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Investir dans le savoir ou mourir dans le désespoir

par Benaida Djelloul *

L'Algérie est aujourd'hui à la croisée des chemins, elle doit opérer la difficile transition de l'économie de la rente vers l'économie de la connaissance. En effet le système éducatif algérien a perdu progressivement de son efficacité et de son aura. Il devient impossible pour nos étudiants d'avoir les armes pour se battre sur la scène régionale ou internationale afin de faire valoir leur diplômes de quelque nature que ce soit. Cette non reconnaissance de la valeur des diplômes délivrés par l'Etat algérien donne une idée du problème posé. Regagner la reconnaissance de ses pères dans le monde universitaire sera une première étape vers la revalorisation de notre enseignement supérieur. Le rétablissement de notre système est une question de survie pour notre société. Le constat est dur certes, mais il est important de regarder la réalité en face pour prendre les mesures justes et nécessaires pour donner à nos enfants les armes pour se battre dans un environnement mondialisé.

Différentes méthodes ont été employées ces dernières décennies sans succès. Il est maintenant temps de regarder les modèles qui ont démontré leurs preuves et qui ont permis à leur jeunesse de regarder l'avenir sereinement. Ces pays se nomment la Corée du Sud, la Finlande ou le Canada, car aujourd'hui ils sont reconnus comme ayant les meilleures performances en matière d'éducation. La question est de savoir comment s'inspirer de ces pays qui réussissent ? LA solution est l'autonomie de nos étudiants c'est-à-dire les responsabiliser, les galvaniser et leur montrer qu'ils sont l'avenir de leur pays.

Aujourd'hui des initiatives existent pour mettre les compétences des plus prestigieuses universités américaines, parmi lesquelles Harvard, Berkeley ou même le très prestigieux MIT, se sont associées pour mettre à disposition de la planète entière, gratuitement, leurs cours filmés sur une plate-forme web. Je ne remets en aucun cas la compétence de nos enseignants, bien au contraire, le rôle d'un enseignant et de fournir des outils de compréhension à ses étudiants. A présent le rôle des pouvoirs publics est d'offrir un environnement propice à l'acquisition d'un savoir mais plus encore offrir les moyens de s'ouvrir aux savoirs qui s'offrent à eux. On revient au problème initial d'autonomie et de responsabilisation, le gouvernement et les étudiants doivent se diriger naturellement vers un partenariat gagnant/gagnant.

Maintenant il est temps « d'imposer » des solutions car le temps presse, ainsi l'un des défis les plus importants de notre système est de former nos enfants à être des créateurs, des acteurs du changement, bref d'apprendre à entreprendre. Ainsi outre-Atlantique, de nombreux projets d'éducation mettent le développement de l'esprit d'innovation et d'entrepreneuriat au centre de leur programme. Aujourd'hui il faut créer des incubateurs d'entrepreneurs, de scientifiques et d'innovateurs locomotives d'un pays. Pour ce faire, il faut effectuer une sélection des meilleurs bacheliers du pays et les regrouper dans des pôles d'excellences. Dans ces pôles on regroupera des universitaires nationaux et internationaux renommés mais aussi les conditions matérielles propres à former les élites entrepreneuriales de demain, bref essayer de créer la SiliconValley de l'Afrique.

Pour conclure cet article à charge mais de solutions, je voudrais dire simplement que l'avenir appartient à notre jeunesse entreprenante qui forme plus de 70% de la population algérienne. Et, je finirais par ces mots les start-up d'aujourd'hui seront nos PME ou grandes entreprises de demain.

* Université Paris 1 SORBONNE