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Le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, au « Le Quotidien d'Oran »: «Construire un nouveau modèle industriel propre à l'Algérie»

par Interview Réalisée Par Zahir Mehdaoui

Tripartite, lois sur l'investissement, PME, redémarrage du complexe d'El-Hadjar, nouvelle politique des filières, foncier industriel, projet Suzuki et Peugeot?le ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchaoureb, nous dit tout. Il affirme qu'en dépit de la crise, le PIB de l'Algérie équivaut à celui de l'ensemble des pays du Maghreb réunis. La crise que connaît le marché du pétrole est venue accélérer le choix de la diversification économique, assure-t-il dans cet entretien exclusif.

Le Quotidien d'Oran : Au moment où s'ouvre aujourd'hui la 20e tripartite, vous faites de la dynamisation de l'industrie et de l'économie votre leitmotiv. Comment évaluez-vous cette nouvelle dynamique économique que le gouvernement tente d'insuffler depuis quelques années ?

Abdessalem Bouchouareb : Les perspectives de développement de l'économie nationale sont étroitement liées à son potentiel de diversification que nous travaillons à exploiter au mieux à travers la mise en place des leviers de son déploiement.

Nous sommes engagés depuis 2014 dans la réalisation d'un programme d'action visant la relance de l'investissement et le développement industriel dans le but de contribuer à la consolidation de notre nouveau modèle de croissance économique basé, en plus de l'équilibre budgétaire, sur l'entreprise et le développement de sa capacité à créer de la richesse et de l'emploi. Tous les pays qui ont changé de dimension à un moment donné ont fortement accru la contribution de l'industrie. Il s'agit donc pour nous de construire un nouveau modèle industriel propre à l'Algérie, qui s'insère dans les tendances façonnant la nouvelle carte industrielle mondiale. D'autres pays l'ont fait, donc c'est possible. L'Algérie est un grand pays qui doit voir grand. Pour l'exemple, malgré la crise, le PIB de l'Algérie équivaut à celui de l'ensemble des pays du Maghreb réunis.

Maintenant, les réformes économiques ordonnées par Son Excellence le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sont nécessaires et incontournables. C'est ce que j'appelle le moment du réformisme calme et apaisé qui s'inscrit en continuité des étapes accomplies depuis 1999, particulièrement le retour de la paix et de la stabilité ainsi que la reconstruction des infrastructures du pays et de la couche sociale moyenne. Je dois signaler au passage que contrairement à ce qui se dit, ces réformes inscrites dans le programme électoral présidentiel et plébiscitées par le suffrage universel sont antérieures à la chute des prix du pétrole. La crise du brut est venue accélérer le choix de la diversification.

Dans notre contexte, à la fois imprégné par des considérations nationale, géopolitique et géoéconomique, nous avons fait le choix à ce que l'ordonnancement des réformes obéisse à l'impératif de mutualisation des coûts du changement et de leur partage juste et équitable pour protéger les plus vulnérables et pour que les bénéfices se ressentent davantage.

Q.O.: Mais concrètement, quelle est votre évaluation ?

A. B.: Je vous ai expliqué l'esprit de la démarche. Au-delà des chiffres, ce qui est important c'est le signal envoyé. Il faut se rendre compte à quel point le retour de la confiance est primordial. Aujourd'hui, les investisseurs ont une direction claire et non ambiguë. Le soutien à la compétitivité de nos entreprises est assumé. Depuis 2014, nous avons pris 32 mesures dans les lois des finances ; mais, je suis d'abord partisan d'une approche systémique. C'est pourquoi, nous avons revu l'ensemble des lois liées à l'investissement, la PME et la compétitivité des entreprises. Les premiers indicateurs sont positifs. Par exemple, au second semestre 2016, qui coïncide avec la promulgation du nouveau code des investissements, l'ANDI a enregistré 4.851 projets, soit + 7% par rapport à la même période de l'exercice précédent. Le montant global des investissements a cru de 24%, prévoyant la création de plus de 113.000 emplois directs. Sur ces 4.851 projets déclarés, 115 l'ont été en partenariat avec des promoteurs étrangers. Et l'industrie occupe pour la première fois la tête du classement avec plus de 35,7%. A présent, nous sommes engagés dans une politique des filières qui commence à apporter ses fruits, notamment dans le ciment, les matériaux de construction, l'électronique et l'électrique, la sidérurgie et la métallurgie.

