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Les drones de la guerre médiatique

par Farouk Zahi

A chaque fois que l'onveille susciter la colère de la rue arabo-musulmane, on actionne le vérin religieux ; c'est ainsi que des «versets coraniques» de Salman Rushdi, à «Soumission» de Théo Von, et des caricatures danoises à «Innocence des musulmans» du ténébreux Sam Bacile, une partie de la communauté musulmane est prise d'une transe apoplectique. Passant vite à l'acte, elle voltige du meurtre, cas de la mission diplomatique US à Benghazi au «martyre» de 4 jeunes en Tunisie et 17 autres au Pakistan, victimes de répression. Le prix en vies humaines, est relativement lourd, ce qui arrange les loges ultralibérales occidentalo-sionistes qui manipulent l'inconscient collectif oriental en instrumentalisant son hypersensibilité convictionnelle pour entretenir le mythe de l'opposition civilisationnelle cher à Bernard Lewis. La passerelle, la moins risquée, étant la communication portée par la Toile où on y sévit par la voix ou la plume qui deviennent souvent des instruments de guerre non déclarée, mais, néanmoins aussi meurtrières que le salpêtre. Le sacrosaint droit à la liberté d'expression, impunément légal, devient le drone du casus belli. A chaque fois qu'un média «égaré» morde dans le vif, la meute suiviste tente de réduire l'impact de l'affront en minimisant, sa portée ou en rapportant l'origine à des cabinets noirs salafistes aux aguets. Dans un article de Mathilde Cesbron publié par le «Figaro» du 20 septembre 2012 intitulé «L'innocence des musulmans semble n'avoir jamais existé», on nage en plein délire journalistique. «Ni les studios américains, ni l'équipe de tournage, ni le personnel du Vine Theater de Los Angeles où le film a soi-disant été diffusé dans son intégralité, n'ont vu le film de série Z islamophobe.?(Notez le Z de la série du film, on aurait aimé peut être, le coup de patte de Mel Gibson dans la «Passion du Christ»)-Le film anti-islam, L'Innocence des musulmans, à l'origine de violentes manifestations anti-américaines dans le monde arabe (On entretient la confusion entre le monde arabe et le monde musulman, sachant pourtant, que les plus gros raffuts ont eu lieu en Afghanistan, en Indonésie et au Pakistan)-semble n'avoir jamais existé. À ce jour, il est impossible de trouver une seule personne l'ayant vu dans son intégralité. Même les studios américains n'ont jamais réussi à mettre la main sur ce prétendu film de deux heures. Seule la bande-annonce de 13 minutes est disponible sur Internet depuis le mois de juillet.

Pourtant, le réalisateur Sam Bacile (de son vrai nom Nakoula Basseley Nakoula) affirme que son film a été diffusé une fois au Vine Theater de Los Angeles en juin 2012, sous le titre The Innocence of Bin Laden. Mais un employé du théâtre a révélé au Los Angeles Times que personne n'avait assisté à la projection et que lui-même n'avait jamais vu le film.» Fin de citation.

Quant au sinistre «Charlie Hebdo», il récidive encore une fois de plus pour se repaitre de charogne. Tancé vertement par Olfa Riahi, journaliste et cyber activiste tunisienne à la veille, pourtant, de la publication de ses nouvelles caricatures infamantes, Charb, le Mister Jekyll de l'hebdomadaire passe outre les mises en garde et se commet dans la graphie blasphématoire. Interpellé par la représentation communautaire musulmane en France, M. Emmanuel Valls, ministre français de l'Intérieur, «déplore» ce comportement et range ce«délit de presse» dans les garanties républicaines de la liberté d'expression. Cette «impunité», contraire aux principes universels de la liberté, ne fait que conforter les brimades socio- psychologiques infligées à 1milliard 1 /5 d'individus de par le monde. Qu'en a-t-il coûté, M. Valls, par ce mirage à Dieudonné l'humoriste pour sa satire sur les juifs et à Günter Grass, le nobélisé allemand pour son poème «Ce qui doit être dit» ? Ne vous cachez pas la face, votre Commedia dell'arté, n'a qu'au trop duré. Votre prédécesseur, a, dans un moyenâgeux et pathétique discours, rappelé la primauté ou plutôt la supériorité des valeurs occidentales sur les autres. Ce discours n'est-il pas une pâle copie de celui d'un certain Jules Ferry à l'Assemblée nationale française du XIX siècle. Cette envolée qui se voulait rassurante pour les bonnes âmes, faisait le lit à un colonialisme de dépossession ethnocidaire abjecte. N'a-t-on pas, récemment, rendu un hommage appuyé au père fondateur de l'école dite laïque?

