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Il va mal, le monde

par Bachir Ben Nadji

Ohé du bateau, sachez que je suis toujours là. Que vais-je vous dire aujourd'hui? Hé bien, je persiste et signe que le monde va mal et je le maintiens pour toujours.

Hé oui et même si je voulais passer à un autre continent, après celui de l'Amérique il y a quinze jours, permettez-moi de vous dire que Sandy, l'ouragan devenu dans ses derniers soubresauts cyclone tropical, a causé plus de dégâts à la côte-est des Etats unis qu'une guerre-éclair menée par un ennemi beaucoup plus puissant que les USA. Des millions de mètres-cubes d'eau ont inondé des Etats entiers, tué des dizaines de personnes, fait pleurer des milliers d'autres et privé d'énergie électrique des millions d'américains.

A cela nous compatissons même si nous savons que notre compassion n'y fera pas grand-chose aux victimes et aux milliers de sinistrés. Je sais que le peuple américain saura dépasser cette catastrophe qui laissera des traces sans nul doute et se fera oublier grâce à l'ambiance ayant présidé les élections présidentielles qui ont permis à Barack Obama de «sévir» sur le monde pendant quatre autres nouvelles années.

Cependant, Je reviendrais avec votre permission sur la question du Sahara occidental que j'avais abordé précédemment, notamment la tournée de M. Christopher Ross dans notre région. Hé bien, l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU est allé au Maroc, il a bien été reçu par «Sa Majesté», conformément à «l'entretien téléphonique qu'il a eu en Aout dernier (bien Aout dernier) avec M. Ban Ki Moon» (dixit le communiqué du cabinet royal). Mieux encore et pour la première fois, M. Ross s'est rendu dans les territoires occupés ou il s'est même entretenu (et en langue arabe) avec des militants Sahraouis (Aminatou Haidar et d'autres) en présence du Chef de la Minurso. Les Droits de l'homme ont été entre autres les sujets de discussion de M. Ross avec ces derniers. Et avec les européens, de quoi a-t-il été question? Pas du plan d'autonomie du Maroc bien sûr, mais, malgré que cela ne fasse pas plaisir à sa majesté Mohamed VI, de la décolonisation et de l'autodétermination du Sahara occidental, tel que stipulé par les différentes résolutions de l'ONU et de son Conseil de sécurité.

Pour être plus précis à ce sujet, voici ce qu'a été écrit récemment par un journal marocain : «Quand on relit nos journaux et les déclarations des partis et des ministres en mai et juin derniers sur le retrait de la confiance du Maroc à Christopher Ross, on ne peut que conclure que son maintien dans le dossier du Sahara est un camouflet pour nous tous, et pour notre diplomatie particulièrement. Cette affaire nous a rendus plutôt schizophrènes. Les dépêches de notre agence nationale de presse nous informant sans cesse que tel ou tel ministre des Affaires étrangères, en visite au Maroc, aurait déclaré que son pays appuie notre cause, sont en complète contradiction avec les déclarations de ces mêmes ministres. Une fois de retour chez eux, ils se réfèrent aux déclarations de l'ONU et aux droits universels. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, est le dernier à illustrer cette contradiction. Après avoir rencontré Christopher Ross, il a fait la déclaration suivante: «Nous avons assuré M. Ross du soutien de l'Espagne pour la recherche d'une solution? qui prenne en compte le principe de l'autodétermination du peuple sahraoui.» Finalement, nous étions seuls à vouloir retirer notre confiance à l'envoyé de l'ONU. Même l'ambassadeur des Etats-Unis à Rabat l'a couvert d'éloges et son administration lui a réitéré sa totale confiance. Aujourd'hui, Ross revient dans la zone avec encore plus de pouvoirs et de crédibilité internationale. Il est fort à parier que s'il considère que le volet droits de l'homme doit être intégré à la mission de la Minurso, il sera encore plus écouté. Notre attitude, qui consiste à nous opposer à une proposition aussi noble que la surveillance du respect des droits de l'homme, nous fait apparaître comme un Etat rétrograde. Il faut trouver un autre moyen pour défendre nos intérêts et surtout aborder ce dossier avec plus de discrétion et de sérénité». Et avec tout ça, je n'ajouterais plus rien sur ce sujet. Le constat et la conclusion, ainsi que l'auteur de l'écrit, sont marocains pure souche !