Q.O.: Justement en parlant de sidérurgie, on annonce le redémarrage du complexe d'El-hadjar en marge de la tripartite. Est-ce le cas ? Et est-ce vraiment une bonne affaire de le relancer ?

A. B.: Pour la première partie de votre question, nous faisons de notre mieux pour être au rendez-vous (Ndlr : entretien réalisé samedi). Nous avons rechargé le haut-fourneau après sa mise à feu et les premiers retours sont rassurants. Pour le second volet, je vous dirai qu'El-hadjar ne pouvait se permettre de rester en l'état. Il fallait arrêter l'hémorragie financière. L'actionnaire majoritaire revoyait ses choix stratégiques et, de notre part, nous lancions une ambitieuse stratégie industrielle dont la sidérurgie est d'effet structurant. C'est une décision éminemment politique à portée économique.

Q.O.: Qui coûte quand même un milliard de dollars US !

A. B.: Je dois lever ces équivoques. L'Etat n'intervient pas dans le financement. Le budget n'est pas sollicité. Le milliard de dollars est un plan d'investissement pluriannuel financé par un crédit bancaire remboursable avec, en première phase, un investissement de 600 millions USD.

Il faut se rendre quand même compte de la complexité de ce chantier. Depuis le départ de l'actionnaire ArcelorMittal avec la totalité de ses expatriés, les pouvoirs publics, sur instruction du Premier ministre et moi-même, ont déployé tous les efforts nécessaires pour accompagner l'équipe dirigeante du complexe d'El-Hadjar, notamment dans la poursuite et le parachèvement des opérations de revamping des installations industrielles. Le revamping n'est pas un simple arrêt pour entretien, mais une opération de remise à niveau totale du haut-fourneau et de l'unité de préparation de la matière (PMA). Aujourd'hui, tout est automatisé et se fait par commande avec une salle de contrôle ultramoderne dotée de logiciels nouveaux. Le HF a été rénové à hauteur de 80%, soit de fond en comble. La réhabilitation du complexe d'El-Hadjar est la première opération du genre et de cette envergure jamais réalisée depuis la réception des premières unités du complexe en 1969.

Q.O.: Mais beaucoup de retard a été pris ?

A. B.: Comme je le disais plus haut, au regard de la complexité de cette opération et suite au retard constaté, j'ai donné instruction au groupe Imetal dont dépend le groupe Sider pour un rappel des retraités à l'effet de rattraper le retard.

Les retraités rappelés avaient deux objectifs. Le premier : encadrer et suivre l'opération de réhabilitation et, en deuxième lieu, former et coacher les jeunes ingénieurs pour prendre le relais. Il est important de dire que le complexe a recruté 350 jeunes ingénieurs.

Le gouvernement a suivi toute l'opération. Le dossier était suivi au quotidien au niveau central. Et là, je tiens à rendre hommage au Premier ministre pour les décisions courageuses qu'ils a prises dont les facilités bancaires pour pouvoir payer les salaires et assurer la stabilité au sein du complexe, ce qui a permis de mener les travaux. Cette décision prise lors du CPE du 25 juillet 2016 a assuré les salaires pour 6 mois. Elle a été décisive et courageuse car pas facile au regard de la conjoncture économique délicate. Je rends hommage aussi à l'ensemble des travailleurs et managers du complexe d'El-Hadjar qui se sont mobilisés pour atteindre cet objectif, particulièrement les jeunes ingénieurs qui ont en fait une question de fierté que de relever le défi de redémarrer le HF et tout le complexe en dépit du départ précipité des expatriés.

Q. O.: Est-ce pour autant qu'El-Hadjar est sorti de la spirale des grèves ?

A. B.: La relance de la filière métallurgique et sidérurgique est une priorité pour le gouvernement. C'est une industrie qui occupe une position centrale, même incontournable entre l'amont minier et les filières industrielles que nous relançons.

Nous avons un «vrai projet industriel» pour le complexe d'El-Hadjar et le redémarrage du HF viendra renforcer le plan de développement de la sidérurgie à Annaba et l'exploitation minière à Tébessa et leur pérennité sur le long terme. La demande globale du marché national va doubler d'ici 2025 et l'objectif du gouvernement est de couvrir en totalité les besoins du pays en acier, notamment dans les produits plats nécessaires au développement des autres filières industrielles.