Sous le titre«Dites à Newsweek de stopper le clash!», le réseau citoyen «Avaaz.org», vient de lancer une pétition contre «Rage des Musulmans», dernière banderille d'une presse mainstream en mal de sensationnel et d'ajouter : «Comme tout le monde, la majorité des musulmans trouvent les 13 minutes de la vidéo islamophobe «L'Innocence des musulmans» ordurières et insultantes. Les protestations, qui se sont multipliées rapidement, sont notamment attisées par le néo-colonialisme des États-Unis et la politique étrangère occidentale au Moyen-Orient. De même, la sensibilité des croyants a aussi été piquée au vif par les représentations du Prophète Mahomet. Pourtant, la couverture médiatique a souvent éludé des informations importantes»? «Les attaques visant les ambassades étrangères ont quasiment toutes été orchestrées ou appuyées par certains membres du mouvement salafiste, un groupe islamiste radical qui vise avant tout à salir la réputation de groupes islamistes modérés plus populaires.

Ajoutez à cela tous les reportages et articles importants qui ont été écartés la semaine dernière pour laisser place à la Une sur les musulmans «énervés», et ainsi surfer sur la vague démagogue du «choc des civilisations». En Russie, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Moscou en opposition au président Vladimir Poutine. Des centaines de milliers de Portugais et d'Espagnols se sont indignés lors de rassemblements anti-austérité; et plus d'un million de Catalans ont manifesté en faveur de l'indépendance.» Fin de citation.

L'islamophobie, est devenue un sentiment que l'on ne cache plus, mais qu'on arbore comme un fait de guerre pour plaire à l'Etat hébreu. Etat faussement démocratique, constitutionnellement théocratique, Israël puise les ressources de sa survivance de la négation des autres religions révélées et particulièrement l'Islam. Profitant de l'aubaine que lui offre la curée islamophobe, le lobby juif américain opte pour l'inestimable support propagandiste qu'est le métro de New York. Il compte lancer à compter de ce lundi 24 septembre 2012, une affiche dont le contenu n'est ni plus, ni moins raciste. Elle comportera comme légende : «Dans toute guerre entre l'homme civilisé et le sauvage, soutenez l'homme civilisé. Soutenez Israël. Battez le Djihad.».

Voilà qui est dit et pour la première fois en toute sincérité. Champion des droits de l'homme, le pays de l'oncle Sam s'y implique directement par American Freedom Defence Initiative (AFDI) (1).

Doit-on continuer à se lamenter sur le sort de la communauté dite orientale. N'aurait-elle pas, assez de ressorts intellectuels utilisant, encore la rue, pour dénoncer ses potentats locaux ? Ne peut ?elle pas s'imposer par les canaux du savoir ? Où sont passés les Adonis, Bendjelloun, Laaredj et El Aswany ces preux chevaliers de la plume, pour qu'à chaque fois, on sacrifie des jeunes écervelés sur le bucher. La Tripolitaine et la Cyrénaïque, n'ont-elles pas été compromises par un certain philosophe qui a crié haut et fort son appartenance hébraïque et accessoirement sioniste ? On insinue, même, que le bouillonnement de la rue arabe est une vile manipulation de ses propres autocrates afin de la détourner de ses velléités démocratiques.

(1) Sources : Réseau Voltaire.