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TAJ? scénario ou montage ?

par Aissa HIRECHE

Le divorce de Ghoul avec le MSP n'est, en soi, pas chose inédite. Dans le même parti, Menasra avait déjà fait la même chose. De là se pose la question de savoir pourquoi alors cette fois il y eut tout ce tapage médiatique autour de l'affaire. Avant de répondre, revenons d'abord sur certains éléments.

A peine quelques jours après avoir décidé de rendre publique sa décision, l'ex ministre des travaux publics avait déjà ? et tout prêt ? un nom de parti, TAJ. Mieux, il avait un endroit (pardon, une villa) sur les hauteurs de Ben Aknoun pour y installer ses quartiers généraux, et des personnes autour pour préparer la tenu du congrès constitutif. A bien réfléchir, tout cela n'a pas de quoi étonner, il suffit de se dire que Ghoul y pensait depuis quelques temps et tout devient facilement crédible.

Alors que l'annonce venait à peine d'être faite concernant la naissance d'un nouveau parti, la presse rapporte qu'un grand nombre de visiteurs venaient jusqu'à Ben Aknoun (en plein chaleur ramadhanesque) pour soutenir ce nouveau né et que des individus appelaient (déjà?) des quatre coins du pays sur un téléphone qui ne cessait de sonner. Décidément, il y a un peu trop de choses à la fois et tout semble aller trop vite, ce qui n'est pas très? normal, convenons en !

Certes Ghoul connait des gens, et il compte parmi eux de fervents supporters. Certes, parmi ses proches, il y en a qui en comptent aussi? Mais jusqu'à preuve du contraire, Amar Ghoul n'a jamais été connu autrement qu'en tant que technocrate, autrement dit, qu'est-ce qui a fait qu'avec l'annonce de la création de son parti il devînt du coup un homme politique avec des adeptes et des supporters? Eh oui? les technocrates ne sont pas ces politiciens qui traînent derrière eux des foules entières prêtes à applaudir au moindre mot et à danser au moindre signe. Les technocrates sont, au contraire, des hommes souvent seuls, face à des problèmes à résoudre car, pour qui sait regarder, et alors qu'un politicien sert à créer des problèmes, un technocrate sert, quant à lui, à en résoudre. Ils n'ont pas le temps de se faire adopter par les foules. Alors, d'où est-ce que Ghoul a eu toute cette foule qui aurait réagi au quart de tour ? La question mérite d'être posée. Et méditée !

Pour un nouveau parti, dont la naissance est annoncé en cette fin de juillet, tenir le congrès constitutif vers le 15 septembre comme cela a été rapporté est plus qu'étonnant. Quarante cinq jours ne suffisent généralement pas à se faire connaître alors comment est ce que cela pourrait suffire à organiser et à tenir un congrès ?

Comme si cela ne suffisait pas, on nous annonce que le nouveau parti aurait des représentants au sein du Parlement et du Sénat. Qu'est-ce à dire ? Que des députés s'étaient présentés au nom du TAJ avant que celui-ci ne soit officiellement créé ou bien qu'ils se soient présentés sous d'autres étiquettes en attendant que le jour du nouveau parti se lève ??? Décidément, il y a trop de questions qui se bousculent devant le portillon du nouveau parti. Si, autrefois, on disait d'un autre parti qu'il était né avec des moustaches, là, on pourrait bien parler de naissance avec la barbe? blanche de surcroît ! Comme le RND, le Tajamou' est un ? rassemblement. La dénomination n'est pas anodine car on veut que ce parti regroupe, qu'il rassemble au-delà des partis. D'ailleurs, il est clairement annoncé que le TAJ rassemble les trois composantes de la société algérienne. C'est à se demander en fonction de quoi ces composantes sont arrêtées ? Par qui ? Pour quoi ? Et comment ? Et ensuite depuis combien de temps existe ce parti pour avoir pu rassembler ce beau monde ?

Récemment, la nouvelle est tombée sur les téléscripteurs: des centaines de militants d'autres partis, à travers plusieurs wilayas, seraient en passe de rejoindre le TAJ qui affiche déjà sa volonté de participer aux prochaines élections locales du 29 novembre. Déjà !

Tout compte fait, et plus que jamais, le nouveau parti se veut un rassemblement pour des raisons qui deviennent évidentes. Quelque part une destinée est en train d'être tracée au stylo fin, arrêtant les limites d'autrui. Si un scénario se précise progressivement quant au remplacement d'Ouyahia à la tête du nouveau gouvernement, tout s'obscurcit quant au remplacement du locataire d'El Mouradia. Le nouveau parti semble destiné à servir d'alibi et de base à quelqu'un qui n'a pas encore de parti. TAJ semble parti pour jeter un pavé dans la marre du FLN et du RND. Les vents de revendications au sein de ces deux partis prennent, du coup, une autre signification? un scénario assez savant? Mais qui va donc tirer profit de tout ce montage politique ? Les jours nous le diront bientôt !