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FLN : le changement dans la continuité !

par Cherif Ali

A travers les commentaires et les manchettes des journaux, publics et privés, il n'y en a, en définitive, que pour Amar Saâdani et son départ. Rien sur Djamel Ould Abbès, l'arrivant !

Mais ce qui est acquis et tout le monde est d'accord là-dessus, c'est que ce dernier n'est pas le produit d'un casting, mais d'une cooptation. Le bien heureux Djamel Ould Abbès sénateur du très présidentiel et néanmoins membre du bureau politique du FLN est « missionné », comme se plaisent à à le relever les journalistes qui, vont même jusqu'à définir les tâches urgentes qui lui sont assignées : rattraper les bourdes du désormais ex-secrétaire général du FLN et maintenir le statu quo !

Quant à Amar Saâdani même s'il quitte le secrétariat général du parti, il n'en reste pas moins un de ses membres les plus influents dès lors qu'il continuera à siéger au bureau politique.

Pour certains, l'homme n'a nullement démérité. En tous les cas il n'a a pas manqué d'audace lui qui s'est attaqué à des citadelles qu'on croyait imprenables. Et aussi à des responsables dont on n'osait même pas chuchoter le nom.

A-t-il pour autant dépassé les objectifs qui lui ont été tracés ? S'est-il pris au piège de se croire devenu, à son tour, invincible ? Faiseur de rois s'est interrogé un journaliste?

Autant de questions auxquelles il n'est pas loisible, pour le moment, d'y répondre. Selon certains observateurs, ce serait ses sorties médiatiques et surtout ses attaques contre le directeur de Cabinet de la Présidence de la République, qui lui auraient valu sa disgrâce et qui ont fini par irriter en haut lieu. Bien avant, donc, les tirs sur Abdelaziz Belkhadem, l'autre cible pilonnée par « l'intrépide » Amar Saâdani. La preuve ? Le message de félicitations adressé par le Président de la République à Ahmed Ouyahia au lendemain de son élection à la tête du RND, qui a sonné comme un désaveu à l'ex secrétaire général du FLN ! Tous les journalistes ont passé en revue la démission « surprise » de Amar Saâdani sans, au final, apporter les vraies informations gravitant autour du geste de l'ex secrétaire général du FLN. Il est, certes, vrai que la majorité d'entre eux n'ont pas la « compétence » politique leur permettant de donner du signifiant à leurs propos on écrits lorsqu'ils évoquent, notamment, des domaines liés à la politique et à la sécurité.

Sur un autre plan, il faut admettre, également, qu'en Algérie il est difficile, voire impossible, de pratiquer un journalisme d'investigation ou, selon certains, de faire même du journalisme au risque de déraper, de se tromper, de se fourvoyer ou de s'attirer les foudres de Hamid Grine, le ministre du secteur. Quant aux citoyens, lecteurs, auditeurs et téléspectateurs de leur état, ils ont l'impression de lire, partout, de voir et d'entendre sur les ondes et les écrans de télévision, les mêmes informations.

Comme des éléments de langage ! Ce sont bien les mêmes analyses et les mêmes petites phrases qui tournent. Il suffit de lire un seul journal ou de regarder un seul quotidien Télévisé pour s'en rendre compte : les mêmes mots sont utilisés. Les mêmes déclarations des uns et des autres sont sélectionnées par être diffusées, en boucle.

Les journalistes de radios s'accordent sur les mêmes sons ; ceux des télévisions cadrent les mêmes visages. Et les experts, les mêmes, écument les plateaux pour pérorer et déverser les mêmes platitudes. A la longue, cela devient ennuyeux, mais c'est simple aussi pour les médias: il faut meubler, c'est commode et tout le monde s'y tient. A croire que le monde journalistique s'approvisionne dans le même marché !

En définitive les gens ont raison : les seuls journalistes qu'on leur donne à voir, lire ou écouter sont ceux des télévisions, radios et journaux imbus de leur propre importance ! Des journalistes qui y vont au prompteur en prenant toutes les libertés avec la langue. Et pourtant, un journaliste c'est simple : il s'agit pour lui de savoir manier »sujet-verbe-complément » ; d'être curieux et ouvert ; et aussi de se servir de sa propre culture, celle qu'il s'est faite sur le terrain, dans sa vie personnelle ou sa carrière ! Peut-on pour autant parler de « paresse » de la presse ? Les mêmes vraies ou fausses informations se colportent plus vite et plus fort ; au grand dam du ministre de la communication qui en appelle au respect de l'éthique. A l'avènement, d'un journalisme « responsable»! Pari difficile à tenir en l'état de la scène politique nationale, des enjeux électoraux venir et de l'argent qui circule. Celui de la publicité notamment, qui fait saliver et surtout « abdiquer » plus d'un patron de presse.

