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Les cabinets noirs de la démocratie

par Farouk Zahi

(Le désordre est le meilleur serviteur de l'ordre établi.) J.P Sartre

Cette mythologie hellénique est entrain, en toute apparence, de se dérouler sous nos yeux d'impuissants. Ces écuries, d'une saleté repoussante selon la légende, n'ont trouvé qu'Héraclès pour les nettoyer. Il dut pour cela détourner deux fleuves pour arriver à accomplir cette œuvre qui fait partie de ses douze travaux. S'il faille entreprendre le nettoiement de nos propres écuries, au propre et au figuré, il nous faut, pour cela, un personnage mythique et deux fleuves ; conditions que nous ne réunissons pas en toute évidence. Par contre, nous pouvons nous prévaloir de posséder, depuis peu, les plus beaux chants de sirène que le champ médiatique, jadis en jachère, vient de procréer à savoir les nouvelles chaines satellitaires libérales pour ne pas dire privées. Ces boites d'allumettes, selon le bon mot de Moubarak, sont entrain comme dans un jeu puéril et inconscient de gratter leurs têtes rouge- soufré près d'une poudrière qui ne demande qu'à s'embraser. A qui profitera le forfait ? Disons le tout de suite, le crime profitera aux cabinets noirs de la Démocratie mac'donaldienne que l'Occident veut nous imposer, comme il imposait dans sa conquête coloniale le Christianisme. Ces antichambres de la démocratie judéo-chrétienne (concept idéologique ré- introduit par BHL) en Terre d'Islam exclusivement, roulent pour le compte d'Israël et ses affidés. Et pour ne pas faillir aux leçons de la mythologie grecque, on réinvente le «Cheval de Troie» pour casser le monde arabo-islamique détenteur, des plus grandes réserves énergétiques mondiales.

L'axe est déjà constitué par Tel Aviv, Doha et Riadh. Un adage israélien en dit à juste titre : « Les arabes se briseront, telle la poterie en s'entrechoquant».

Les nouvelles « boites» télévisuelles qui n'émettent pas encore de l'intérieur de nos murs, dans l'attente des textes législatifs à paraitre, émettent, moyennant des cash en devise forte, à partir d'un pays du Moyen Orient. D'où vient l'argent d'abord en dinars ?...l'informel à de ces voies impénétrables que seules la prébende et la malhonnêteté peuvent éclairer.

A partir d'un studio de quelques mètres carrés, d'un fond d'écran sérigraphique et d'une caméra baladeuse on s'érige en justicier sans peur et sans reproche. Les « Bayard » des temps modernes sillonneront le territoire à la recherche de lieux sordides et d'haleines fétides. On ne fait pas de déclaration, on vocifère des insanités réductrices, on ne réclame pas du travail mais on réclame son droit. Lequel ? Un droit divin au travail, au logement, au soin, à l'école, au loisir et aux vacances. Rien que çà ! Dans le registre du dénigrement, la presse, sauf exception, est baveuse. On reproche aux gouvernants de faire appel à des expatriés chinois, pour achever les grands projets en chantier méprisant ainsi, la main d'œuvre locale, mais on prend un réel plaisir à utiliser cette même main d'œuvre asiatique pour la construction de son propre logis. Son travail est connu pour être raffiné. La duplicité est ce trait de caractère qui n'étouffe plus personne. Dans la gamme des prêches, on ramènera le plus « virulent » pour satisfaire aux desseins bilieux des «meutes» qui vous disent en live qu'elles sont disposées à tout faire sauter. Ces discours inconscients sont le fait d'un matraquage idéologique et bassement mercantile développé depuis longtemps, par les officines du marché dit libre. Le Bazar, pour ne pas le nommé. Il est remarquable d'ailleurs que ces souks dans leur connotation péjorative se constituent, le plus souvent; aux alentours des mosquées pour se donner bonne conscience et se mettre sous la protection des fidèles. Des lieux, jadis, de villégiature offrent présentement des décors hideux et fumants. Le Littoral algérois, est devenu par petites touches, une rustre campagne où l'animalerie rurale agrémente les accotements de la route. On peut, à partir de vitre baissée de son véhicule, soupeser son gallinacée, se faire griller sa caille ou son pain de maïs. « Baraka, Arrassoul fi tidjara ! », telle sera la sentence tendancieuse. D'ailleurs, en ce qui concerne la vie et la Tradition du Prophète (QLSSL), d'aucuns compareront leur ignorance rustre par l'illettrisme de celui-ci ou anobliront leur modeste métier en le comparant à sa condition première de pasteur. En total contradiction avec l'esprit du texte, ils ignorent niaisement qu'il est le Messager de Dieu. Donc, exceptionnel !

Nous reprocherons facilement, leur inefficience à ceux qui ont la lourde tâche de contenir ces «hordes» rebelles à tout entendement, quand la majorité s'est déchargée de l'acte éducationnel. Gérer des milliers d'enseignants et d'imams dont l'obédience salafiste en a fait des sujets wahhabites, n'est pas une chose aisée. N'a-ton pas vu des étendards noirs flotter sur les gradins des stades il n'y pas si longtemps et des éducateurs prostrés à la levée des couleurs ? La relative prospérité des ménages, fait que près de 100.000 Algériens font bon an, mal an, le voyage vers les Lieux Saints de l'Islam entre Hadj et Omra. Les moyens audio visuels sophistiqués ont, inexorablement, fait surmonter aux prosélitiques apprenants, l'écueil de l'illettrisme. S'il y bien un reproche à faire, c'est à la composante nationale qu'il faille l'imputer pour ne pas avoir été assez vigilante. Préservez-moi, surtout de mes amis?

L'espace médiatique public en friche a créé depuis longtemps, un reflexe de rejet de la part de l'auditeur ou du téléspectateur. Conditionné par le discours excessivement dithyrambique, il devine à chaque « news » le contenu qui se perd dans les méandres des chiffres statistiques. S'il y a toujours un numérateur, le dénominateur fait souvent défaut ce qui rend tout gavage indigeste. Les postures monolithiques des orateurs, les yeux dans le vague, semblent faire des efforts de récitation pour plaire au maître. On ne ressent pas la « flamme » que suscitent les grandes œuvres. On restitue les étapes d'une visite d'inspection et de travail. Le dernier flop communicatif a été sans aucun doute, la crise de l'électricité qu'aura dernièrement vécue le pays. Le palmarès du taux de raccordement de plus de 90 pour cent. a été, lamentablement, déjugé par les délestages impromptus. La vérité aurait été de dire que le réseau national encore vulnérable, ne peut supporter des charges au-delà de ses capacités réelles. Quant au matelas financier de 2.milliard USD en réserve de change, il ne fait qu'aiguiser les appétits aussi bien du « baggar » que du « loubard » quand aucun des deux, n'est disposé à ne jouir que du produit de son labeur.