Notre plan vise à doubler la capacité de production de l'usine d'El-Hadjar pour porter ses capacités de production de 1 million de tonnes à 2,2 millions de tonnes par an à l'horizon 2020, le développement de l'industrie des tubes sans soudures ainsi que le développement durable des exploitations minières de Tébessa.

Je crois, par contre, qu'il est temps que le complexe d'El-Hadjar reprenne sa seule et véritable vocation : celle d'un producteur d'acier, un sidérurgiste au service exclusif de l'économie nationale. C'est l'avenir et la pérennité du complexe qui en dépendent. Il n'y a plus de place pour les aventuriers.

L'accompagnement du gouvernement a été décisif pour le maintien de la stabilité sociale et la poursuite de l'approvisionnement. Je rappelle également que la récupération du complexe a été aussi une revendication des travailleurs d'El-Hadjar et des mines de Ouenza et Boukhedra.

Les sidérurgistes d'El-Hadjar doivent être conscients qu'ils sont désormais face à leur destin. Je n'aimerai pas dire que c'est là la dernière chance ; mais ou ils se mobilisent pour redresser leur entreprise ou alors ils se feront laminer par la concurrence. Non seulement le gouvernement n'a pas l'intention de venir en permanence au secours, mais également d'autres opérateurs sont en production et là ce sera des parts de marché qui seront chers à reprendre. Tosyali à Oran va sur 5,5 millions/t d'ici 2019. Le complexe de Bellara sera opérationnel dès juin prochain avec au départ 2 millions/t qui seront doublés pour atteindre les 4 millions/t en 2020.

Q. O.: Que produira El-Hadjar donc pour faire face à toute cette concurrence ?

A. B.: Le complexe d'El-Hadjar n'est plus le leader du marché, c'est une réalité qu'il faudra admettre. Par contre, le complexe d'El-Hadjar est un fleuron national, un symbole de l'industrie sidérurgique et un acteur important dans le développement local et national. El-Hadjar a ce grand atout d'être connecté à son amont qui lui fournit son minerai. On envisage même d'adapter la production pour fournir les billettes à Bellara.

Après le redémarrage du HF, d'après mes informations, le groupe se donnera un délai d'un mois pour effectuer les réglages nécessaires. A fin mars 2017, nous pouvons donner une projection précise du volume de production attendu pour l'année. El-Hadjar reprendra la production avec les produits classiques (rond à béton & fil machine). Dans une 2ème phase, nous moderniserons les laminoirs pour aller vers des aciers à forte valeur pour les besoins de l'électroménager et l'automobile. Ce sont celles-là les synergies et complémentarités que nous construisons.

Q. O.: Je reste sur le cas d'école d'El-Hadjar, pour élargir au secteur économique public. Beaucoup estiment que la transformation des SGP en groupes n'a pas apporté le plus attendu. Qu'en pensez-vous ?

A. B.: Je crois tout le contraire. Sans la création du groupe Imétal par exemple, nous n'aurions jamais conduit ce projet. Beaucoup sont dans le confort du commentaire. La réforme du secteur public marchand en ce qui concerne le secteur de l'industrie et des mines est une réussite, à tel enseigne que les autres secteurs ont été instruits pour reproduire notre schéma. Mais avant d'être une réforme du gouvernement ou du ministère de l'Industrie, la révision de la gouvernance du secteur public par la création de groupes industriels à partir des SGP est d'abord affichée de manière très claire dans le volet économique du programme électoral du Président. Certains adeptes du commentaire seraient bien avisés de relire ce programme ainsi que le document du Pacte national économique et social de croissance qu'ils ont paraphé en février 2014. J'entends par moment la nostalgie des SGP. Les SGP ont disparu depuis deux ans. Il faut se réveiller quand même. Je le dis en toute amitié. Y'en a même parmi eux qui applaudissaient à la tribune d'El-Aurassi le 24 février 2015 à l'installation des nouveaux groupes. Il ne faut pas avoir la mémoire courte. En tant que ministre au gouvernement dans une conjoncture pareille, j'ai à peine le temps de l'action. Je vous disais donc que les groupes industriels sont une transformation réussie et j'en veux pour meilleure preuve le nombre de partenariats conclus, plus de 80 en seulement deux ans. Pour la première fois depuis la fin du plan d'ajustement structurel, le secteur public industriel se remet à recruter. Pas moins de 30.000 emplois directs seront générés grâce au partenariat. Le seul complexe textile de Relizane emploiera 10.000 personnes. Grâce à cette approche partenariale, de grandes firmes mondiales font confiance à ces entreprises et évoluent en Algérie en partenariats industriels. Je pense par exemple à Massey Fergusson, Liebherr, Sampo, General Electric, Alstom, Renault, Deutz, Mercedes Benz, ZF et d'autres.

