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L'hypothèse Brahimi

par Djeha

Lors d'une cérémonie à Varces pour laquelle il a interrompu ses vacances à Brégançon, Hollande prétend être à la « recherche obstinée d'une solution politique en Syrie » (AFP, D. 12 août 2012, 17h58).

Que cela soit le produit d'une pression ou d'une ruse*: c'est là une déclaration fallacieuse.

Une de plus, qui s'ajoute aux déclarations de ses prédécesseurs qui ont la paix dans une main et la guerre dans l'autre.

L'ancien secrétaire général de l'ONU a essayé mais a été obligé de démissionner devant le double-bind dans laquelle il a été placé.

A la suite de quoi on tente d'impliquer Lakhdar Brahimi pour le remplacer. Mais ce dernier hésite car il sait bien que les adversaires de Assad ne veulent pas entendre parler d'une solution politique négociée. Comment en effet envisager des négociation avec un chef d'Etat sommé de se démettre?

Il semblerait que Brahimi qui n'est pas tombé de la dernière pluie, songerait à récuser poliment ce piège, tendu aux opportunistes, aux parvenus et aux gouvernants invertébrés (et ils n'en manquent pas par chez nous).

Le Sommet des ministres des AE arabes prévu hier a été renvoyé sine die. Ceci indique à l'évidence qu'il n'existe pas d'accord général sur les objectifs et les moyens et que l'hypothèse Brahimi sera sans doute abandonné.

Par contre, les chefs de la diplomatie des six monarchies du Golfe (Arabie saoudite, Oman, Koweït, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn), tiennent en la soirée de dimanche à Jeddah une réunion sur la crise syrienne.

Sous un contrôle yankee strict, cela va sans dire...

Car ce que veulent avec constance les Occidentaux et leurs supplétifs locaux c'est au mieux le départ de Assad.

Le problème est que le peuple syrien, ayant parfaitement conscience de ces objectifs qui feraient le malheur de leur pays découpé en wilayas ethniquement purifiées, sous le contrôle de l'OTAN et d'Israël, ne veut pas entendre parler de soumission à un tel ultimatum. De leur côté, ni la Chine, ni la Russie n'y consentiraient pour leur part. Pour des raisons qu'il n'est pas utile de développer ici.

Il ne reste plus alors que la guerre avec la destruction des infrastructures urbaines du pays. Cela pose d'autant moins de problème que la plupart des mercenaires qui forment les hordes de barbares qui attaquent ce pays et leurs donneurs d'ordres ne sont pas syriens.

En foi de quoi, Hollande raconte des fadaises. La paix n'est pas inscrite dans la logique du camp qui est le sien et qui est résolu à mettre de l'ordre dans tous les pays qui lui résistent.

Devant la résistance populaire, les autorités égyptiennes ont mis à la retraite le maréchal Hussein Tantaoui, le tout-puissant ministre de la Défense, garant des intérêts de la classe dirigeante qui écrase ce pays d'une inégalité abominable et aussi garante des intérêts israélo-US. Il en est de même du le général Sami Ena, chef d'état-major des armées. Mais c'est aussitôt pour les affecter au Conseil du président frère musulman que l'Egypte s'est donnée.

Ils demeurent au pouvoir, avec l'avantage de la discrétion.

En France, où ceux qui ont encore quelques sympathie pour ce pays espèrent vainement une attitude plus conforme aux valeurs que les Français ânonnent régulièrement à la cantonade, le très fat et très superficiel de Villepin (cf. papier joins plus bas), naguère épris d'emportements rhétoriques et lyriques gaulliens (au Conseil de Sécurité le 14 mars 2003), se met à jouer aux incendiaires et demander à ce que son pays se prépare à la curie, pour arracher ce qui reste du « Croissant fertile ».

Ce dandy inconsistant plus commentateur qu'acteur politique se fait évidemment des illusions.

Lorsqu'on place « fièrement » ses forces armées sous le commandement intégré de l'OTAN, rêvant d'une utopique Union civilisationnelle Occidentale, face à la « racaille mondiale » qui le déborde démographiquement et économiquement, on se contente d'obéir et d'espérer que le maître sera généreux avec ses grognards méritants.

* Hollande a peut-être écouté Hubert Védrine qui n'a rien d'une colombe, déclarer cette semaine que l'affaire syrienne n'a rien de commun avec la campagne de Libye.