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Le seigneur des allos

par Hamid Dahmani

L'oisiveté, l'appât du gain, le commerce informel, les « smasria » et l'exode rural. Sont les principaux éléments qui ont fait rassembler une grande densité de gens au milieu des centres de villes comme des pierres abandonnées au milieu du lit d'une rivière (h'djar el-oued).

Encouragés et abandonnés à leurs sorts et sans espoir de trouver des issues salvatrices pour s'occuper sérieusement fel-bled dans des activités professionnelles durables et bien réfléchi. Tout ce beau monde et la proie de la flânerie permanente. Un troupeau sans berger. «L'ânesse est foutue dans l'écurie !» Les routes sont bouchées. Les trottoirs sont archicombles et pris d'assauts par «el-ferracha». Les vendeurs de portables font la loi aux coins des rues. Bloquent les trottoirs et les passages pour piétons. Et les infortunés piétons sont obligés de contourner ces masses humaines sur les cotés en empruntant la voie des automobilistes pour éviter qu'on leurs fassent les poches.

Les corbeilles de pains sont présentées à la vente sur le bitume, juste au dessus des bouches d'égouts. Tout prés des rigoles en compagnie des eaux stagnantes noires et polluées .Les commerçants mettent aussi leurs grains de sel et occupent les espaces de stationnements de véhicules devant leurs magasins avec des cageots, des échelles et des chaises, etc.

Et le petit peuple «Kima H'na», se trouve coincé entre «Sidi ou Lala».

«Etafret ? fina ! Klena Fox !»

La ville étouffe sous le poids de l'indifférence et de la carence. «Tekhti, rassi bark !» semblent marmonner ainsi tous ceux qui sont sensés faire appliquer les lois fainéantes. Les urbains sont devenus des souffres douleurs de la pagaille citadine. Alors, vive «el-harba wel el-harga».

Le karsan (transport en commun) c'est la terreur des voyageurs et des piétons .ils tuent plus qu'ils ne transportent. Que dieu fasse qu'ils disparaissent et qu'ils prospèrent dans des fourrières.

Les pauvres hittites sont toujours adossés aux murs des lamentations et gémissent sous le poids du mépris total. «Tal el-hal Aalina»Mais personne ne semble se soucier de nos ennuis sociaux.

Les marchands de légumes et les bouchers se sont mis aussi contre nous et nous écorchent quotidiennement sans peur et sans reproche. Que dieu fasse que leurs commerces tombent en faillite à tout jamais.

Et les autres, ceux qui sont payés pour nous protéger le citoyen contre les agressions de ces rapaces, ont l'esprit ailleurs, occuper par «regda we t'manger «et jouissent du bon plaisir malicieux en laissant faire le temps de la passivité en silence.

Et pourtant ces gens là, sont payés et entretenus avec de l'argent public pour assister le citoyen et débusquer les spéculateurs et les affameurs du peuple. «Vous avez peut être raison et vous trouvez que je délire ? Comment voulez vous qu'ils nous protègent ? Déjà qu'ils ne vont pas faire leurs achats comme nous les gens du peuple dans les marchés populaires. Ne font pas la chaine populaire à la poste, à la daïra, à l'hôpital comme le «ghachi «ordinaire. Autrement ne saura qu'es ce qu'il y'a dans le sac, que celui qui a frappé ou qui a été frappé avec le «mezoued !»

Les injures, les insultes et les gros mots sont devenus le vocabulaire favorable de la société pour régler les comptes en public sans pudeur.

Edzair, «rahet fiha». Un tremblement de terre, «houa libiha».

«Kourat- el- kaademe» (football) est devenue une rencontre des gros mots. Le bonheur n'est plus dans le stade. Dorénavant il faut dire. «Tiens cet après-midi ! Je vais accompagner les enfants au stade pour voir un match de «klem ?soue» (gros mots). Cela permettra d'aiguiser et de préparer pour l'avenir la langue de mes morveux quant ils grandiront et ils seront «sadjiene».

Le football made in Algeria, va bon train dans le pays et c'est la seule distraction qui fait le grand spectacle. C'est un métier qui rapporte à ceux qui savent s'en servir. Il est sur toutes les langues des fans et autour de la totalité des tables des cafés et de la rue. Le sujet est un événement sacré pour les fideles de la balle ronde. Toutes les rencontres de football sont une date majeure qui fait le sensationnel avant le jour J. Championnat des clubs locaux ou rencontre entre nations il faut faire la fête pour entretenir l'éphémère.