Revenons maintenant au monde qui va mal. Il se passe beaucoup de choses en Asie. A commencer par la crise sino-japonaise qui a mis le monde en alerte au regard de l'intransigeance des deux parties pour un bout de terre dans l'océan. Ce conflit risque de dégénérer du jour au lendemain. Même si nous ne savons pas qui a tort et qui a raison et sans prendre partie pour l'un ou l'autre, je vous dirais que les japonais en premier ont grand besoin du moindre mètre-carré et cela pourrait être considéré comme légitime. La Chine aussi revendique son autorité sur cette même ile et les chinois vous diront, outre l'aspect stratégique, car leur population atteindra ou dépassera les deux milliards d'âmes.

Dans cette même sous-région, le conflit latent entre les deux Corées dure depuis près de soixante ans, avec des hauts et des bas. Là aussi, ce sont les USA qui soufflent le chaud et le froid. La Corée du Nord «agace» ses principaux voisins (Japon et Corée du sud) qui ont «peur» qu'elle se dote de l'arme nucléaire et devienne un danger pour eux (et pour le monde). Empêtré dans ses problèmes d'insuffisance alimentaire, le pays de Kim Il Sung constitue une menace selon les pays occidentaux et les américains, ainsi que son voisinage immédiat. Seule la position de la Chine envers la Corée du Nord permet d'équilibrer les relations entre ce pays et le reste du monde.

Je ne vais pas vous parler du Vietnam, ni du Cambodge, ni de la Thaïlande, ni du Laos, ni de la Birmanie (oh les pauvres Rohinguya «décimés devant le silence du monde!). je vous affirme que l'Extrême-Orient a ses propres problèmes que seuls ses peuples comprennent surtout quand il n'y a pas d'ingérence étrangère. Tout est géré (économie, politique, crises, conflits et autres) localement dans le calme et dans la sérénité. Il en est ainsi en Malaisie, Indonésie et dans tant d'autres pays lointains du nôtre. Cependant, il faut reconnaître que les algériens sont partout dans le monde aussi bien pour la découverte que pour y vivre. La recherche d'un job ou l'apprentissage des langues et autres sciences, et également le commerce sont les principales raisons de ces déplacements. Pour le tourisme, c'en est une autre histoire !

L'autre versant du continent asiatique est plein de problèmes, visibles au monde entier, et quels problèmes ! Cette partie du monde est, si l'on peut dire, au cœur de la tempête. En Afghanistan, la guerre n'en finit pas et elle a tout balayé sur son chemin, dans un pays auparavant sans grands soucis, surtout du temps du Royaume dans les années soixante dix du siècle dernier. Son instabilité l'a été pour tout le sous continent indien, entraînant le Pakistan et l'Inde dans un cyclone qui a emporté beaucoup de choses avec lui, et durant des années, sans que la fin de ce conflit n'apparaisse. Ces territoires sont devenus le centre nerveux du monde, déstabilisant ses voisins comme l'Iran, pays menacé par le gendarme du monde, les USA et ses sous-traitants, Israël et consorts. Et plus nous avançons vers l'ouest du continent asiatique vers l'Europe et vers le Moyen Orient, il y a les anciennes républiques de l'ex URSS notamment, et le monde arabe. Et là, il se passe aussi beaucoup de choses et des arguments qui confortent l'idée que le monde va mal deviennent de plus en plus évidents.

Je sais que j'ai peut-être «oublié» certains pays, mais je reviendrais encore pour «peindre» ce monde qui va mal et aussi vous entretenir de beaucoup de choses, bonnes et moins bonnes. Il faut bien parler de tout, ça nous permet d'avancer et d'enrichir nos connaissances communes pour que tout un chacun se fasse une idée sur certaines vérités qui font mal à les dire, et il faut bien les dire.

Aujourd'hui je ne vous quitterais pas, actualité oblige, d'évoquer le bras de déshonneur de quelqu'un qui fût ministre de la France, de la république, mais avec son geste est devenu très petit au lieu d'être longuet comme son nom l'indique. A la semaine prochaine, rendez-vous qui nous lie depuis quelques temps pour décortiquer quelques situations et thèmes qui me tiennent et vous tiennent à cœur.