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Elle court, elle court, la maladie de la violence

par Ali Brahimi

Cette petite phrase se réfère à la célèbre chanson de Michel Sardou, «la maladie d'amour», fredonnée par des millions de jeunes gens dans les années 1970.

Aux temps actuels, elle est peu ou pas du tout chantée notamment en Algérie et fredonnée quelquefois ailleurs. En effet, les chansons sentimentales et amoureuses, ont été reléguées aux romances genre Roméo et Juliette. En effet, les jeunes d'aujourd'hui ont manifestement d'autres passions générées par les illusions provoquées par les drogues et les chansons exprimant violemment leurs angoisses, que le célèbre romancier français Charles Baudelaire a personnifié dans son œuvre littéraire aux «fleurs du mal» décrivant la laideur et le vide existentiel soubassement des violences de la part des gens de son époque a la recherche éperdue et maladive des paradis artificiels.

Chez nous, la drogue, l'alcool, l'isolement et les soucis ontologiques, le dégoût, l'abattement et l'hébétement face aux dures réalités de la vie, la traversée suicidaire des mers en chaloupes (harga) la violence dans les stades et les rues après la défaite d'un match de football ou d'ailleurs la victoire sous des formes différentes et plus profondes voire invisibles; sont en train sournoisement d'entraîner les jeunes, des villes et villages du pays, en direction des paradis imaginaires en train d'empoisonner leur existence et font diminuer leur attention d'assimilation des véritables enjeux et défis de leur époque.

Des délinquants, aux visages balafrés par les violents coups de lames, font la loi dans les quartiers et s'autoproclament Caïds dans les stades. Souvent, ce sont des jeunes innocents qui payent les pots cassés à l'occasion des combats de rues initiés par ces repris de justice impénitents sous la dépendance des groupes occultes qui pullulent dans les affaires politico financières locales et à l'échelle nationale.

Ainsi, les générations nées après l'indépendance, notamment fragilisées par le dénuement et la haine soubassement des révoltes, comme celle des émeutes du 5 octobre 1988 (l'une des conséquences du mystérieux et violent discours présidentiel du 19 septembre et les douloureux événements de la décennie 1990, ont un penchant à la violence chauvine, a certains égards semblables à celle manifestée aujourd'hui, ainsi qu'a l'échauffement médiatique de l'ego nationaliste.

Au fait, l'amour de la nation et sa stabilité est intrinsèque et, si ce genre d'amour a confiance en lui-même, il doit éviter de dénigrer les violences révolutionnaires en cours dans les autres pays. En d'autres termes, ça sent le réchauffé des années de la pensée unique dont tout le monde connaît ses résultats d'hier, d'aujourd'hui et en cours.

En effet, à force de faire semblant se la couler douce dans une île, les violentes vagues d'eau submergeraient un jour ou un autre ses habitants. A l'image d'un tsunamis ! Alors attention au retour de manivelle, des manipulations, car faire sentir aux gens que tout le monde se trompe de voie, ces forces manipulatrices, en informations ciblées, seraient certainement désavouées par le mouvement de l'Histoire Par voie de conséquence, la prédisposition à la violence ainsi que celle des clans s'entrechoquant, est apprise au foyer (séries télévisuelles, absence de dialogue lucide et ouvert entre les parents d'une part et, les enfants, d'autre part, a la merci des violences verbales et corporelles ; soumission forcée de l'un des conjoints aux caprices de l'autre ; fuite des responsabilités des jeunes gens a la recherche d'un défoulement extraordinairement viril car ils sont de moins en moins entichés par les mouvements de masse, après une victoire footballistique de l'équipe nationale, par rapport aux anciens matchs ; la pagaille au sein de l'école ou le respect des symboles se retrouve relégué en second plan?. .

Et tant d'autres violences planifiées, contre celles productives car paradoxalement elles en existent, de la part de quelques stratèges, notamment des pays arabes, manifestement dépassés voire en faillite d'imaginations politico médiatiques comme celle montrant en bas de l'écran d'une chaîne télévisuelle le chiffre de 196 milliards de dollars en réserves de change ( donnant d'ambitieuses et habituelles idées a un pays de la rive nord de la méditerranée friand d'oxygénation financière comme au milieu des années 1980), au même moment ou des jeunes et moins jeunes interviewés revendiquent de l'emploi, du logement etc., pathétiquement paumés et étouffés certes mais en train d'accumuler au tréfonds de leur être les déceptions et les violences qui ne datent pas d'aujourd'hui. En effet, depuis longtemps et notamment ces derniers temps, les signes avant-coureurs du raz-le bol, sont insistants et qu'ils courent, courent, partout malgré toutes les manipulations et les fausses nouvelles tendancieuses, néanmoins futiles et ne menant nulle part, confortant la farniente au lieu d'encourager le dynamisme de l'intelligence et du franc-parler.

