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Razzy Hammadi, député de la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, au « Le Quotidien d'Oran » : «Il est temps d'ouvrir une nouvelle page»

par R. N.



Razzy Hammadi, 33 ans, candidat du Parti socialiste (PS) français dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, a été élu député à l'Assemblée nationale française. De père algérien et de mère tunisienne, ce docteur en économie est devenu président du Mouvement de la jeunesse socialiste (MJS) en 2005, puis secrétaire national du PS. Razzy Hammadi a bien voulu répondre à nos questions sur les chantiers qui l'attendent dans sa circonsription, sa vision de la députation et des relations algéro-françaises.

Le Quotidien d'Oran: Vous avez été élu député socialiste de Montreuil-Bagnolet. Selon vous, quelles sont les priorités et les chantiers à ouvrir dans ces quartiers ?

Razzy Hammadi: J'ai été candidat pour porter le programme et les propositions de François Hollande. Le 6 mai, nous avons fait le changement, aujourd'hui nous l'avons réussi en donnant une majorité forte au président de la République. Pour Montreuil et Bagnolet, j'ai certaines priorités. L'emploi, tout d'abord. François Hollande a promis 150.000 emplois A venir. A Montreuil et Bagnolet, nous pouvons prétendre à 400 emplois. Je travaillerai en étroite collaboration avec les collectivités territoriales et les ministères concernés pour les obtenir. Je souhaite également apporter des solutions concrètes aux problèmes de logement.

Q.O.: Sur votre blog, on retrouve vos cinq engagements dans le cas où vous êtes élu. Pouvez-vous nous les expliquer ?

R.H.: Le non-cumul des mandats: Je m'engage à ne briguer aucun autre mandat remettant en cause le principe de non-cumul. Je souhaite être un député «à plein temps» au service de mes concitoyens. Les représenter, les défendre et porter leurs aspirations nécessite beaucoup d'efforts et de travail. Cette tâche ne peut être partagée avec aucune autre.

Mon second engagement, c'est la mise en place d'une Assemblée citoyenne de circonscription pour donner un nouveau souffle à la démocratie locale, elle en a besoin. Cette assemblée regroupera les associations et les citoyens de Montreuil et de Bagnolet afin qu'ils soient informés des enjeux, mais aussi pour qu'ils apportent leur expertise, leur point de vue et leurs contributions. En présence de spécialistes invités, ces assemblées seront l'occasion de faire participer le plus grand nombre au débat public.

Je ferais de la communication et de l'échange avec les citoyens une de mes priorités. Le bilan de mon activité parlementaire et de mes prises de position sera transmis à l'ensemble des habitants de Montreuil et de Bagnolet, grâce à «La lettre du député» qui sera régulière. Mon programme d'action ainsi que mon compte rendu de mandat seront présentés chaque année à l'ensemble des citoyens, en réunion publique, à l'ouverture et à la fermeture de la session parlementaire.

La transparence sera au coeur de mon mandat. Chaque année, je rendrai public le montant exact de ma réserve parlementaire (fonds dont disposent les parlementaires pour financer des projets), ainsi que l'utilisation que j'en ferai et les actions que je soutiendrai.

Mon dernier engagement est essentiel pour réaliser au mieux les précédents. C'est d'être présent à l'Assemblée nationale pour servir au mieux ma circonscription et mon pays. Mon assiduité au Parlement et ma connaissance des préoccupations des habitants de notre circonscription me permettront de remplir cette mission.

Q.O.: La communauté française issue de l'immigration est mise en avant dans les débats politiques, particulièrement à l'occasion d'échéances électorales. Comment expliquez-vous cela ?

R.H.: Ce ne sont pas les immigrés qui ont été stigmatisés mais les musulmans tout au long de la campagne des présidentielles. Cela s'est traduit par un vote «anti-islamophobie». Nicolas Sarkozy a subi un retour de boomerang logique. Moi, je souhaite rassembler et dépasser cette politique de stigmatisation qui fragilise notre République.

Q.O.: L'ère Sarkozy vient de s'achever, celle de Hollande commence. Comment voyez-vous l'avenir de la France avec ce changement ?

R.H.: L'élection de François Hollande confirme la profonde aspiration au changement des Français, et signe l'échec du mandat de Nicolas Sarkozy. C'est le rejet des divisions, des stigmatisations et des régressions sociales qui a été largement exprimé. C'est un nouvel horizon qui s'ouvre à nous pour redresser économiquement, socialement et moralement une France abîmée. Nous avons désormais le devoir de réussir. La mission qui lui a été confiée est claire et la responsabilité est majeure: assurer l'égalité entre tous pour garantir le vivre ensemble, renouer avec la justice, reconquérir le progrès social et environnemental. Cette victoire est aussi celle d'une gauche unie après le 1er tour de l'élection présidentielle. Ce rassemblement a été décisif pour accentuer l'élan initié par François Hollande depuis de nombreux mois.

Q.O.: Les relations algéro-françaises butent sur quelques problèmes, avec en tête cette question de repentance exigée en Algérie pour les crimes coloniaux commis par la France. Quelle est votre appréciation sur cette question ?

R.H.: Il est temps d'ouvrir une nouvelle page de notre histoire commune, dans le respect des uns et des autres. J'ai bon espoir que les relations s'améliorent car le président Hollande s'est exprimé en ce sens. Par ailleurs, je pense que ses qualités d'écoute, de compréhension des différentes sensibilités permettront de développer des relations plus sereines. Pour ma part, mon père était Algérien et j'ai toujours aimé l'Algérie. Je suis heureux de rencontrer de nombreux Algériens qui aiment la France. La réconciliation entre la France et l'Algérie passera par de nouvelles politiques d'intégration et d'échange sur le plan économique, sociale et culturel.