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S'ils émergent, décapitez-les tous !

par Salim Metref

Tel pourrait être le slogan de ce que nous savons faire le mieux en Algérie. Jaloux, envieux et médisants, nous n'acceptons pas la réussite et encore moins le succès surtout s'il profite à notre pays, à sa notoriété et sa place dans le concert des nations.

Combien de ceux qui ont eu le tort de bien faire, d'oser l'intelligence et l'initiative au service de leur pays se sont retrouvés ligotés par une adversité qu'ils n'ont pas vu venir et encore moins comprendre. Ainsi, indépendamment de ce qui fonde nos mœurs politiques et nos pouvoirs et qui personnellement ne m'intéresse pas, il y a parfois des évènements qui se produisent qui vous font désespérer de tous.

Ainsi notre ministre des Affaires étrangères, sans vouloir en aucun cas offenser quiconque ni vouloir diminuer du mérite et des compétences de personne et pour ne pas le nommer, qui a pourtant réussi en un laps de temps très court à redonner de la visibilité à notre diplomatie qui n'en avait presque plus, de la consistance, du respect et que de nombreux pays notamment de notre voisinage immédiat rêvent d'avoir dans leurs gouvernements s'est, en guise de reconnaissance pour son excellent travail, sa modestie et sa persévérance, vu amputé d'une bonne partie de ses prérogatives provoquant l'ire et la joie notamment de ces milieux hostiles à l'Algérie toujours satisfaits que nous devenions les idiots du village et qui n'acceptent jamais de voir notre pays déployer dans un environnement régional extrêmement mouvementé une diplomatie féconde qui réussit non seulement à convaincre mais à redonner toute ses chances à l'initiative politique, seul levier permettant d'éviter l'exacerbation des conflits et, pire, leur militarisation.

Notre ministre des Affaires étrangères qui a su à chaque fois trouver la bonne formule pour recadrer les choses et répondre parfois aux propos maladroits de puissants de ce monde a également réussi la prouesse de devenir, chose extrêmement rare en Algérie, un personnage jouissant d'un capital de sympathie réel dans l'opinion.

Un jour, pour relater ce que l'on pense ailleurs, un de mes anciens professeur français, chercheur émérite, répondit à la question relative à ses choix professionnels, lui qui est un surdoué diplômé de l'une des plus grandes école françaises a préféré s'investir dans la carrière universitaire plutôt que de faire comme beaucoup de ses anciens collègues qui sont devenus patrons de grands groupes industriels et de grandes banques, que toute nation repose sur trois piliers porteurs qui doivent briller par leur éclat, leur efficacité, leur puissance et leur pérennité. La magistrature, l'armée et la diplomatie et que lui en grand commis de l'Etat a choisi de servir son pays là où il sait mieux le faire, former les compétences et les élites qui de par leurs aptitudes peuvent se redéployer là où elles sont sollicitées et porter haut leur pays. Cette ambition qui a le mérite de la clarté illustre bien la place qu'occupe la diplomatie dans tout projet d'émergence d'un pays.

Alors, corrigeons vite nos erreurs et errements et revenons à l'essentiel ! Et changeons dès à présent de slogan : S'ils émergent, soutenons-les tous !