A l'école, durant las decennies 1980 et 90, des enseignants inculquaient, impudemment et imprudemment, aux écoliers des premières années scolaires, comment embaumer les morts et faire les oraisons funèbres incantatoires et suggestives et, le comble, qu'ils doivent faire attention aux mains intérieures liguées a celles étrangères en train de les guetter et les jalouser pour leurs anciennes gloires, d'une époque révolue, qui ont complexé la jeunesse soumise à un enseignement de religiosité intense mêlée au nationalisme débridée genre Baath en déclin dans ses fiefs et, par malheur, en apogée chez les peuples encore endormis et maladivement disposés, genre Allah ghaleb ( c'est Dieu qui l'a voulu) et makane oualou ( pas d'espoir), aux violences de la manipulation

Actuellement, il y a d'autres dangers agités ne laissant aucun répit aux jeunes gens ainsi davantage déroutés puisqu'ils sont a la merci d'une meute, en majorité de leur âge, de laudateurs et mystificateurs parasitant les rouages et les institutions de l'Etat, ainsi que quelques médias, se retrouvant en face à des comportements différents des générations d'antan relativement éveillées et moins violentes néanmoins ayant d'autres inhibitions, compartimentées, a l'égard des parents et de la société en général bâtie autour des valeurs qui ont permis sa cohésion particulièrement durant la guerre de libération nationale.

En effet, durant la période coloniale, les jeunes gens avaient des amours intimement liés aux aspirations des parents notamment celles de la maman. A titre d'illustration, la révolution armée a été motivée, entra autres raisons, par l'étouffement et la maltraitance des mères par les pères Ainsi, les « vieux » papas personnifier la virilité genre buste bombée et poilu, moustaches en cormes de taureau sinon a l'Hitlérienne, les regards perçants et déshabilleurs, etc.; par contre la maman symboliser la douceur, la victime, l'agressée, l'humiliée et l'offensée et donc à protéger au prix de n'importe quel sacrifice.

A ce sujet, un événement édifiant, a plus d'un titre car il dénote du caractère de la jeunesse de cette époque, qui a fait l'actualité tout juste après l'indépendance nationale. Pendant l'été 1062, un haut officier de l'ALN des frontières en Tunisie, fils unique d'origine rurale, son père tué par l'armée coloniale, stationné à l'ex caserne du Bardo de Constantine, se plier à tous les désirs de sa maman qui voulait le marier à une cousine Peu de temps après, des disputes violentes éclatèrent entre la mère et sa belle fille. L'époux essayât plusieurs fois de concilier les deux parties. En vain. Alors, un jour devant sa mère et l'épouse, il se suicidât à l'aide de son pistolet.

Voila à peine deux ans, une partie d'une famille d'émigrés en France est retournée au pays. L'autre partie est restée en France. Le père, la mère, et l'un des fils, ont donc préféré prendre des vacances dans notre patelin. En l'absence de la mère invitée à une fête, le fils fracasse la tête de son père à l'aide d'un marteau. Ensuite, il le couvrit d'un drap blanc. Arrivé sur les lieux, la mère trouva son enfant, à coté du corps inerte du père, en train de psalmodier les versets du Saint Coran prônant l'obéissance ais parents

Ces deux exemples, parmi tant d'autres liés à la violence dans toutes ses manifestations, dénotent que c'est un instinct ancré dans la nature humaine d'être violent. Cependant, le caractère de la violence est relativement différent d'un individu à un autre et d'un peuple à l'autre. Les systèmes politiques, bâtis sur des bases de civilité et la liberté de parole dans une totale transparence et enfin la Démocratie, sont moins enclins aux impolitesses et violences claniques, verbales, et de mauvaise gouvernance. Autrement, elle coure, elle coure, de plus en plus vite, la maladie de la violence !