Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Challenge Obama-Romney, mais perdants Palestiniens

par Abdelkader Leklek

Le double discours dans la réclame populiste d'un côté et l'insondable stratégie face aux contributeurs financiers de l'autre, renseignent sur les perfides modes de communication de la campagne pour l'élection présidentielle de novembre 2012.

Les présidentiables américains, Mitt Romney et Barak Obama se foutent du monde entier.       Chacun d'eux cherche à rassurer les électeurs in situ, et pour l'étranger, le seul intérêt qui vaille combat demeure encore et toujours les zones pétrolifères. Qu'importent ceux qui les habitent. La chose la plus sûre de cette confrontation, comme l'est la certitude de la mort, c'est le renvoi aux calendes grecques, de la recherche d'une issue au problème israelo-palestinien. Alors, et en définitive, quelque sera le résultat le 06 novembre 2012 du challenge de l'élection US.

Les plus grands perdants seront les palestiniens. Quelle frustration pour des générations d'êtres humains, quand sa propre vie dépend du bon vouloir d'une élection se déroulant sur l'autre face de la terre. Etre, contre sa propre volonté l'enjeu d'une rivalité est une forme sournoise d'esclavage, en plus de la torture morale. Pour faire de l'esprit, l'actrice française Jeanne Moreau disait :« la liberté, c'est de pouvoir choisir celui dont on sera l'esclave». Il y a des hommes et des femmes en Palestine, qui depuis 1948 n'ont pas de leur vie, connu un jour de paix, de liberté et de tranquillité. Le futur président US augmentera d'une rallonge indéterminée cette durée, et prolongera l'incertitude oppressante du lendemain palestinien. Si l'on a l'habitude de dire que la vie est un éternel recommencement, l'existence normale pour les palestiniens est un infini atermoiement, qui se décide ailleurs et sans eux. Et si la punition de Sisyphe est du domaine du mythe, malgré ce qu'elle véhicule comme avertissements instructifs et messages enrichissants, le supplice palestinien relève lui, de la réalité, à tout instant répété, sans qu'aucun des grands de ce monde n'y prête attention. Et pour l'occasion les hostilités ont été ouvertes par le candidat républicain, l'ancien gouverneur de l'Etat du Massachusetts, Mitt Romney. Lors d'une réunion électorale avec invitation personnalisée, en fait une course au cash, avec des américains républicains fortunés, le candidat richissime milliardaire lui-même, titulaire des comptes bancaires off-shore bien fournis, dans divers paradis fiscaux, n'était allé avec le dos de la cuillère, en évoquant la Palestine et les palestiniens. Il affirma sûr de lui que ces derniers «ne s'intéressent absolument pas à la paix avec Israël et un cheminement vers la paix est presque absolument impensable». Tout en claironnant que Jérusalem demeurera quoiqu'il advienne la capitale de l'Etat d'Israël, il avait doctement proclamé que : « un processus de paix israélo-palestinien était la pire idée du monde ». Pour l'intention tout le monde est situé, pour la réalisation, il va falloir attendre les résultats de l'élection. Cependant dans la culture de sa communauté, les mormons, son église d'obédience, dite de : Jésus Christ des saints des derniers jours, est cataloguée par tous les chercheurs comme étant la plus énigmatique.

D'aucuns relèvent l'enracinement de la culture mormone dans une forme d'insularité. En plus de prohiber, du moins en théorie, l'alcool, le tabac et les relations sexuelles avant le mariage. Elle exige de tous ses adaptes une rectitude de vie quasi monastique. Tous les jeunes appartenant à cette église sont obligés de consacrer une durée de deux ans de leur existence, en mission au profit du mormonisme, comme rite de passage. Ils iront porter la bonne parole loin de leur lieu de naissance et de leurs espaces de vie. Mitt Romney effectuera le sien en France de 1966 à 1968. Ses compagnons de missions, le disent très engagé, il ne dépassait jamais l'horaire exact de rentrer à la maison. Couvre feu quotidien pendant toute sa mission, fixé à 22 heures précise, et toujours respecté. Et sa devise durant les discussions de stratégies de travail pour convertir les autres, était : le respect du dogme à la lettre.