Les discussions sont riches en chauvinisme, en excitation et pleine d'enthousiasme et de couleurs des fans de la sélection des verts et blancs sous la bénédiction du seigneur des allos. Les pronostics sur la rencontre sont a l'ordre du jour et c'est l'Algérie qui gagne sur la totalité des bouches. dans ces moments là, le pronostic n'est pas mon gros souci, je l'avoue. J'ai la tète ailleurs et le sujet débattu n'est pas ma tasse de thé et je rêve d'une autre Algérie avec un meilleur pari sur l'avenir du pays. Une Algérie qui devrait surtout s'engageait dans le chemin de la droiture et qui s'obligeait de gagner la confiance de son peuple sur tous les fronts et les terrains de la nation menacée par le risque. «L'Algérie a t'elle intérêt à gagner un match ou à gagner une crédibilité sérieuse ?» Je suis favorable comme tous les autres algériens pour une Algérie toujours victorieuse dans toutes les compétitions sportives mondiales. Mais, une Algérie qui gagne aussi la main haute dans sa justice et dans sa croissance économique. Egalement pour une Algérie qui incarne la droiture. Un état de droit qui écrase d'une main de fer la forte corruption. Une Algérie qui communique et garantie à tous ses citoyens l'exercice syndicale libre et protège les libertés d'opinions. Une Algérie qui gagne par un KO contre la peste de l'informel. Une Algérie forte dans sa transparence politique et qui garantie l'alternance politique. Une Algérie qui s'engage dans une véritable politique de la culture de l'esprit du citoyen. Une Algérie qui gagne et efface le déséquilibre régional. J'aime l'Algérie qui s'engage efficacement dans la lutte contre la bureaucratie et qui défend les droits de l'homme dans la transparence.

Une Algérie modèle dans ses institutions étatiques démocratiques. J'ai horreur de l'Algérie des klaxons intempestifs et des cortèges stériles commandés. J'ai une grande horreur pour la chanson routinière soporifique engagée de l'unique. J'ai une grande horreur des préparatifs des visites officielles qui cachent la misère pendant un bref moment du parcours avec des fanions et des youyous et du badigeonnage des trottoirs et les troncs d'arbres. J'ai horreur de la communication issue de la langue de bois et de la récupération non méritée. Le système joue et gagne à tous les coups. Il a bien misé sur son pari sportif.

Je n'aime pas la médiocrité des suivistes, des paresseux et des bras cassés qui nous pourrissent notre quotidien avec des slogans ringards. Je n'aime pas voir les ignorants s'accaparer les hautes fonctions de l'état et les plus intelligents raser les murs.

L'Algérie est fatiguée de cette politique improductive et qui n'a les yeux tournés que du coté des puits du Sud?.

L'Algérie mon amour, c'est aussi l'Algérie des flatteurs et des troubadours.

Le football est un grand pourvoyeur de l'enthousiasme et de la «hailoula» pour rien. J'aime toutes les rencontres sportive de foot du monde et je deviens dans ces instants un supporteur acharné et j'applaudi le meilleur de la partie pendant ces 90 minutes de détentes «ou Bess !».

Après tout botter un ballon n'est pas une science exacte ni une technologie laborieuse qui fait évoluer un pays. Le football est un métier et une passion qui rapporte uniquement aux surdoués.

J'aime l'Algérie qui est au chevet de ses hôpitaux et de ses malades qui souffrent en silence. Je n'aime pas l'Algérie du tapage et qui dépense l'argent public sans compter pour les stades sans une contrepartie conséquente pour l'avenir et la stabilité du pays.

J'aime les décisions politiques qui sont populaires et qui touchent l'intérêt général et je n'aime pas les grands gueules et les «khobzistes» qui font le guet pour exploiter et sauter sur les grandes occasions?.

J'aime ou je n'aime pas, ça sert à quoi dans ce pays monotone ? J'aime mon pays parce que c'est ma patrie. Notre ennui est un puits, dans le désert il est enfui.

J'aime, j'adore, j'affectionne dans tous les synonymes mon Algérie et je n'aime pas les accessoires inutiles, préfabriqués et contre-productif qui tue l'Algérie...