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Le bêtisier de fin d'année

par Hamid Dahmani

Ce matin-là, par ce sale temps pluvieux, j'étais adossé à un mur sous le balcon d'un immeuble du centre ville, attendant le passage de l'orage pour reprendre mon chemin de l'errement et de l'abandon, devenu coutumier chez moi au fil du temps. J'étais pensif et absorbé par mon esprit qui vaguait ailleurs.

Quand s'arrêta devant moi mon ami dit « l'intriti » qui se pavanait dans les parages, les mains croisées au dos avec un journal plié entre les mains. Il s'est arrêté un moment pour me saluer et me souhaiter une bonne année. Il avait la banane jusqu'aux oreilles le petit plaisantin. « Qu'es-ce-que tu attends là, tu as perdu quelque chose ? » me dit-il.

Et sans attendre j'ai riposté du tac au tac à sa petite curiosité.

(J'attends le dernier soupir, ou des jours plus salvateurs. Je me morfonds dans l'advenu. La longue attente et monotone du petit jour à la nuit tombée. Attendre c'est espéré un nouveau rai de soleil. Je suis impatient et je fais le pied de grue et je scrute l'horizon triste qui se couche pour réapparaitre chaque lendemain sans fin. L'espoir est gelé pendant ce laps de temps. Attendre qui et pourquoi ? Une bonne nouvelle ? Attendre la mort qui sera certaine ? On guette des moments propices pour s'enfuir pendant un bref moment de la vie. J'attends le prochain train. J'attends une nouvelle de mon facteur. J'attends mon tour pour jouir et tressaillir.

Attendre son destin ou le provoquer ? L'âme est fébrile, malade de son anxiété permanente. Le temps ne nous appartient plus. L'attente se pourrit .Elle est mal nourrie. Je suis prisonnier de mon existence. Mon esprit m'a abandonné au début du rendez-vous raté de l'histoire. Je vague au fil du temps perdu au milieu des astres. J'ai égaré mon âge à cause du décalage horaire de la précarité de ma vie. Je chasse le naturel il revient avec un sinistre convoi. Le temps n'attend pas il est convoqué par le déluge de l'infini. Je doute fort que le temps me réserve une très mauvaise surprise

J'attends depuis plus de vingt ans l'ex-bon temps. Mais en vain. Le temps m'attend au tournant de la rue confisquée. Mon solde de tout compte est clôturé. Il fait quel temps chez vous ? Comment va ta rente, toi le retraité ? C'est le temps des souhaits. J'attends pour partir et rejoindre mes vieux amis. J'attends le temps mais le temps ne veut pas faire le chemin avec moi. Je suis seul dans l'attente d'une bonne nouvelle. J'attends l'attendu qui ne sera jamais là. Peut être que l'inattendu me consolera?)

« Aam Idji..., Aam Irouh... »

Alors, pour la bonne année tu repasseras une autre fois, vieux gai luron ! J'ai répondu en guise de réponse à ses vœux de « bounani ».

Ecoute mon ami et réveille-toi ! Je doute fort que ce sera une bonne année, pour toi ni pour moi ni pour le pauvre peuple qui n'a rien à attendre des promesses non tenues depuis « Aam dakious ». Voyons Adel ! Qu'il me dit avec un petit fou rire : « il faut être optimiste dans la vie ! Et il faut y croire! ». Et puis qui c'est ? Peut être que cette nouvelle année sera meilleure que les autres années que nous avons été obligés de supporter. Me dit Ali, plein d'espoir.

Je voudrais bien te croire chouia! Je lui ai répondu. Et Je le souhaite de tout mon cœur. Pourvue que cette année soit une année pleine de bonheur et de prospérité pour tous et pas uniquement pour certains privilégiés dans ce bled qui peine à prendre le chemin de la justice sociale. Je souhaite que ce soit l'année du redressement des mentalités.

De la lutte contre la corruption et de la transparence. Que nous puissions enfin encaisser notre argent à la poste ou faire le choix de la domiciliation de notre banque comme on le souhaite librement. Je rêve pour que cette année qui s'efface laisse place à une année de la bonne gouvernance et qu'elle nous fasse oublier le mépris, l'injustice, le népotisme, la délinquance, el-hogra, le chômage, le déséquilibre régional , les scandales etc...

Mais pour moi, je te l'avoue sincèrement je suis déjà fixé dans mon esprit qui me dit que le poison de l'année précédente sera réinjecté et reconduit dans la nouvelle année qui se présente.

Tiens je lui dis ! Pour mettre un peu d'humour à notre discussion je vais te raconter une petite blague en guise de bêtisier de fin d'année.

On raconte qu'un jour, un voisin était allé frapper a la porte de son voisin pour lui demander de lui prêter sa pioche « fes ». Mais comme le maître de maison était absent, c'est sa femme qui avait remis la pioche à son voisin. Quelques heures après son voisin était revenu frappé à la porte avec à la main une pioche et son manche cassé. Il s'était excusé auprès de sa voisine pour ce désagrément et a promis de lui acheter un autre manche de pioche le moment voulu.

La femme ne sue quoi dire à son voisin sur le moment et commença à penser aux conséquences lorsque son mari apprendra la perte de son manche de pioche.

Mais comment le faire savoir à son méchant mari et lui faire apprendre que le manche de la pioche quelle a prêté en son absence à son voisin était cassé ? S'était dite la femme très pensive, ennuyée, craintive et troublée par la colère de son mari très avare qui n'aime pas prêté ses objets aux autres.

Alors profitons de la nuit tombée et que les enfants faisaient dodo, alors, qu'ils étaient allongés tous les deux sur le lit conjugal entrain de s'échanger des « amabilités » pour faire des petits bébés, la femme très intelligente choisie le moment propice du délice de son mari pour lui annoncer la mauvaise nouvelle ; tu sais chéri ? Ton « Fes » ! Qu'es-ce qu'il a mon « fes » ? Ce matin j'ai cassé le manche de ta pioche ! L'homme, pris au point culminant du plaisir de la sensation de l'orgasme lui répondit haletant ; O! Tu sais, « feees irrrrouh, feees idjiiiiii ! » (Une pioche s'en va et une autre la remplace) et déjà que ce n'est pas le sujet ne t'inquiète pas chérie et ne te fait pas trop de souci pour une simple pioche. Tu es déjà pardonnée? Allez bonne nuit et bonne année.