Missionnaire prosélyte mormon en France, quand les soixante-huitards faisaient leur révolution utopique des mœurs, lui était toujours habillé d'un costume noir, d'une chemise blanche et d'une cravate sombre, en somme l'uniforme réglementaire. Et s'il voulait à l'époque faire carrière dans les affaires, ce qu'il fit d'ailleurs après avoir étudié à Harvard, sa vision du monde reste estampillée et moulée dans les références de sa congrégation religieuse. Car quand il envisage et considère les palestiniens, leurs souffrances et leur déracinement au travers d'une politique à essence raciste, le sionisme.

Il est dans son rôle, puisqu'il n'a pas hésité le mardi 18 septembre 2012 au cours du dîner aux profits de ses contributeurs, à dire :« Vous gérez les choses du mieux que vous pouvez. Vous espérez une certaine stabilité, mais vous reconnaissez que cela va rester un problème sans solution, et vous remettez le problème à plus tard en espérant qu'en fin de compte, d'une façon ou d'une autre, quelque chose va se produire et le résoudre». Expression primaire d'un fatalisme culturel, comme si le problème palestinien par défaitisme annoncé, échappait à la volonté humaine. Ne s'arrêtant pas à ce niveau d'analyse tronqué, dans sa campagne électorale contre son challenger, il s'en prend à la manière de faire de Barack Obama, dans le traitement du dossier palestinien. Affirmant sa fidélité à Israël, il accuse Obama d'avoir laissé tomber ce pays, quand ce dernier avait proposé à Netanyahu de négocier les frontières du futur Etat palestinien sur la base des lignes de 1967.

Il rajoutait aussi que l'idée de faire pression sur les israéliens pour qu'ils donnent quelque chose aux Palestiniens en échange de gestes de ces derniers, est la pire idée du monde. Enfin, il professe péremptoirement: «je considère que les palestiniens, de toutes les façons, ne veulent pas voir la paix, pour des raisons politiques, qu'ils veulent la destruction et l'élimination d'Israël». Ce faisant, il feint d'ignorer que cette affaire avait été à l'époque rapidement vidée de toute sa substance, de la façon la plus tranchée, et la plus caustique qui soit, par le premier ministre israélien, devant les 535 membres du congrès US, les 100 sénateurs et 435 représentants -députés.

Le 24 mai 2011, tous ces élus américains avaient applaudis frénétiquement à s'en enfler les paumes des mains, en faisant un standing ovation, comme ils disent, à Netannyahou. Ils se levaient, se rasseyaient comme une seule personne et se surveillaient, républicains et démocrates ensemble, pour ne pas être en reste. Ce jour là et pour l'histoire, le président Obama, s'était fait acerbement tancer, rabrouer et offenser, chez lui et devant la plus haute institution démocratique américaine, la représentation nationale. Depuis lors, l'actuel président US, fait de la simple figuration, parfois négative et contre productive, quand il s'agit du dossier palestinien. Que de chemins parcourus depuis le discours de Barack, du 4 juin 2009 à l'université du Caire, quand fraîchement élu, il annonçait la couleur, en affirmant cela pour les israéliens :

«Les liens solides entre l'Amérique et Israël sont bien connus. Cette relation est indestructible. Elle est fondée sur des liens culturels et historiques, et la conscience que l'aspiration à une patrie juive est enracinée dans une histoire tragique qui ne peut être niée ». Et qu'en direction du peuple palestinien, dans le même discours, il suggérait : « Il est aussi indéniable que le peuple palestinien -musulmans et chrétiens- a souffert dans sa quête d'une patrie. Pendant plus de 60 ans, il a enduré les douleurs du déracinement.

Beaucoup attendent, dans les camps de réfugiés en Cisjordanie, à Gaza et aux alentours, une vie de paix et de sécurité qu'ils n'ont jamais pu mener. Ils subissent les humiliations quotidiennes -grandes et petites- qui accompagnent l'occupation. Alors qu'il n'y ait aucun doute : la situation du peuple palestinien est intolérable. L'Amérique ne retournera pas le dos aux aspirations légitimes des palestiniens à la dignité et à un état à eux ». Oui, mais il aurait fallu pour le tout neuf récipiendaire du prix Nobel de la paix 2009, qu'il affrontât vaillamment les lobbys sionistes américains et tous leurs autres groupes de pression à travers le monde. En avait-il les moyens de tenir pareille position et repartir en course électorale pour conserver son fauteuil de président ? Cela importe peu, mais étant président candidat, il connaissait les puissances, les influences des uns et des autres et leurs interférences sur tout ce qui se décide à travers le monde.