Il faut dire aussi, que dans le pays, tous les modèles économiques de la presse sont en voie d'effondrement. S'il n'y avait pas, encore pour certains titres, les aides de l'Etat, beaucoup de journaux seraient en difficulté et mettraient la clef sous le paillasson. Amar Saâdani, a donc démissionné même si aux yeux, de ses pairs du comité central c'est « à l'insu de son plein gré » qu'il a jeté l'éponge ! Comment en serait-il autrement, lui qui se voyait occuper le siège longtemps encore, au delà même des législatives qu'il se voyait remporter largement, écrasant au passage son rival du RND, Ahmed Ouyahia. C'était sans compter sur les décideurs. Et la désignation « surprise » de Djamel Ould Abbès à la tête du secrétariat général prouve, si besoin est, que les grandes décisions du FLN sont prises ailleurs qu'à Hydra, le siège officiel du parti. Pour la petite histoire, rappelons que Djamel Ould Abbès s'est fait piéger par une caméra cachée le ramadhan passé. Sur le plateau TV où il était invité, on lui faisait croire, entre deux échanges, que le Président de la République venait de mettre fin aux fonctions du S.G du FLN, et que lui, Djamel Ould Abbès, a été désigné pour assurer l'intérim du parti. Avalant la couleuvre, « DOA » s'est confondu en remerciements et louanges au Président, jusqu'à ce que le journaliste lui dise qu'il s'agissait en fait d'une blague.

Contenant mal son dépit et retenant à peine ses larmes, DOA, bon prince, retrouvant son sang froid resta tout de même fair-play jusqu'au bout.

Présentement, son rêve est devenu réalité. Gageons que sa vengeance sera terrible, pour tous ceux qui ont voulu le tourner en bourrique. A commencer par les membres du bureau politique du FLN qui le tenait pour quantité négligeable ! Sitôt dit, sitôt fait, à peine Amar Saâdani a-t-il annoncé son irrévocable départ, que son remplaçant qu'il a « zaama » lui-même proposé, a été adoubé par le comité central du FLN. A l'applaudimètre. C'est dire que tout a été préparé à l'avance par ceux qui tiennent le FLN et partant, les rênes du pays. Aujourd'hui, on arrête de jouer même si rien en définitive n'est aplani dans le vieux parti. L'homme fort Saâdani en l'occurrence est éjecté sans aucune forme de procès ; fin de mission pour l'homme ? Allez savoir dans le pays ou le recyclage du personnel politique est une constante. Un exemple ? Amar Ghoul ! Le secrétaire général par intérim est là juste pour « chauffer » le siège ont prétendu certains militants. Que nenni affirme en vieux routier, Djamel Ould Abbès, qui promet aux algériens une grande surprise. Pour bientôt !

A-t-il parlé « plus vite que tout suite »?

Il fait du « Saâdani » se sont aventurés à critiquer certains, ce qui conforte l'analyse selon laquelle, en définitive, le FLN « cuvée » post Saâdani sera, à n'en point douter, une copie conforme à l'ancienne au plan doctrinal et des objectifs fixés au parti par les sphères du pouvoir. Et de ce fait, il serait vain de voir dans le départ d'Amar Saâdani et la désignation de son successeur Djamel Ould Abbès, les prémices d'une recomposition de la feuille de route fixée au parti. Il y a certes du changement au FLN, mais le parti est habitué au « changement dans la continuité ». Amar Saâdani est parti. Beaucoup vont regretter ses intrusions médiatiques qui ont fait courir les journalistes de tout bord. Le « monsieur Jourdain » de la politique a fait rire sans le savoir. Il a fini par trébucher à force de trop tirer sur la corde. Il est allé trop loin dans son « délirium ».

Son successeur du haut de ses 83 ans appelle au resserrement des rangs. Sera-t-il écouté par les Belayat et consorts ? En « brave soldat Zweig » il a donné le la : au FLN on prépare 2017 mais aussi 2019. Avec un seul candidat, si Dieu lui prête vie.

Et il ne s'est pas fait prier pour évoquer, à demi mot certes, l'ambition que la vox populi prêterait au président en exercice, à savoir son désir de se maintenir à El Mouradia au-delà de 2019 ! Et comme par hasard, le Président de la République multiplie ses sorties sur le terrain, comme pour donner des signes de sa santé retrouvée.

En conclusion, n'est-il pas nécessaire, pour ne pas dire utile pour reprendre les propos d'un chroniqueur, de se poser la question de savoir si le successeur de Amar Saâdani à la tête du FLN, n'a pas souligné cette évidence d'un probable 5éme mandat, justement, pour que la question fasse débat.

Et de préférence maintenant !