C'est en tout cela que nous pensons avoir fait le bon choix parce qu'il s'agit de l'émergence d'une nouvelle entreprise publique industrielle fonctionnant selon les règles universelles de gestion. Maintenant, comme à toute réforme, il y a des résistances au changement ; car il y avait des positions et des privilèges acquis. Tout cela, c'est fini. La concertation et le dialogue, j'en suis le premier soutien. Les groupes et leurs filiales ont leurs organes sociaux. La co-gestion n'est plus de mise. Chacun doit s'occuper de son espace de compétence et, croyez-moi, c'est le meilleur service qu'on pourrait rendre à l'entreprise. Nous avons des défis beaucoup plus grands à relever.

Q. O.: Vous avez estimé pouvoir diminuer les importations de près de 30 milliards de dollars US en quatre ans, comment allez-vous procéder ?

A. B.: Aujourd'hui, nos importations tournent autour de 60 milliards USD/an et, selon les analyses que nous avons effectuées, nous disposons d'un potentiel substituable autour des 30 milliards USD. Il ne s'agit pas de diviser nos importations par deux comme beaucoup l'avaient compris, mais de «mieux importer et surtout de produire plus». Notre audit a démontré que des importations doublonnent avec des productions locales. Pourquoi ? Parce que l'Algérie importe des biens qu'on n'imagine pas qu'elle produit. Souvent, il suffit de faire se parler les entreprises entre elles pour percevoir qu'avec une variante de leur production, elles pourraient répondre à la demande du marché. Je perçois sur ce plan une réelle prise de conscience des opérateurs et un gisement d'opportunités. Nous travaillons également à promouvoir des écosystèmes intelligents qui permettent ce dialogue entre donneurs d'ordre et fournisseurs. Depuis deux ans, nous avons entamé une démarche de clusterisation de l'économie et la promotion d'une dizaine de pôles de compétitivité pour l'industrie automobile, la pharmaceutique, les matériaux de construction, les mines, l'agro-industrie?ensuite nous soutenons les investissements qui vont dans la direction de l'import-substitution. Nous avons des capacités de production oisives à qui nous libérons des parts de marché. En 2017, nous faisons de la sous-traitance industrielle notre cheval de bataille. Nous avons revu le dispositif CKD/SKD et institué des mesures incitatives pour encourager l'investissement dans la sous-traitance. Tout cela va dans le même sens.

Q.O.: Vous aviez décrété 2016 l'«Année des mines». Quel bilan faites-vous et quel est le potentiel de ce secteur ?

A. B.: La décision du Président de remettre les mines avec l'industrie a été reçue comme un signal fort d'aller vers une industrie minière forte au service de l'industrie nationale.

Aujourd'hui, au regard de notre potentiel, le secteur des mines doit générer une plus grande plus-value. Nous avons l'avantage de disposer en abondance à la fois du minerai et du gaz, ce sont des atouts que nul autre pays dans la région n'offre et nous sommes décidés à valoriser toutes nos ressources naturelles minérales autant pour les besoins de l'industrie nationale que pour l'exportation. L'exportation à l'état brut des minerais doit cesser. En 2017, nous projetons de doubler la valeur ajoutée créée par le secteur des mines. Les mines sont l'exemple type du secteur qui s'inscrit par excellence dans la politique d'import-substitution et de promotion des exportations hors hydrocarbures avec des rendements exceptionnels.

Ce secteur se met progressivement dans la dynamique industrielle pour satisfaire les besoins du marché national en substances minérales. A court terme, nous endiguerons les importations de minéraux industriels que nous pouvons produire localement.

