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La Chine reste maîtresse du commerce mondial

par Akram Belkaïd, Paris

La Chine reste la première puissance commerciale du monde. C’est le premier constat que l’on peut tirer de la publication des statistiques officielles de 2014 qui viennent d’être publiées par Pékin. Avec, notamment, un excédent commercial annuel de l’ordre de 382,46 milliards de dollars. En clair, le « made in China » demeure dynamique même si l’on annonce ici et là que le plus grand atelier du monde souffre comme les autres exportateurs du ralentissement de la croissance globale.

UN MARCHE INTERIEUR EN PANNE

Il faut dire que, dans le détail, les chiffres sont plus nuancés. Plusieurs analystes ont relevé que les exportations, bien qu’elles progressent encore, ont un peu ralenti en atteignant un montant, tout de même impressionnant, de 2340 milliards de dollars. Cela correspond à une hausse de 6,3 % par rapport à 2013 où les ventes extérieures avaient connu un bond de 8% par rapport à 2012. Cela étant, ce ralentissement des exportations est des plus logique. Dans un contexte de croissance mondiale en retrait et de stagnation chez certains clients habituels de la Chine, on pense à l’Europe, il est normal que le dynamisme commercial chinois à l’international en pâtisse. Par contre, l’enseignement le plus intéressant de ces statistiques du commerce extérieur chinois concerne la nette baisse dans la progression des importations. Ces dernières n’ont pratiquement pas bougé par rapport à 2013 avec un montant de 1960 milliards de dollars ( 0,4 % contre une progression de 7% en 2013 par rapport à 2012). Cela signifie que la demande intérieure chinoise a du mal à se substituer aux exportations. Or, c’est l’un des objectifs des autorités que de faire en sorte que le marché intérieur puisse compenser les variations aléatoires du commerce extérieur. Après des années de tergiversations, Pékin a compris qu’il ne suffit pas d’être le plus grand manufacturier du monde, car encore faut-il que la consommation se développe à l’intérieur de ses frontières. Pour autant, il serait imprudent de conclure qu’il y a péril dans la demeure. Si la Chine a du mal à développer son marché intérieur, c’est qu’elle part de très loin. Chaque année, plusieurs millions de Chinois sortent de la pauvreté extrême, mais ils sont encore incapables d’accéder à des niveaux de consommation qui seraient comparables à ce qui existe dans d’autres pays asiatiques et ne parlons pas de ce qui existe en Europe ou aux Etats-Unis. De même, les banques chinoises sont de moins en moins enclines à développer le crédit à la consommation dans un contexte où les autorités répètent à l’envi leur volonté de brider la dette des ménages. Pour dire les choses autrement, la Chine expérimente en temps réel les contradictions et les paradoxes d’un développement à marche forcée. Mais comme le rappellent certains économistes, il faut garder certains chiffres en tête. Un pays qui importe annuellement pour 1960 milliards de dollars – un chiffre qui aurait pu être plus important sans la baisse des prix du pétrole – est un acteur économique global et incontournable. Le duo Chine- Etats-Unis reste incontournable Enfin, un autre enseignement des statistiques chinoises est le lien fondamental qui unit la Chine et les Etats-Unis. Au mois de décembre, les exportations chinoises ont connu une forte hausse ( 9,7 % à 227,5 milliards de dollars). L’explication se trouve, entre autres, du côté des Etats-Unis qui connaissent actuellement un retour en force de la croissance ( 5% au troisième trimestre et 2,5 % pour l’année 2014) et donc de sa demande intérieure (laquelle représente les deux tiers de la croissance). Cela signifie que le duo « sinamerica » reste prépondérant et que les thèses sur le découplage économique entre les deux pays demeurent infondées. La Chine a plus que jamais besoin du marché américain comme débouché et les Etats-Unis ont toujours besoin que Pékin achète des obligations du Trésor US. Mais ceci est une autre histoire...