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Aux «innocents» les mains pleines !

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Apprendre à vivre ensemble? Essai sociopolitique sous la direction de Ghania Mouffok, Editions CISP/Barzakh, Alger 201, 196 pages, 500 dinars

Un livre né à la demande d'une ONG italienne installée en Algérie.Un livre nourri de souffrances mais, aussi, d'espoirs. Un livre qui décrit des terres et des terres de haine, des peurs de l'autre, des deuils, de convictions bornés? mais un livre plein d'enseignements ne serait-ce que parce qu'il se présente sous forme de témoignages assez vivants sur des réalités tragiques vécues ici et là durant des «guerres» civiles, des affrontements sanglants? au Rwanda, en Algérie? tout en présentant les expériences tentées, parfois assez originales comme les juridictions (traditionnelles) Gacaca au Rwanda, après l'échec de la justice classique. Pour ne pas en rester à la mort. Pour renaître. Pour revenir au «vivre ensemble».

Des drames affreux, effroyables, où la sauvagerie domine, mais aussi des bonnes volontés, courageuses, qui bravent les «interdits» comme celui de «rappeler les malheurs», non pour se venger, mais surtout pour réapprendre à vivre? ensemble? sans oublier pour ne pas reproduire le passé.

Des textes plus qu'émouvants? à en pleurer. Celui de l'interview de Cherifa Kheddar, présidente de l'association Djazairouna, créée dans la Mitidja (après l'assassinat, en 1996, à Ouled Aich, par les terroristes islamistes, de plusieurs membres de sa famille: son oncle, sa sœur, son frère? sept membres de sa famille au total dont sa tante de 87 ans, tuée à coups de hache dans le dos) pour venir en aide aux familles victimes du terrorisme. Une dame qui ne se laisse pas démonter !

Celui de Nacer Mehemine de SOS-Culture Bab El Oued qui voulait «transformer les convictions en action».

Avis : Un livre de chevet ? même si on n'est pas toujours d'accord avec la directrice de l'ouvrage, une «réconciliatrice» ? qui ne l'a d'ailleurs jamais caché - qui vous fera réfléchir sur la fragilité des libertés et sur les «assassins» de l'humanité, toujours là. Se maintenir en «état de veille» tout en défendant bec et ongles le «vivre ensemble», c'est toujours ça.

Extraits: «Parmi les bases solides d'une paix durable, nous revendiquons le respect de trois principes qui sont : le devoir de mémoire, le devoir de vérité et le devoir de justice. Alors que cette réconciliation nationale a imposé trois principes : le devoir d'oubli, d'impunité, et elle accorde une indemnité aux criminels, c'est ce qu'on appelons, la prime au crime» (p 168), «Il y a deux choses qu'on ne peut pas décréter : l'amour et le pardon» (p 183), «Cet Etat est en crise d'adolescence (?.), il ne veut pas grandir, il continue à gérer comme dans les années 70. Mais cette génération internet, ils volent (?). Ils sont loin» (p190),

Raconte-moi ta liberté? Ouvrage collectif de création. Textes et images? Prose et poésie préfacé par Mohand Said Benmerad, Sencho Edition/Collection Guentra, Alger 2012, 185 pages, 700 dinars

De la poésie, de la prose, des photographies, de la peinture. Un livre ?mosaïque. Des textes courts, simples, directs, précis. Des Algériens. Des Autres. Des noms, des prénoms et des pseudos qui accrochent. Des textes et des images qui étonnent, qui détonnent, qui cassent les écritures traditionnelles. Une mise en page innovante et attirante. Un livre où le contenu et la forme sont en symbiose parfaite, dans une liberté totale. D'ailleurs, cela se sent, se ressent. N'est?t-elle pas la substantifique moelle de l'ouvrage. «Les jeunes auteurs de «Raconte moi ta liberté» ne connaissent pas encore de postures sociales. Ils les ignorent parce que socialement dominantes et cruellement paralysantes? Ils opposent l'audace» écrit le préfacier. Une audace intellectuelle, créative, faite de sens et d'amour, qui manque de plus en plus à ce pays. Cruellement !

Un texte émouvant car il nous rappelle des moments tragiques, mais aussi et surtout, un homme de liberté, Ammi Said, Said Mekbel : «Partir ne lui a jamais traversé l'esprit? Il a reçu une lettre, le matin. Il ne l'a pas ouverte. A quoi bon ?... La peur se transforme en révolte. Sa vie lui appartient. Il ne laissera personne la lui retirer ? il prend un papier, il griffonne dessus ; avant d'écrire son dernier billet, il note son titre : «Ce voleur qui...»

Avis : Mille bravos à tous ceux qui ont contribué à la production de ce petit chef-d'œuvre de littérature multiple et libérée. De la création !

Extraits: «La liberté, la vraie, c'est juste de pouvoir commander un whisky dans un bar, tenu par un barman réel, en écoutant les soulards raconter leur besogne. Le contact humain, le labeur et le repos, valeurs disparues aujourd'hui, remplacées par la sainte trinité «compétition, réussite, élitisme», et qu'il a retrouvé le jour de son «éveil». C'est la liberté de s'installer à un bar qui comptait et englobait tous les petits bonheurs de la vie, pas le contenu du verre?» (p 9),

Chansons d'enfance? Recueil de chansons (arabe, français, anglais) par Nabil Toualbi présenté par Abdelouahab Salim, Dar Houma, Alger 2002, 333 pages, 491,87 dinars (sic!)

Chansons de nourrices et de petits enfants (Frère Jacques, Ainsi font, font, font, Fais dodo?), chansons enfantines (A la claire fontaine, Savez-vous planter les choux ?), chants patriotiques (Ya Watani, Thouar, Tahia El ?Alem, Maoutini, Minh Djibalina?), Chansons traditionnelles et folkloriques pour enfants (Au clair de la lune, Happy Birthday, Il était un petit navire?), musique classique ou élaborée (Mozart, Bach, Van Beethoven, Marche turque? Yesterday de Lennon/Mc Cartney, La Ballade des gens heureux de G. Lenorman), partitions?

Avis : Pour vous souvenir. Pour accompagner vos enfants, petits et pas encore grands. Pour tenter de les impressionner par votre (vaste et bonne) culture musicale !

Extraits: Voir la liste des instruments nécessaires à l'accompagnement (p 11)? mais que cela ne vous décourage pas.