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La mauvaise répudiation de Boudjedra

par Djamel Benyekhlef *



Rachid Boudjedra est un bon écrivain talentueux, mais un mauvais critique. Sa diatribe sur Yasmina Khadra relève plus du commérage que de la critique littéraire.

Au nom de quoi et de quelle théorie littéraire se permet-il d'attribuer à cet auteur une évaluation qui sent la mesquinerie, la méchanceté inutile dans un pays déjà en panne dans le domaine culturel ? C'est ainsi que l'Espagne, par exemple, produit plus de titres dans le domaine de l'édition que tous les pays arabes réunis. Pourquoi s'acharner sur un écrivain qui n'a pas encore traversé le temps et ne pas laisser à l'Histoire littéraire le soin de le juger? De son temps, Flaubert n'avait pas la cote..... On connaît la suite pour ceux et celles qui s'intéressent à la littérature. Quelle mouche a piqué l'enfant terrible des lettres algériennes de s'en prendre à un compatriote qui a le droit de s'exprimer à travers son parcours romanesque ?

Rachid Boudjedra nous rappelle qu'il est marxiste, idéologie qui aujourd'hui s'avère un tantinet ringarde: doit-on lui rappeler qu'il faut lire Marx dans le cadre de l'horizon d'expérience de son temps. Marx n'a jamais écrit pour les pays du Tiers-monde, qu'il a tenu des propos racistes à l'égard des pays africains qui avaient, selon lui, besoin de se tremper dans la culture européenne, non pas celle des pays slaves qui vont d'ailleurs tenter d'appliquer ses théories avec les résultats qu'on connaît? ; mais celle de l'Europe occidentale.

On a vu les dirigeants marxistes, après la chute du mur de Berlin, se jeter sur les biens de l'État et transférer leur argent volé dans les banques occidentales. Aujourd'hui, ces dirigeants marxistes ne jurent que par les règles du marché et se dorent la pilule dans les palaces de la riviera en faisant étalage du plus mauvais goût propre d'ailleurs aux nouveaux riches. Certains dirigeants et consorts du Tiers-monde adeptes de Marx n'ont pas fait mieux. Se targuer d'être marxiste aujourd'hui n'est pas très honorable, peu s'en faut.

La vieille garde littéraire algérienne devrait s'employer à encourager les jeunes et les moins jeunes créateurs et non les dénigrer.

* Montréal, Professeur retraité