Du prix du droit à respirer naturellement, jusqu'au prix du baril de pétrole, des réserves mondiales, ainsi que des zones à explorer sur terre ou bien ailleurs dans l'univers. Sur tout ce qui concerne la finance internationale, l'économie mondiale, le traitement de l'information, et le secret de toutes les découvertes médicales ou médicinales. Tout est question d'argent, et en cette occurrence, et comme disent les économistes. Celui qui finance, décide. En la matière l'adresse la plus indiquée de financeurs de campagnes électorales est l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC). C'est l'organisation officielle du lobby sioniste américain. Elle compte 100 000 adhérents et 165 employés, dispose d'un budget annuel de 45 millions de dollars, et de bureaux dans la plupart des États américains. Son siège social est situé à Washington dans le voisinage de la bâtisse Congrès américain. La symbolique ne peut-être due au hasard.

Le dernier exploit de ce lobby, et qui n'est des moindres, puisqu'il peut, pour l'avenir être déterminent, est daté du 05 septembre 2012. À la convention des démocrates tenue le mardi 04 septembre 2012, au Time Warner Cable Arena, à Charlotte, en Caroline du Nord, Barack Obama avait été obligé de revoir la première mouture de son programme présidentiel. Il avait été mis en demeure d'y inclure un paragraphe mentionnant que Jérusalem est, et demeure la capitale de l'état d'Israël, alors que l'ambassade US en Israël se trouve à Tel-Aviv. Cependant pas un mot sur le démantèlement de colonies anarchiques encore moins sur les frontières à respecter notamment par les israéliens. N'est-il pas curieux que tous les pays du monde, les arabo-musulmans en tête, s'accommodent du fait qu'il y ait deux états palestiniens, un sur la bande de Ghaza et l'autre en Cisjordanie ? Ce qui au final n'arrange qu'Israël, combien même, cette situation n'est à imputer au premier chef qu'aux palestiniens eux-mêmes. D'innombrables gouvernements américains, sinon tous ont échoué à trouver un début de solution au problème palestinien, sauf quand il s'était agit de faire signer des traités de paix avec les voisins arabes d'Israël, où la réussite a été totale et durable. La légitimité de l'état sioniste, avec la bénédiction des États-Unis, est basée sur l'occupation des territoires palestiniens. Les sionistes et leurs différents lobbys, ne sont plus les alliés des américains, ils exercent sur eux un véritable contrôle et sur toutes leurs institutions une stricte surveillance matérielle de censeur. C'est le 51ièm état gâté du pays de l'oncle Sam. Donc quelque soit le 06 novembre 2012, le gagnant, Romney ou bien Obama, les perdants seront les palestiniens.

Il y a une année presque jour pour jour, le 21 septembre 2011, Jean Daniel avait lancé cette idée : «C'est Israël qui devrait accepter et même parrainer la reconnaissance d'un Etat palestinien ! A défaut, l'Europe et en tout cas la France n'a aucune raison d'y être hostile». Que cette proposition fasse du chemin ou pas est en soi problématique.     Mais de guerre lasse mon compatriote, grand humaniste et brillant éditorialiste avait reconnu la stérilité de tout ce qui vient et viendrait des présidents US. Les perdants annoncés demeurent toujours les mêmes. Les enfants palestiniens de Ghaza et de Cisjordanie.

Lors de la convention démocrates de Charlotte, le président Obama, avait pour faire le spectacle, dans son discours d'investiture, apostrophé ses deux filles, en leur disant :« Malia et Sasha, vous me rendez si fier... Mais ne vous faites pas d'illusion, vous irez encore à l'école demain».

Mais alors, messieurs les présidents états-uniens, pourquoi les enfants et les parents palestiniens demeureraient-ils éternellement privés d'un tel geste d'amour?