux et l'étranglement économique des titres indépendants se poursuit. Au cours de l'année 2016, quatre blogueurs et professionnels des médias ont été emprisonnés pour des faits en lien avec leurs publications», souligne RSF dans son rapport.

Le document revient aussi sur la mort en prison du journaliste et blogueur Mohamed Tamalt, survenu le 11 décembre 2016.

L'Algérie arrive juste derrière le Maroc (133e) et loin derrière la Mauritanie (55e) et la Tunisie (97e). Le Maroc, classé 133e, a montré en 2016 «une grande agressivité envers les journalistes étrangers», selon RSF qui dénonce l'expulsion de cinq journalistes européens. «Le nombre d'exactions au Sahara Occidental commises contre les journalistes sahraouis non-professionnels reste quant à lui élevé dans une zone impossible à couvrir pour les journalistes marocains», a précisé RSF dans une conférence de presse animée à Tunis.

Par ailleurs, RSF s'alarme du grave recul enregistré dans le monde (dont des pays occidentaux) en matière de liberté. Dans son rapport, RSF classe 21 pays dans la case noire, c'est-à-dire où la situation de la presse est considérée comme très grave. 51 pays (contre 49, l'an dernier) sont au rouge. Cela signifie que la situation de la liberté de l'information y est considérée comme difficile. «Au total, près des deux tiers (62,2%) des pays répertoriés ont enregistré une aggravation de leur situation», précise encore l'ONG.

Pour nous, des causes certes réelles, mais en fait assez conjoncturelles ! En fait, la cause première réside dans les lenteurs observées et/ou les obstacles dressés dans la mise en œuvre des dispositions réglementaires inscrites, depuis longtemps, dans les lois relatives à l'Information et à l'Audiovisuel, déjà assez mal fagotées (carte du journaliste professionnel, cahiers des charges dans l'audiovisuel, les conseils, lois sur la publicité et le sondage....) .Des lenteurs tout simplement, tout bêtement, administratives et bureaucratiques... Et, qu'on arrête de penser à l'argument-bateau, bien politicien, du «pouvoir qui bloque les processus de démocratisation du champ de la communication».

-Colère du monde universitaire tunisien. L'autorisation donnée à une étudiante en doctorat (depuis 2011), à l'Université de Sfax, de présenter une thèse qui remet en cause les fondements de la physique et de l'astronomie. «La terre est plate et le soleil gravite autour». C'est la conclusion («farfelue et sulfureuse») que soutient la doctorante dans sa thèse en géologie portant sur «le modèle plate-géocentrique de la terre, arguments et impact sur les études climato/paléoclimatiques».

Le travail concerne «les lois physiques connues, les lois de Newton, de Kepler et d'Einstein vue la faiblesse de leurs fondements» et a proposé, par une nouvelle vision de la cinématique, des objets conformes aux versets du Coran. La vitesse de la lumière et du son sont ainsi recalculées et on démontre que leurs vitesses correspond à celle de l'ordre 1.43.109 km/s. « Les théories du Bigbang et de l'expansion universelle ont été également rejetées ».

L'étudiante conclut que «toutes les donnés et les arguments physiques religieux ont permis de démontrer la position centrale, la fixation et l'aplatissement de la surface de la terre, la révolution du soleil et de la lune autour d'elle», après avoir soutenu que «les étoiles se situent à 7 000 000 km avec un diamètre de 292 km et leur nombre est limité. Elles possèdent trois rôles : pour être un décor du ciel ; pour lapider les diables et des signes pour guider les créatures dans les ténèbres de la terre».

La communauté scientifique et universitaire est en émoi et dénonce un scandale en pointant du doigt la responsabilité de l'encadreur de cette thèse, maître de conférence à la faculté des sciences de Sfax et ancien député à l'Assemblée Nationale Constituante, qui depuis 2011 a laissé faire une telle recherche.

«Pour remettre en cause Copernic, Galilée, Képler, Newton, Einstein, soutenant que ce sont des «chimères»? Comment un tel travail a-t-il pu être accepté dans le cadre de l'École doctorale depuis 2011 ? Comment peut-on accepter que l'Université soit non pas l'espace du savoir, de la rigueur scientifique, mais celui de la négation de la science, celui où la science est refusée car non conforme à l'Islam !», s'indigne une physicienne et professeure à l'université de Tunis.

«C'est une thèse soutenue dans une faculté de sciences et non de théologie !» tempête un autre universitaire, tandis que l'encadreur se défend en rappelant que la Constitution garantit la liberté de penser et la liberté académique. Il affirme par ailleurs être «l'objet d'une campagne malveillante, portant atteinte à sa réputation et à ses compétences scientifiques» en précisant : « L'étudiante que j'encadre a voulu revoir la théorie de la gravitation de la Terre autour du Soleil, en proposant l'hypothèse inverse. Ce n'est qu'un brouillon».

N'empêche, les universitaires ne décolèrent pas. «C'est inacceptable, c'est inadmissible. L'ignominie rejaillit sur toute la communauté des chercheurs, sur l'Université tunisienne, sur la crédibilité de nos diplômes, sur les possibilités de recrutement de nos jeunes dans les laboratoires étrangers et même sur le pays», s'insurge l'universitaire spécialiste en gestion, Chokri Mamoghli.

Le tollé est tel que le ministère de l'Enseignement supérieur a diligenté une enquête.

Ce qui s'est passé en Tunisie n'est qu'une paille dans l'œil du voisin, car dans notre œil se trouve une véritable poutre.