L'objectif premier est d'assurer l'équilibre de notre balance commerciale en matière de produits miniers et de travailler à réduire les importations, participer graduellement et activement à l'accroissement des capacités d'exportation à travers un véritable programme de réhabilitation et de modernisation de l'outil de production.

Le montant global des investissements prévus pour la période 2016-2021 avoisinerait les 15 milliards de dollars US avec la création d'environ 12.000 à 16.000 emplois directs et entre 30.000 et 40.000 indirects. D'ici fin mars début avril, nous nous lancerons réellement dans le phosphate.

Q. O.: La question de la disponibilité du foncier industriel reste toujours posée. Serait-elle réglée un jour ?

A. B.: Je ne suis pas d'accord avec ce constat. Le foncier, en même temps qu'il est un facteur de compétitivité à travers tous les abattements que consent l'Etat, il n'en demeure pas moins une ressource rare. Donc son allocation répond aux objectifs de l'économie nationale. Les walis, à qui est dévolue la gestion exclusivement du domaine privé de l'Etat, terrains et actifs, sont en train de faire un travail colossal pour récupérer les lots inexploités pour les réaffecter. Nous avons lancé des parcs industriels en réalisation, 39 lancés pour 9.000 hectares que les walis ont déjà affectés et nous avons adopté une politique de réhabilitation de l'existant pour le standardiser avec les normes que nous nous sommes données sur les nouveaux parcs industriels. Pour accélérer le processus, j'ai décidé de confier ce programme de réhabilitation à l'ANIREF. Comme nous avons ouvert au privé le droit d'aménager des zones. Tout cela converge vers un seul objectif : donner naissance à un véritable marché du foncier économique. Les problèmes des investisseurs ne sont plus le foncier, ils sont ailleurs.

Q. O.: Beaucoup de projets sont annoncés dans le montage automobile. Où en êtes-vous ? On parle de Suzuki, de Peugeot?

A. B.: Ce qu'il faut comprendre c'est que nous travaillons à construire une filière automobile intégrée. Se satisfaire du montage n'est pas viable à long terme, mais c'est une étape d'apprentissage et transitoire nécessaire. Nous n'avons pas non plus vocation à devenir un centre de chaînes de montage sans valeur ajoutée localisée. Nous privilégions d'abord le projet d'un point de vue industriel et technologique. Le sujet n'est pas seulement de se conformer à une mesure de loi de finances, mais de bâtir une véritable industrie. Le taux d'intégration est un point important. Le groupe Volkswagen nous a cédé la licence de production gratuitement en y ajoutant l'engagement de transporter via la compagnie nationale CNAN. Cela représente entre 700 et 1000 euros/véhicule. Idem pour Renault Production Algérie qui vient de prendre la même décision. Ils nous associent aussi aux choix des modèles à produire. Voilà, si vous lisez entre les lignes, vous aurez la réponse à la deuxième partie de la question. S'agissant de projets en cours de discussion, je préfère respecter la confidentialité signée entre les partenaires.

Q.O.: Une dernière question, où en êtes-vous avec les textes d'application du nouveau code des investissements ?

A. B.: Merci de me donner l'occasion de conclure sur un élément très important. Je parlais au début de l'approche systémique. En moins d'une année après la révision de la Constitution, nous avons révisé l'ensemble des textes de loi à notre actif -normalisation, métrologie, PME et investissement. S'agissant des textes d'application, pour leur majorité ils ont été approuvés en réunion du gouvernement et sont en phase de signature pour publication. Il s'agit des projets de décrets exécutifs fixant les listes négatives, les seuils d'éligibilité et les modalités d'application des avantages aux différents types d'investissement; des modalités d'enregistrement des investissements ainsi que la forme et les effets de l'attestation s'y rapportant ; des modalités d'application des avantages supplémentaires d'exploitation accordés aux investissements créant plus de cent (100) emplois ; du montant et les modalités de perception de la redevance pour traitement de dossiers d'investissement; du décret relatif au suivi des investissements et aux sanctions applicables pour non-respect des obligations et engagements souscrits ainsi que celui relatif à la réorganisation de l'ANDI. Il en est de même pour les 3 autres lois, PME-Normalisation & Métrologie, dont l'essentiel des textes d'application sont introduits pour examen.